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US Open 2023 | Le revers à une main a-t-il encore un avenir ?

Maxime Battistella

Mis à jour 02/09/2023 à 13:49 GMT+2

Prisé des puristes et des esthètes, le revers à une main se raréfie de plus en plus dans l'arsenal tennistique moderne. Cet US Open 2023 ne fait pas exception avec en plus l'élimination précoce des deux joueurs les mieux classés qui l'utilisent : Stefanos Tsitsipas et Lorenzo Musetti. Alors, ce coup presque d'un autre temps est-il condamné à disparaître définitivement ?

Stefanos Tsitsipas à l'US Open en 2023

Crédit: Getty Images

Qu'ont en commun Stan Wawrinka, Grigor Dimitrov et Daniel Evans dans cet US Open 2023 ? La trentaine passée, certes, mais ils ne sont pas les seuls dans ce cas à ce stade du tournoi. En revanche, au 3e tour à Flushing Meadows, ils représentent une espèce en voie de disparition, celle des revers à une main. Ils ne sont donc plus que trois en lice sur 32 joueurs encore en compétition. Et il est bien possible qu'aucun ne figure en seconde semaine.
Pour s'en persuader, il suffit de se pencher sur l'identité de leurs futurs adversaires : Alexander Zverev pour Dimitrov, Jannik Sinner pour Wawrinka et nul autre que Carlos Alcaraz pour Evans. Dans ces conditions, les perspectives de succès sont effectivement limitées mais loin d'être surprenantes. Sur la ligne de départ à New York, ils étaient seulement 11 sur 128. Aux trois précédemment cités, il fallait ainsi ajouter Stefanos Tsitsipas, Lorenzo Musetti, Christopher Eubanks, Daniel Altmaier, Dusan Lajovic, Richard Gasquet, Dominic Thiem et Marco Cecchinato, soit 8,59 % des engagés. Presque une goutte dans un verre d'eau.

Beauté et efficacité ne font pas tout le temps bon ménage

Les adeptes de l'élégance et d'un certain classicisme en sont pour leurs frais. Alors quand l'un se présente, il s'agit de le déguster comme notre consultante et ex-championne au superbe revers à une main, Justine Henin. "Magnifique revers long de ligne. Bel appui ouvert, bel équilibre au niveau du haut du corps. C'est beau techniquement, saluait-elle jeudi chez Dimitrov au commentaire de son match contre Murray. On aime encore voir ce genre de coup sur le circuit. C'est différent. Je suis très admirative de certains revers à deux mains aussi, des prouesses exceptionnelles. Mais c'est tellement rare finalement les revers à une main. Quand je vois celui de Wawrinka, je me régale."
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Murray - Dimitrov : Les temps forts du match

Les raisons de cette raréfaction sont bien connues et pourraient être résumées ainsi. D'abord, la professionnalisation du jeu a atteint une telle dimension ces vingt dernières années que peu de joueurs ont un coup très faible. Or, l'aide d'une seconde main contribue à stabiliser le revers, à lui donner plus de constance. Ensuite, le mouvement d'uniformisation et de ralentissement des surfaces a favorisé la multiplication des longs échanges et l'importance du passing. Cette seconde main en soutien permet de redresser la course de la balle plus aisément avec des appuis extrêmes. Novak Djokovic en est un fantastique exemple de maîtrise.
Parmi les joueurs précédemment cités, il n'y en a d'ailleurs que deux – et d'ores déjà éliminés de cet US Open – qui possèdent un revers à une main et ont 25 ans ou moins : Tsitsipas et Musetti. Quand les enfants commencent le tennis très jeunes, ils utilisent généralement leur seconde main pour une bonne et simple raison : être capable de bien tenir leur raquette souvent trop lourde et volumineuse, malgré les modèles adaptés. Il est d'autant plus évident pour eux de conserver leur habitude et le revers à deux mains, d'autant que leurs entraîneurs, conscients de l'évolution du sport, n'ont aucun intérêt à les en dissuader.

Tsitsipas : "Je suis ici en quelque sorte pour ne pas le laisser mourir"

Dans ce contexte, pourquoi persister avec une seule main ? Stefanos Tsitsipas a expliqué sa démarche en début de tournoi. "Le jeu penche vraiment plus du côté des revers à deux mains de nos jours. Un coup plus sûr, diraient certains. Plus facile à contrôler, diraient d'autres. Mais je crois toujours que le revers à une main a sa place, j'ai foi en lui, a-t-il asséné, comme engagé dans une mission. Je suis ici en quelque sorte pour ne pas le laisser mourir. Je ne dirais pas que je suis son successeur, mais je joue avec un revers à une main à cause de Roger (Federer, NDLR). D'une certaine façon oui, je veux être son successeur, aussi immense que ça puisse paraître. Je ne suis même pas près de l'être encore, mais il m'a vraiment donné une raison de persister avec ce coup."
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Comment Stricker a surpris Tsitsipas : le résumé en vidéo

Et le Grec d'ajouter : "Pete Sampras était aussi mon héros. Donc ces deux joueurs rendent ce coup encore plus spécial pour moi. Je l'ai au plus profond de mon cœur parce que je veux vraiment être comme eux. Je ne veux pas les copier, mais juste reconnaître leur grandeur à travers ce coup." Pour l'anecdote, comme "Pistol Pete" d'ailleurs, Tsitsipas a opté pour un revers à une main durant sa formation alors qu'il le jouait aussi à deux mains.

Pertinence tactique et identification

On l'aura compris, l'identification a un rôle à jouer dans l'éventuelle persistance de ce coup du tennis et pour inspirer les générations futures. Tout comme sa plus grande versatilité. Dimitrov, Evans, comme Wawrinka se distinguent par leur maîtrise du slice, même si le Vaudois a surtout construit ses triomphes en Grand Chelem sur la puissance dévastatrice de son revers à plat. Cette capacité à varier et à changer davantage de rythme à l'échange leur donne parfois un avantage tactique, comme le Bulgare l'a montré contre Murray.
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Murray et Wawrinka restent éternels : le Top 5 points de jeudi

Il est aussi intéressant de noter que s'il y avait seulement 11 revers à une main sur 128 participants dans cet US Open, ils sont encore 5 actuellement dans le Top 30 (Tsitsipas, Musetti, Dimitrov, Evans et Eubanks). Un constat qui tend à montrer qu'il ne s'agit pas forcément d'une faiblesse, quand il est parfaitement maîtrisé du moins, dans l'arsenal moderne.
Il n'en demeure pas moins que la tendance générale est à l'extinction. Et si Carlos Alcaraz, Holger Rune et Jannik Sinner incarnent un potentiel "Big 3" du futur, ces nouveaux modèles auront effectivement fait disparaître de la carte le revers à une main. Resteront alors les compilations sur Internet pour les nostalgiques et fervents défenseurs de la diversité tennistique.
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