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US Open 2023 - Simple messieurs - Pour défier Djokovic, Djere ne sera pas seul

Laurent Vergne

Mis à jour 01/09/2023 à 21:27 GMT+2

Novak Djokovic poursuit son tournoi vendredi face à un joueur qu'il connaît parfaitement, son compatriote Laslo Djere. Ce dernier a retrouvé un excellent niveau cette saison, peut-être la meilleure de sa carrière en termes de constance. Le Serbe traîne derrière lui un passé douloureux avec la perte de ses parents, qui continuent de l'accompagner, autrement.

Sept ans après sa mère, Djere a perdu son père il y a deux mois : il leur a rendu hommage à Rio

Rio, février 2019. Laslo Djere décroche le premier titre de sa carrière en battant en finale le tout jeune Félix Auger-Aliassime, 6-3, 7-5. Une consécration pour le Serbe, surtout dans un tournoi estampillé ATP 500. La performance se double d'un contexte émotionnel chargé pour lui. Lors de la cérémonie protocolaire, sans jamais perdre le contrôle, il se livre.
"Je veux dédier ce trophée à mes parents, explique-t-il. J'ai perdu ma maman il y a sept ans. Je lui dédie ce titre. Et à mon père aussi. Je l'ai perdu il y a deux mois. Ils ont été mes plus grands soutiens. Ils ont fait ce que je suis aujourd'hui. Je veux les remercier, et j'espère qu'ils me regardent aujourd’hui." En tribunes, son coach, Boris Conkic, est en larmes. Il n'est pas le seul. Le public carioca, touché, réserve au vainqueur une standing ovation appuyée.
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Plus solide, Djere a fait la loi à Rio

Mon père, l'homme qui a été présent à chaque étape de ma carrière, est-il content ?
A 23 ans, Laslo Djere est un jeune orphelin de père et de mère, tous deux emportés par un cancer. Cette finale de Rio, il l'a vécue avec eux, dans un drôle d'état. "Je n'étais pas nerveux à cause de l'enjeu, a-t-il confié sur le site de l'ATP peu après sa victoire, car je pensais que je pouvais gagner mon premier titre. Mais lorsque j'ai pénétré sur le central, avec le soleil qui brillait et les fans qui m'acclamaient, mon esprit était partout. Que pensent mes parents ? Qu'allaient-ils me dire ? Mon père, l'homme qui a été présent à chaque étape de ma carrière, est-il content ? J'avais beau essayer de me recentrer sur le présent, je n'arrivais pas à me concentrer complètement sur le match."
Paradoxalement, ce double drame l'a sans doute aidé à gérer cette finale. Pour lui, la dimension purement sportive n'était pas l'essentiel. "Malgré toute ma nervosité, j'avais une certaine tranquillité d'esprit à l'approche de la finale. Je savais que, même si mes parents n'étaient pas dans le stade ce soir-là, ils regardaient", a-t-il expliqué.
Cette première consécration n'a pas tout à fait eu l'effet escompté pour Djere. Même s'il a atteint deux mois plus tard le pic de sa carrière en termes de classement (29e) et s'il a décroché à l'automne 2020 son deuxième titre, en Sardaigne, après la longue pause imposée par la pandémie du Covid-19, le Serbe n'a pas réussi à passer la vitesse supérieure. Très peu de résultats dans les tournois les plus importants (il n'a jamais atteint la deuxième semaine en Grand Chelem et ne compte qu'un seul huitième de finale en Masters 1000).
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Un jour sans pour Gaston : Le Français n’a pas existé face à Djere

Je l'aime beaucoup, en tant que joueur et en tant que personne
Mais cette saison 2023 est la meilleure de sa carrière. Cet été, on l'a vu en finale à Hambourg sur terre, où il a cédé face à Alexander Zverev puis en demi-finale à Kitzbühel ou en quarts de finale à Winston Salem. Encore 78e mondial en avril dernier, il a grimpé en flèche depuis, au point de décrocher in extremis un statut de tête de série pour cet US Open. Il l'a justifié en atteignant les 16es de finale pour un duel tout sauf anodin contre son illustre compatriote Novak Djokovic.
Les deux hommes se connaissent bien et s'apprécient, partageant un peu plus que le même drapeau. "On se connait très bien. Je l'aime beaucoup, en tant que joueur et en tant que personne, a déclaré celui qui redeviendra numéro un mondial après cet US Open. C'est un mec bien. Très humble. Il ne fait pas de bruit. C'est un des plus gros travailleurs sur le circuit, dédié à sa carrière. Je lui souhaite le meilleur, à part pour le prochain match (sourire)."
Novak Djokovic n'ignore pas la douloureuse trajectoire personnelle de Laslo Djere. "Il a eu énormément de problèmes personnels, des drames familiaux et il a dû endurer tout ça. Ça en dit long sur sa résilience mentale", salue "Nole". S'il sera évidemment archi, archi favori vendredi soir, Djokovic n'oublie pas que lors de leur unique confrontation, il s'en était sorti sur le fil à Belgrade au printemps 2022, s'imposant 7-6 au 3e set. Evidemment, c'était un autre contexte, une autre surface, mais c'est suffisant pour le maintenir en alerte : "La terre est sa meilleure surface, aucun doute, mais il joue de mieux en mieux sur dur aussi."

Dans les bras de Kyrgios

Pour ce qui s'apparente au plus grand défi de sa carrière, Djere pourra aller puiser dans ce qu'il nomme sa "force intérieure", celle qui l'habite depuis la disparition de ses parents. Hajnalka avait seulement 44 ans quand elle est partie en 2011. Laslo avait 16 ans et il commençait à vraiment percer chez les jeunes. Dans sa trajectoire tennistique, Caba, le père, a tenu une place encore plus prépondérante. C'est lui, l'ancien footballeur, qui l'a initié à la petite balle jaune dès l'âge de 5 ans.
Les week-ends à traverser la Serbie en voiture, de tournoi en tournoi. Puis au-delà de leurs frontières, quand les choses sont devenues plus sérieuses. "Même s'il n'a jamais été officiellement mon coach, mon père m'a toujours servi de guide et m'a aidé comme un entraîneur", détaillait Djere en 2019. A la fin de l'année 2017, ce fut son tour d'être frappé par le crabe, qui aura le dernier mot un an plus tard. "J'ai appris que les choses peuvent changer à tout moment et aller très vite", dit Laslo, plus proche que jamais de sa jeune sœur, Judit. Vis-à-vis d'elle, et de la mémoire de ses parents, il se sent investi d'une lourde responsabilité.
Son discours de vainqueur à Rio de Janeiro lui avait valu le respect et l'affection du circuit. Quelques semaines plus tard, à Indian Wells, Nick Kyrgios, avec lequel il n'avait encore jamais échangé, l'a pris dans ses bras. Il a reçu une tonne de messages. A 28 ans, Laslo Djere joue pour lui. Mais il est plus que jamais porté et inspiré par le souvenir de Hajnalka et Caba. Ils seront là, d'une manière ou d'une autre, vendredi soir, contre Novak Djokovic. Il faudra bien s'y mettre à trois pour avoir l'ombre d'une chance.
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