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US Open 2023 - Finale - L'antisèche : La victoire de l'audace et de l'intelligence pour Novak Djokovic

Laurent Vergne

Mis à jour 11/09/2023 à 09:40 GMT+2

Si la sécheresse du score (6-3, 7-6, 6-3) laisse une trompeuse impression de facilité, Novak Djokovic est passé proche d'une finale bien plus compliquée contre Daniil Medvedev. Méchamment bousculé dans le 2e acte, il a su s'appuyer sur son désir d'aller vers l'avant pour ne pas s'enfermer dans un combat de rue. Ce 24e sacre est aussi celui d'un certain courage et d'une capacité à se réinventer.

Djokovic toujours plus haut : la balle de son 24e titre en Grand Chelem

Le pourquoi du comment

Pour décrocher un 2e titre à l'US Open, Daniil Medvedev n'avait pas le choix : il devait livrer, au minimum, le même match que contre Carlos Alcaraz en demi-finale. Ce Medvedev-là pouvait battre Novak Djokovic. Cela n'aurait peut-être pas été suffisant, mais c'était une condition sine qua non. Malheureusement pour lui, et pour cette finale, il n'a enfilé sa panoplie de Super Daniil que pendant un set, le deuxième. Un demi-set surtout, de 3 jeux partout à 5 points à 4 en sa faveur dans le tie-break.
Là, le match a pris son envol, esquissant ce qu'aurait pu être cette finale 2023. Mais un set, ça ne suffit pas, surtout quand, en dépit d'une domination momentanée, il a fini par le perdre. Djokovic a gagné dimanche soir parce qu'il a démarré en fanfare (peut-être, et cela en dit long, un de ses meilleurs départs en finale de Grand Chelem, dans les intentions et l'agressivité). Ce n'est jamais une bonne idée de rentrer dans une finale majeure au bout d'un set, mais face à Djokovic, c'est presque un suicide tennistique, même si Carlos Alcaraz y avait survécu à Wimbledon. Mais c'est une exception, certainement pas une règle.
Djokovic a été parfait pendant deux sets, et le mélange de courage et d'audace dont il a fait preuve dans la tempête, quand Medvedev a fait le forcing, a fait le reste. Le grand âge lui va bien. C'est lui qui le pousse à forcer sa nature pour aller constamment vers l'avant et il en a été récompensé. A-t-il déjà produit un tel récital au filet dans une grande finale ? Pas sûr. Il a été exceptionnel dans ce secteur du jeu (voir ci-dessous). Car s'il avait dû s'inscrire pendant quatre ou cinq sets dans la filière longue, où Medvedev l'a souvent dominé, l'histoire aurait été différente. Cette faculté à se réinventer, à ne jamais tomber deux fois dans le même panneau, a quelque chose d'admirable.
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Trois sets mais un vrai combat : Les temps forts du 24e sacre de Djokovic

Le moment-clé

De manière globale, toute la seconde moitié du 2e set. A partir de 3-3, le match a changé d'âme. Il est devenu un combat et à compter de ce moment, jusqu'au tie-break, Daniil Medvedev a eu le répondant nécessaire. Il a même fait mal physiquement à Novak Djokovic et pris le dessus à l'échange dans la filière longue.
Mais il a eu un tort immense : ne pas concrétiser. Il est pourtant passé tout près et s'il fallait retenir un seul moment dans cette longue séquence, ce serait évidemment cette balle de set à 6-5, sur le service du Serbe. Medvedev peut regretter son mauvais choix sur ce passing de revers qu'il aurait dû jouer long de ligne, où un boulevard l'attendait. Il a pris l'option croisée. Mauvaise pioche et regrets éternels. Djokovic a sauvé cette balle de set, puis son service, puis remporté le tie-break. Merci, bonsoir.

La stat à retenir

Celle-ci est incontestablement LA statistique de la finale, tant elle traduit l'état d'esprit conquérant de Djokovic ce dimanche. Il est monté 44 fois au filet, ce qui est énorme en trois sets. Surtout, il a remporté 37 de ces 44 points, soit 84% de réussite. Tout ceci était très réfléchi, savamment construit. Il est monté à l'échange, derrière son service, y compris sa seconde balle. Et il y a fait des merveilles. C'est aussi une des leçons de son échec contre Medvedev en 2021, où il avait, au-delà de l'aspect émotionnel, été dominé tactiquement. Il le joue désormais de façon beaucoup plus agressive.
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Triple récital au filet : La main divine de Djokovic pour sauver son service dans le 2e set

La décla : Daniil Medvedev

S'adressant à Novak Djokovic lors de la cérémonie protocolaire : "J'ai vingt titres à mon palmarès et j'estime faire une bonne carrière. Toi, tu as 24 titres du Grand Chelem... Ouah".

La question : Djokovic va-t-il rester seul au monde ?

Au milieu des sacres, des stats et des records, il en est un qui est presque passé sous la ligne de flottaison. En s'imposant dimanche, Novak Djokovic a signé le quatrième Petit Chelem de sa carrière. A défaut de Grand Chelem calendaire, c'est un accomplissement exceptionnel. Là aussi, il dépasse désormais tout le monde, y compris Roger Federer, qui l'avait réussi trois fois en 2004, 2006 et 2007. Sa période dorée.
Ce qui est fou avec Djokovic, c'est qu'il a accompli son premier Petit Chelem en 2011, à 24 ans, avant de remettre ça en 2015, 2021 et donc à présent 2023. Non seulement il est toujours au top niveau à 36 ans, mais il est surtout largement au-dessus de la mêlée. Ses trois titres majeurs de l'année ne disent pas autre chose. Trois sets contre Tsitsipas à Melbourne, rebelote face à Ruud à Roland-Garros et dix de der ici à Flushing contre Medvedev, même si le Russe a donné l'illusion pendant un set de pouvoir vraiment menacer le roi.
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L'hommage poignant de Djokovic à Kobe Bryant pour son 24e Grand Chelem symbolique

La facilité avec laquelle il enfile les Grands Chelems comme les perles laisse penser qu'il est encore loin d'en avoir fini. Rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter. Personne ? Il y a sans doute une exception et tout le monde connaît son nom. Carlos Alcaraz est de cette trempe et il l'a d'ailleurs déjà stoppé en finale à Wimbledon. Peut-être là où on l'attendait le moins. Si l'Espagnol ne s'était pas encastré en demi-finale dans le mur Medvedev, la finale aurait sans doute eu une allure différente. Impossible de dire qui l'aurait emporté mais une chose est certaine, lui seul a aujourd'hui l'envergure et les armes pour menacer durablement Djokovic en Grand Chelem.
Pendant que tous les autres avancent trop lentement, stagnent ou, pire, reculent, Carlitos de Murcie avance, lui. Il n'est déjà plus le même que celui qui avait ouvert son palmarès majeur l'an passé à New York. Il n'est plus tout à fait non plus celui qui avait coincé à Roland-Garros face à Djoko. Il grandit à une vitesse phénoménale, au point qu'on en oublierait qu'il n'a que 20 ans. S'il conserve cette trajectoire, attention aux yeux, y compris pour Novak Djokovic. Mais la force du Serbe, c'est sa marge sur tout joueur ne se nommant pas Alcaraz quand le protégé de Juan Carlos Ferrero peut être fragilisé face à un plus grand nombre d'adversaires. Un Medvedev ici, par exemple... Beaucoup repose en tout cas sur la suite de la croissance de l'Espagnol. Car Djokovic, lui, restera Djokovic.
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