US Open 2023 – Pour Medvedev, Tsitsipas, Sinner, Zverev, Ruud, Rune… à quoi bon y aller ?

A "Big Apple," la lumière sera, à juste titre, phagocytée par les deux ogres Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, à qui on promet un cinquième affrontement, en finale de l’US Open, qui débute lundi. Derrière les grands favoris, une flopée d’outsiders semble promise à un rôle ingrat de faire-valoir. De Daniil Medvedev à Stefanos Tsitsipas, en passant par Holger Rune, Casper Ruud, Alexander Zverev ou Jannik Sinner, les seconds-couteaux débarquent le corps heurté, le moral dans les chaussettes.

Alors, à quoi bon y aller ? La tournure provocatrice de la question dissimule une vérité tout aussi amère. Cette année, les Medvedev & compagnie ont surtout fait acte de présence face aux deux potentats du circuit en Grand Chelem. Au milieu de ce phalanstère d’empêcheurs - timides - de tourner en rond, le nom de Medvedev sort naturellement du lot.

Consultant pour Eurosport, Mats Wilander pense le Russe capable de grandes choses, mais il n’est pas le seul joueur à avoir les faveurs du Suédois. "Il n’y pas vraiment de troisième homme capable de gagner le tournoi, tempéra d’abord le vainqueur de l’édition 1988. Le premier choix reste Daniil Medvedev, car il a déjà gagné ici, et qu’il a battu Novak (Djokovic) en finale. Je pense quand même que certains gars pourraient accrocher Novak sur deux heures et demie, voire trois. N’oublions pas à quel point Hurkacz était proche à Wimbledon."

Le Polonais avait réussi à prendre un set au Serbe, mais aussi à le pousser au tie-break à deux reprises. Jouer une première balle parfaite offre une des clés pour embêter les deux premiers du classement ATP. Si le sommet de jeu que fut la finale de Cincinnati a pu décourager le reste du plateau, le niveau tennistique des prétendants au statut de troisième homme ont aussi des arguments à faire valoir.

Vainqueur à Toronto de son premier Masters 1000, Jannik Sinner a les armes pour l'emporter d’après Wilander : "Cela pourrait être le déclic pour Sinner. Il a le niveau de jeu pour. Mais il devra battre les deux (Alcaraz et Djokovic). Il l’a prouvé par le passé qu’il pouvait le faire." L’an passé, à Flushing-Meadows, l’Italien a fait vaciller le roc Alcaraz. Mais la ténacité de "Carlitos" a fini par submerger le Transalpin, battu en cinq sets (6-3, 6-7, 6-7, 7-5, 6-3). Plus que physique, Sinner a péché sur le plan mental. Capable de sortir des gifles en coup droit de sa raquette, Sinner, lorsque le bateau commence à tanguer, tombe trop souvent dans un registre excessivement scolaire en Majeur. L’Italien est encore jeune (22 ans), et l’ivresse du succès canadien, conquis avec une variation bienvenue dans son trousseau, pourrait le transcender, enfin.

Pour eux, le temps est déjà compté. Alexander Zverev (26 ans) et Stefanos Tsitsipas (25 ans) ont longtemps été affublés de l'étiquette flatteuse de futur maître des courts. Mais le compteur en Grand Chelem reste bloqué à zéro pour les deux droitiers. Avant ses deux graves blessures (en 2022), l’Allemand sortait de deux années fastes, avec des titres (Masters, or olympique) et des demies en pagaille sur les Majeurs. Depuis son arrêt forcé, Zverev se reconstruit lentement mais sûrement.

Le retour en grâce n’est pas prévu pour 2023, année que traverse Tsitsipas sur une pente sinusoïdale. Le Grec cherche un second souffle après un début de saison réussi, ponctuée par une finale à Melbourne perdue sèchement face à Djokovic. Autre décor, autre finale, et nouvelle défaite à Barcelone pour le Grec, écarté sans forcer par Alcaraz. Ce même Alcaraz qui a éparpillé Tsitsipas en quarts de finale à Roland-Garros (6-2, 6-1, 7-6). Bridé mentalement, le Grec perd ses moyens lorsque l’adversité monte d’un cran.

C’est en partie pour cela que Tsitsipas a décidé de congédier son père et de reprendre Mark Philippoussis comme coach. Le Grec marche à tâtons, les phares noyés dans le brouillard. Même constat chez les Scandinaves Holger Rune et Casper Ruud. Le premier n’a plus passé un tour depuis son quart perdu largement à Wimbledon contre Alcaraz. Le second n’est plus que l’ombre de lui-même depuis la finale de Roland-Garros. Avec une concurrence aussi exsangue, le duo Djoko – Carlitos a de quoi voir venir.