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US Open 2023 – finale simple messieurs – 24 titres du Grand Chelem et il a toujours faim : jusqu'où ira Novak Djokovic ?

Rémi Bourrières

Mis à jour 11/09/2023 à 15:17 GMT+2

Devenu dimanche, hommes et femmes confondus, le joueur le plus titré de l'histoire avec ce 24e Grand Chelem décroché à l'US Open, Novak Djokovic possède désormais, à 36 ans, tous les records les plus prestigieux. Mais il n'est nullement rassasié et se voit jouer encore longtemps, pour marquer encore plus sa légende. Jusqu'où, jusqu'à quand ? Avec lui, il semble n'y avoir plus aucune limite...

L'hommage poignant de Djokovic à Kobe Bryant pour son 24e Grand Chelem symbolique

Pour quelque temps encore, le nom de Margaret Court continuera à traîner dans les parages, accolé aux exploits de Novak Djokovic. En triomphant dimanche à l'US Open aux dépens de Daniil Medvedev, le Serbe a "seulement" égalé le record ancestral de la joueuse australienne et ses 24 titres du Grand Chelem. Encore un titre majeur et "Djoko" sera, cette fois, définitivement seul sur sa planète, en tout cas seul détenteur du record le plus prestigieux qui soit dans les annales du tennis.
Alors qu'on lui demandait s'il existait une chance que son poulain soit rassasié pour de bon le jour où il décrochera cette 25e Glorieuse - sans y mettre aucune forme de conditionnel -, Goran Ivanisevic, l'entraîneur de Djokovic, a été pris d'un éclat de rire : "Je ne pense pas, non. Lui, il a l'intention de jouer jusqu'aux Jeux Olympiques de Los Angeles. C'est en 2028, c'est bien ça ?" C'est bien cela, oui. Dans cinq ans, donc. Novak aura 41 ans. Et le pire, c'est que la perspective n'étonnerait plus personne.
Jusqu'où ira Novak Djokovic ? Jusqu'à quand jouera-t-il ? Combien lui faudra-t-il de fastes et de records gargantuesques pour que l'ogre soit enfin repu ? "Ces questions-là, je me les pose aussi, bien sûr, a répondu le joueur dimanche après son succès new yorkais. Oui, parfois, je me demande pourquoi ai-je encore besoin de tout cela après tout ce que j'ai fait. Combien de temps est-ce que je veux continuer. Mais tant que je suis encore compétitif au plus haut niveau, je n'ai aucune envie d'arrêter. Les joueurs vont et viennent et un jour, ce sera mon tour de m'en aller. Disons dans 23, 24 ans (rires) ! Jusque-là, vous allez me voir encore un peu."
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La scène plaisir du tournoi : Djokovic et Medvedev entre chambrage et louanges

C'est dit en plaisantant, mais c'est dit quand même. Et très sincèrement, plus les années passent, plus les records tombent et moins on voit le mot "fin" se profiler à l'horizon de Djokovic. Le Serbe est devenu cette année le vainqueur le plus âgé de l'histoire de Roland-Garros (à 36 ans), puis de l'US Open (36 ans et 3 mois). Dans quelque temps, il pourrait aussi devenir le plus "vieux" n°1 mondial de l'histoire (record détenu par Roger Federer, à 36 ans et 10 mois), puisqu'il a repris cette position ce lundi, avec un bon matelas d'avance sur Carlos Alcaraz.
Mais ce qui frappe le plus dans ces différents records de longévité, c'est qu'on a tout sauf l'impression de parler de l'ultime croisade d'un joueur en bout de course. Voilà un moment que le tennis a constaté un net allongement de l'âge de péremption (supposé) de ses champions, autrefois peu ou prou fixé peu après 30 ans. Novak Djokovic, lui, pousse le bouchon toujours plus loin et pourrait être en train, par là-même, de modifier un paradigme en la matière. En ce sens, son empreinte pourrait ne pas être seulement sportive. Mais aussi sociétale.
Cela dit, Djokovic n'a pas encore battu tous les records des grands anciens. Il reste notamment celui de Ken Rosewall, vainqueur de l'Open d'Australie à 37 ans et 2 mois en 1972, à une époque où l'épreuve était certes beaucoup moins cotée. Ou celui de Roger Federer, vainqueur de ce même Open d'Australie en 2018 à 36 ans et 5 mois, puis (re)devenu n°1 mondial quelques semaines plus tard. Ces records-là, peut-être le Serbe a-t-il en tête de les battre un jour, eux aussi.
Nul ne sait s'il y parviendra, car la vérité d'un jour n'est jamais celle du lendemain. Mais en attendant, l'impression générale de fraîcheur physique et mentale qu'il dégage, à cet âge soit-disant canonique, continue de faire évoluer les standards établis. Et commence à soulever une question : après tout, pourquoi le corps humain ne serait-il pas capable de continuer à performer au plus haut niveau jusqu'à l'approche de la quarantaine, même pour un sport aussi exigeant, concurrentiel et universel que le tennis ? Avant, c'était impensable. Aujourd'hui, il y a Novak Djokovic…
Vous devez sans cesse vous réinventer. Et à mon âge, face à des joueurs de 20 ans, je dois le faire plus que jamais.
Evidemment, tout ceci n'est pas la conséquence d'un don génétique tombé du ciel, mais le fruit d'un dévouement de tous les jours. Et d'une remise en question permanente. "Il y a toujours des changements dans mon approche de l'entraînement, toujours quelque chose que j'essaie d'ajouter à mon jeu pour améliorer mes performances, ne serait-ce que de quelques pourcents, disait-il dimanche. Mentalement aussi, je dois trouver le bon équilibre pour rester compétitif tout en gardant la passion. C'est un processus constant et un équilibre fin, car une formule qui fonctionne une année ne garantit pas de fonctionner l'année suivante. Mais vous devez sans cesse vous réinventer. Et à mon âge, face à des joueurs de 20 ans, je dois le faire plus que jamais."
Nova Djokovic dit s'inspirer lui-même d'autres grands sportifs réputés pour leur longévité, tels LeBron James ou Tom Brady, qu'il cite en exemple pour leur capacité à "s'épanouir dans ce genre d'approche consistant à essayer de se perfectionner chaque jour." Son propre exemple est édifiant. Surtout quand on le met en parallèle avec le vent de jeunisme qui souffle par ailleurs sur le tennis mondial, avec entre autres l'avènement de Carlos Alcaraz, devenu l'an dernier, à 19 ans, le plus jeune n°1 de l'histoire, et le sacre récent de Coco Gauff, devenue samedi, à 19 ans également, la troisième teenager en quatre ans à triompher à l'US Open, après Bianca Andreescu en 2019 et Emma Raducanu en 2021.
Toujours plus jeune, toujours plus vieux… Finalement, Novak Djokovic préfère s'en tenir à un poncif : "l'âge n'est qu'un chiffre, cette phrase résonne en moi plus que jamais. Simplement, le fait est qu'à 36 ans, chaque finale de Grand Chelem est potentiellement la dernière. Donc je la savoure encore plus qu'il y a dix ans, quand j'avais l'impression d'avoir encore beaucoup d'années devant moi."
Sauf que le légendaire joueur serbe renvoie plutôt l'impression d'avoir encore beaucoup de finales du Grand Chelem à jouer. Et même beaucoup d'années devant lui sur le circuit. Jusqu'où, jusqu'à quand ? Peut-être que pour lui, le "couperet" de l'âge tombera d'un coup, sans prévenir. Peut-être... Reste que pour l'heure, plus les saisons passent, plus il semble repousser les limites de l'impossible. Ce n'est pas forcément le plus médiatique de ses exploits. Mais ce n'est pas le moindre non plus.
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