US Open 2023 - Finale messieurs - Djokovic, plus fort que les souvenirs ?

Une fois débarrassé de Ben Shelton vendredi, Novak Djokovic savait que, quoi qu'il arrive, il aurait un compte à solder. Avec Carlos Alcaraz ou Daniil Medvedev, peu importe. Les deux seuls hommes ayant réussi à le battre en finale de Grand Chelem ces trois dernières saisons. La vie est bien faite. C'est donc la plus ancienne de ces deux plaies qu'il peut aider à cicatriser, celle de l'US Open 2021, puisque le Russe a écarté l'Espagnol dans la seconde demi-finale.

La plus ancienne, et la plus douloureuse ? Certes, le fait de s'incliner en finale de Wimbledon, où il avait fini par paraître presque aussi invincible que sur la Rod Laver Arena, avait fait mal au Serbe, sans doute plus parce qu'il a eu les cartes en mains face à Carlos Alcaraz, que pour les conséquences de cet échec alors qu'il venait de s'approprier le record du nombre de titres en Grand Chelem. Novak Djokovic abhorre la notion de défaite. Plus encore dans un match de cette envergure. Mais il y a défaite en finale et défaite en finale.

Celle du 13 septembre 2021 est d'un autre registre. Un contexte unique, un match qui pesait d'un poids inédit dans le tennis masculin depuis plus d'un demi-siècle, avec le Grand Chelem calendaire sur la table. Même pour lui, pour son mental d'exception, ce fut trop. Daniil Medvedev l'avait terrassé en trois sets et, de cette finale, reste surtout cette image à peine croyable d'un Djokovic en larmes sur sa chaise au tout dernier changement de côté.

"J'avais été complètement submergé et dépassé", a admis Djokovic vendredi à l'évocation de cette finale. Sans chercher à minimiser les mérites de Medvedev, auteur ce soir-là d'un match gigantesque et dont l'autorité avait sans aucun doute contribué à maintenir la tête du Serbe sous la ligne de flottaison, il n'avait pas été le seul problème du "Djoker". Pas même le principal. Lui qui n'aime rien tant qu'écrire l'histoire et chasser les records, avait touché sa limite.

Voilà pourquoi il refuse aujourd'hui d'envisager les retrouvailles de dimanche sous cet angle. Finalement, la perte du titre à Wimbledon lui facilité l'approche de la finale de cet US Open. Pas de Grand Chelem pour gamberger. Pas même de record à établir pour laisser Rafael Nadal derrière lui. C'est déjà fait. Reste la marque du "24" pour égaler Margaret Court. Ce n'est pas rien, mais cela reste incomparable avec ce qu'il avait dû supporter en 2021.

"Je comprends que chaque finale de Grand Chelem est une nouvelle chance d'écrire l'histoire, j'en suis conscient, j'en suis fier, mais je ne m'autorise pas à penser à ça, explique-t-il. Vraiment, je n'y pense pas. Je ne veux pas que ça recommence comme en 2021. Si l'histoire est trop présente, si j'y pense trop, je risque de sous-performer. Je veux juste me préparer comme il faut tactiquement et rester concentré sur ce que j'ai à faire."

Plus qu'un compte à régler avec Daniil Medvedev, ou même avec cet US Open où il a cumulé ces dernières années les frustrations de tous genres (abandon en 2019, exclusion en 2020, cette fameuse finale de 2021 et son absence forcée l'an dernier), c'est avec lui-même que Novak Djokovic doit se réconcilier dimanche. Rien ne lui rendra ce Grand Chelem de 2021, pas même un 24e Majeur dimanche et il le sait. Mais il tournerait une page. Le faire ici, contre ce même Medvedev, l'occasion est trop belle.

Parce que l'enjeu est différent, et parce qu'il commet rarement deux fois les mêmes erreurs, on voit mal Novak Djokovic revivre la même soirée. Cette fois, il n'a aucune raison de passer à côté. Peut-être perdra-t-il cette finale. Mais si tel est le cas, ce sera parce que Medvedev aura enfilé les mêmes habits de lumière que vendredi face à Carlos Alcaraz. Le Moscovite avait été un des moteurs du naufrage djokovien de 2021. Il devra en être le seul, cette fois.