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US Open 2023 | L'antisèche : Aryna Sabalenka avait les clés mais ses démons l'ont rattrapée

Maxime Battistella

Mis à jour 10/09/2023 à 10:59 GMT+2

En renversant Aryna Sabalenka (2-6, 6-3, 6-2) samedi en finale de l'US Open, Coco Gauff a gagné son premier titre du Grand Chelem, remettant le tennis américain sur le devant de la scène. Mais si la jeune championne a subjugué par son caractère, elle a été aussi et surtout relancée par une adversaire qui a lâché la rampe alors qu'elle menait les débats. Les émotions ont eu raison de Sabalenka.

Aryna Sabalenka à l'US Open en 2023

Crédit: Getty Images

Le pourquoi du comment

Ceux qui étaient dans les tribunes du court Arthur-Ashe se souviendront de ce samedi 9 septembre 2023. Pas tant en raison de la qualité du tennis proposé lors de cette finale dames globalement moyenne et même très en-dessous de ses devancières de l'Open d'Australie et de Roland-Garros en 2023. Mais surtout parce qu'ils ont assisté à l'avènement d'une championne que tout un pays attendait en la personne de Coco Gauff.
Dans une ambiance électrique encore amplifiée par le toit fermé, les spectateurs new-yorkais ont vu leur héroïne aller chercher son destin. Sa constance dans la détermination et la volonté de trouver des solutions, alors même que ses sensations n'étaient pas les meilleures, lui a offert une consécration méritée. Mais cette indéniable force de caractère ne doit pas faire oublier qu'Aryna Sabalenka l'a bien aidée dans son entreprise.
A vrai dire, après les trois premiers quarts d'heure de cette finale, l'issue ne semblait pas faire de doute… en faveur de la Biélorusse. Sans jouer son meilleur tennis, la future numéro 1 mondiale imposait sa puissance à Gauff, la pilonnant dans la diagonale coup droit. L'Américaine subissait totalement et n'avait pas de solutions, décentrant fréquemment de ce côté. Son grand mérite aura donc été avant tout de ne rien lâcher, de défendre comme une lionne et d'espérer que l'orage passe.
Et effectivement, il est passé. Assez inexplicablement, Aryna Sabalenka a totalement perdu le fil et le rythme à son tour en coup droit. La Biélorusse s'est-elle vue trop vite avec le titre en poche dans un excès de confiance ? Ou au contraire la peur de gagner l'a-t-elle rattrapée comme ce fut fréquemment le cas dans sa carrière avant 2023 ? Peut-être aussi s'est-elle laissée emporter par la furia du public new-yorkais… Toujours est-il que son discours entre rires nerveux et pleurs en disait long sur son état émotionnel. Elle qui avait su vaincre ses démons pendant la majeure partie de la saison les a vu ressurgir au plus mauvais moment.
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Un rollercoaster d'émotions et Gauff finit reine à la maison : les meilleurs moments en vidéo

Le moment-clé

Le tournant de cette finale est assez aisé à identifier. Alors qu'elle venait de remporter le premier set et était en apparent contrôle total de la situation, Aryna Sabalenka a obtenu deux balles de break d'entrée de deuxième acte pour enfoncer le clou. Et c'est à ce moment précis que la lumière s'est éteinte à tous les étages avec quatre fautes directes consécutives pour concéder ce premier jeu à la relance (2-6, 1-0). Le cercle vicieux s'est alors enclenché pour ne plus s'arrêter.

Le point de la finale

D'un passing de revers avant de s'effondrer sur le court, Coco Gauff a certes conclu les débats en apothéose. Mais le point le plus spectaculaire de la partie est intervenu au cours du deuxième set lorsque les deux joueuses ont trouvé des lobs aussi sublimes qu'improbables dans un échange fou.
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Un nouveau rallye de gala et Sabalenka reste à flot dans ce deuxième set

La stat : 46

Difficile de passer à côté. Pour prendre conscience de l'ampleur du naufrage progressif d'Aryna Sabalenka, le simple relevé du nombre de ses fautes directes suffit. La Biélorusse en a commis 46 et ne pouvait espérer un résultat positif dans ces conditions, d'autant qu'elle ne les a pas du tout compensées par ses coups gagnants (25). A un certain moment, Gauff n'a plus eu qu'à se pencher pour ramasser et engranger, même si l'Américaine a aussi bien haussé son niveau dans le 3e acte.

La décla

Coco Gauff lors de la cérémonie de remise des trophées : "Ça signifie tellement pour moi. Je suis un peu en état de choc. Je ne prie pas pour obtenir des résultats, mais je donne toujours tout. C'est la première fois que je vois mon père pleurer. Merci à mes parents, à Pere (Riba), à Brad (Gilbert) et à tout le monde qui est dans mon box. Merci aussi à tous ceux qui n'ont pas cru en moi : il y a un mois, quand j'ai gagné mon premier 500, ils ont dit que j'allais m'arrêter là, quand j'ai gagné mon premier 1000, ils l'ont aussi dit, et me voilà avec l'US Open désormais. En voulant éteindre mon feu intérieur, ils l'ont attisé."
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Jusqu'où peut aller Gauff ? "Physiquement, mentalement, elle a déjà tout"

La question : Nouvelle numéro 1, Sabalenka a-t-elle pour autant la stature d'une patronne ?

En perdant le fil de cette finale, Aryna Sabalenka a manqué une occasion unique d'accéder avec la manière à la place de numéro 1 mondiale lundi. Glaner deux titres du Grand Chelem la même année aurait donné à sa prise de pouvoir un rayonnement supplémentaire incontestablement. Attention, il ne s'agit pas pour autant de remettre en cause la légitimité de son nouveau classement. Par sa régularité dans l'excellence, la Biélorusse est incontestablement la meilleure joueuse de la saison.
En 2023, Sabalenka a ainsi été la seule à atteindre au moins le dernier carré dans tous les tournois du Grand Chelem, une performance qui n'avait plus été réalisée depuis 2016. Convaincante sur toutes les surfaces, elle a mérité de déposséder Iga Swiatek de son statut. Mais il semble bien trop tôt pour affirmer qu'il y a elle et les autres, comme c'était le cas pour sa rivale polonaise en 2022. Si elle a fait des progrès remarquables dans sa manière de construire les points et dans sa gestion des émotions, la Biélorusse a vu ses failles ressurgir dans certains moments fondamentaux, à l'instar de cette finale de l'US Open ou des demies de Roland-Garros et Wimbledon qu'elle semblait contrôler.
Sabalenka laisse encore trop de matches lui échapper. Elle fait peur à la concurrence, incontestablement, mais n'a pas encore l'aura d'une véritable patronne. Et finalement, ce n'est peut-être pas si grave. Car ce qui est bien agréable dans le tennis féminin de ces derniers mois, c'est la densité au plus haut niveau et l'émergence de rivalités passionnantes : avec elle, Iga Swiatek, Elena Rybakina, Coco Gauff, Jessica Pegula, Ons Jabeur ou encore Karolina Muchova, il y a de quoi se régaler. Vivement la saison 2024 en Grand Chelem !
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