Novak Djokovic - Carlos Alcaraz, les indispensables : "Ils hissent le tennis à son sommet"

Ils sont restés soufflés. Cinq semaines après l'épique finale de Wimbledon qui a vu Carlos Alcaraz coiffer au poteau Novak Djokovic, les deux champions, issus de deux générations différentes mais habités par une détermination et un refus de la défaite communs, ont remis le couvert à Cincinnati dimanche dernier. Sans la même portée historique, bien sûr, mais qualitativement, la finale dans l'Ohio a peut-être encore surpassé celle de Londres. Comme tout le monde, les consultants d'Eurosport en ont pris plein les yeux et ils en redemandent.

John McEnroe n'y va pas par quatre chemins. Pour la légende américaine, ce match est tout simplement "le meilleur de l'histoire en trois sets gagnants." "Leurs deux derniers matches à Wimbledon et Cincinnati ont été incroyablement serrés et d'une qualité exceptionnelle. Ils hissent ensemble le tennis à son sommet", juge encore Big Mac.

Au-delà de la qualité intrinsèque du spectacle, Mats Wilander a lui été bluffé par le fait que ce bijou de match soit intervenu à Cincinnati. Les Masters 1000 de la tournée nord-américaine, coincés entre deux tournois du Grand Chelem, ne sont pas toujours propice à la plénitude de l'expression des meilleurs. "Je suis presque surpris, nous avoue-t-il. Nous avions vu un match fantastique en finale de Wimbledon, mais je craignais une sorte de relâchement avant l'US Open. Ils sont d'un professionnalisme incroyable."

Même si Cincinnati ne constitue pas l'objectif de l'année pour ces champions tournés avant tout sur la quête des Majeurs (Djokovic, surtout), ils ont su transcender l'événement. "C'est surtout épatant de la part de Novak, dit Wilander. Il vient de subir une défaite douloureuse, il attend l'US Open, et il se retrouve mené d'un set et un break en finale à Cincinnati. On aurait compris qu'il finisse par laisser filer. C'est dingue qu'il ait été capable de revenir, gagner les deux derniers sets au tie-break pour remporter cette finale."

Peut-être parce que Alcaraz et Djokovic créent leur propre événement. Au fond, qu'ils ferraillent en finale de Grand Chelem, de Masters 1000 ou ailleurs n'a aucune importance. C'est la confrontation qui les stimule, au-delà des enjeux du jour. "Ils ont joué comme si c'était une finale de Wimbledon et le fait que le match soit aussi, serré, aussi intense et d'une telle qualité leur fait dire : 'C'est trop fun pour laisser tomber'", estime encore l'ancien numéro un mondial suédois.

"J'ai rarement vu une finale aussi dure, aussi intense", ajoute Alex Corretja, qui a eu lui aussi du mal à croire ce qu'il a vu. Surtout compte tenu des conditions de jeu. "Il faut bien comprendre que mettre autant de vitesse dans les déplacements, de frapper la balle à chaque fois au bon endroit alors qu'il fait si chaud, que l'humidité est aussi élevée, c'est vraiment très fort, souligne l'Espagnol. Tous les deux ont souffert mais se sont sublimés. Oui, c'est une des finales les plus éprouvantes que j'ai pu voir."

Forcément, tout le monde en redemande, à l'image de Boris Becker. Mais si Carlos Alcaraz est là pour longtemps, combien de temps profiterons-nous encore de Novak Djokovic ? "J'aimerais qu'il joue éternellement, confie l'Allemand, qui fut l'entraîneur du champion serbe il y a quelques années. C'était un match fabuleux à Cincinnati, on ne peut pas demander mieux et on espère en revivre d'autres. Les deux joueurs ont laissé leur cœur sur le court." "Quand on le voit, on se dit qu'il a encore au moins 3-4 ans à ce niveau-là", plaide John McEnroe. Ce qui laisse augurer de futurs duels du même acabit que les deux derniers.

La prochaine échéance est proche, avec l'US Open en ligne de mire. Un nouveau choc générationnel en finale à Flushing Meadows dans deux semaines ? Pour McEnroe, même les fans de tennis aux Etats-Unis en rêvent : "Même si les Américains ont très envie de voir un joueur US aller au bout, ils se disent aussi : 'Je veux voir Novak affronter Alcaraz', notamment parce qu'il n'a pas pu jouer l'année dernière. Cette affiche en finale, ce serait dingue, et une belle histoire."