US Open 2023 | Daniil Medvedev, celui qu'il ne fallait pas oublier

On ne parlait presque que de ça. Comme si c'était inéluctable. Après leurs deux finales d'anthologie cette saison, Novak Djokovic et Carlos Alcaraz étaient pressentis pour se retrouver pour un troisième opus. C'était écrit. Désiré même par nombre de fans de la petite balle jaune. Mais c'était oublier un peu vite Daniil Medvedev. Et presque faire injure à son pedigree sur dur. "J'adore jouer sur dur, mon jeu y est complètement adapté", avait pourtant rappelé avant le tournoi le Russe. Mais voilà, le blockbuster Djoko-Carlito avait un peu trop la cote avant que le Moscovite ne vienne tout casser en venant à bout de l'Espagnol à l'issue d'un spectaculaire bras de fer de 3h19, en demi-finale ce vendredi (7-6 [7/3], 6-1, 3-6, 6-3).

Si le Russe de 27 ans n'avait pas les faveurs des pronostics, il y avait bien sûr des raisons. Le niveau de jeu affiché par Alcaraz depuis des mois était la principale explication. Mais le troisième mondial n'avait pas non plus été flamboyant en août. Contrairement à ses bonnes habitudes sur le dur américain - sa surface de prédilection - et alors qu'il avait pourtant séduit sur dur jusque-là (ndlr : Titré à Miami, Doha, Dubaï et finaliste à Indian Wells), Medvedev n'avait pas été au rendez-vous à Toronto ou Cincinnati, échouant respectivement en quart et huitième de finale contre Alex de Minaur et Alexander Zverev. Mais voilà, le Russe n'est jamais le même dans les matches à cinq sets. Surtout à Flushing Meadows.

Vainqueur en 2021 en venant à bout de Novak Djokovic pour la plus grande victoire de sa carrière, Medvedev compte aussi une finale en 2019 et une demie en 2020 à son palmarès devant la foule new-yorkaise. Il adore y jouer. Et il a clairement passé la vitesse supérieure en seconde semaine cette année, retrouvant ses sensations habituelles sur dur. "C'est l'US Open, et je ne sais pas vraiment pourquoi, j'ai tendance à jouer de manière agressive et rapide. Je sers bien aussi. C'est probablement lié à la vitesse du court qui m'aide", a-t-il expliqué après son succès en demi-finale.

Carlos Alcaraz peut témoigner de cette métamorphose toujours spectaculaire. Alors qu'en juillet à Wimbledon, le jeune phénomène Espagnol s'était facilement défait de Medvedev en demies, il s'est cette fois-ci cassé les dents sur le protégé de Gilles Cervara, impressionnant en coup droit et au service. "J'ai réussi à bien jouer, a savouré le Russe. J'ai bien servi et j'ai trouvé quelques lignes dans les moments importants", s'est réjoui l'ancien numéro 1 mondial, également ravi d'avoir su retourner les coups puissants du Murcien. "J'étais dans la zone. Quand je suis dans la zone, je suis un excellent défenseur".

Redoutable quand il joue à ce niveau-là, Daniil Medvedev a fait le plein de confiance. "J'avais dit qu'il fallait jouer à un niveau de 11/10 pour espérer battre Carlos, j'ai joué à 12/10 !", s'est-il félicité. "C'est la seule façon de battre Alcaraz. (…) Pour le battre il faut être meilleur que soi-même et j'ai réussi à le faire. (…) Il m'avait facilement battu lors de nos deux dernières confrontations, alors avant le match j'avais beaucoup de doutes." Il les a chassés avec la manière. Mais il l'annonce : "Je suis vraiment très heureux, mais le tournoi n'est pas terminé."

Dimanche, il lui reste en effet un match à disputer. Et pas n'importe quel match puisque ce sera sa troisième finale new-yorkaise et sa cinquième en Grand Chelem. Et face à lui, il y aura l'ogre Novak Djokovic. "Je joue contre un gars qui a 23 titres du Grand Chelem, et moi, un... Comme aujourd'hui, il faudra que je joue mieux que moi-même si je veux avoir une chance", annonce-t-il d'emblée.

Mais sa demie face à Alcaraz devrait l'aider pour rentrer sur le court en songeant que tout est possible, lui qui a déjà su frustrer Djoko à Flushing en 2021. "C'est une belle victoire, c'est bon pour la confiance. Savoir que je suis capable de le faire sur la grande scène apporte plus de confiance. Vous savez que vous pouvez le refaire. On a envie de recommencer. Vous voulez même le refaire. De le ressentir à nouveau." Djokovic est prévenu. Il ne va pas peut-être pas retrouver Alcaraz comme prévu. Mais il n'aura pas la partie plus facile pour autant face à un tel Medvedev.