US Opn 2023 - Dire que Jack Draper ne savait pas s'il pourrait jouer un seul match à New York...

Jack Draper en avait fait un de ses objectifs cette saison : atteindre pour la première fois la deuxième semaine d'un tournoi du Grand Chelem. Mais après deux éliminations au 1er tour à Melbourne et Roland-Garros puis un forfait à la maison à Wimbledon, sans doute l'Anglais pensait-il devoir remettre cette ambition à 2024. D'autant que son optimisme était au plus bas avant l'US Open. La semaine dernière, il avait abandonné au 2e tour à Winston Salem, toujours à cause de son épaule.

C'était un été en enfer pour le jeune Draper, absent des courts pendant deux mois et demi après Roland-Garros. Il avait repris la compétition en Challenger à Vancouver mi-août (défaite en quarts de finale contre le Français Arthur Cazaux), avant de s'aligner à Winston Salem. Sa fragilité physique l'a fait sortir du Top 100 au classement ATP il y trois semaines, alors qu'il avait intégré les 40 premiers mondiaux en février dernier. Il est arrivé à Flushing Meadows avec le dossard 123 dans le dos, pas exactement lancé sur une dynamique irrésistible.

Pourtant, le voilà donc en huitièmes de finale. A sa propre (agréable) surprise. Il y a huit jours, il ne se donnait pas plus de 30% de chances de disputer cet US Open. "Au début de la semaine, clairement, il y avait une grosse inquiétude autour de mon corps, a-t-il expliqué après sa victoire samedi face à un des membres de la colonie américaine, Michael Mmoh. Je ne savais pas si je serais capable de jouer un seul match. Surtout en trois sets gagnants. C'est complètement différent."

Mais jusqu'ici, le physique tient, et quand c'est le cas, le Britannique est un client. Il le sait, il joue avec une épée de Damoclès au-dessus de l'épaule. "On m'a dit que j'avais une petite déchirure, ajoute Draper. On ne savait pas si c'est lié à ma précédente blessure, qui était assez sérieuse. Finalement, ce n'est pas ça, ça m'a soulagé. Mon seul objectif quand je suis revenu cet été, c'était de ne pas me blesser à nouveau. Donc jouer comme ça cette semaine, c'est vraiment spécial."

D'autant qu'il a tracé sa route à vitesse grand V dans cette première semaine. Avant de céder un set à Mmoh, il avait expédié Radu Albot et surtout Hubert Hurkacz en trois manches. Fait assez improbable, même s'il est encore toujours jeune (il aura 22 ans en décembre prochaine), Jack Draper a remporté face à Michael Mmoh le tout premier match de sa carrière en plus de trois sets.

"Même si j'ai été Top 50, en Grand Chelem, je n'ai pas existé. Mais j'ai eu des tableaux difficiles. Donc je n'ai pas pu montrer mes progrès autant que je l'aurais voulu", précise-t-il. Outre Nadal en Australie cette année, il a dû se coltiner Djokovic d'entrée à Wimbledon en 2021, ou encore De Minaur et Kachanov.

C'est donc au moment où on l'attendait le moins qu'il surgit. Mais New York lui réussit plutôt bien tout en résumant son gros point noir. L'an dernier, il avait accédé au 3e tour. Une première pour lui en Grand Chelem à l'époque. Mais il n'avait pas pu aller au bout de ce match, abandonnant contre Khachanov, futur demi-finaliste.

Alors, quand Michael Mmoh lui a pris le 3e set samedi, sachant la précarité de son état, il s'est demandé s'il allait pouvoir tenir. "J'ai pensé à l'année dernière sur le court aujourd'hui (samedi), a-t-il avoué après coup. J'avais peur que ce soit comme dans le film "Un jour sans fin"et que ça recommence. Mais c'est la preuve que j'ai énormément travaillé physiquement en un an et je suis fier de ça, fier de moi."

Quoi qu'il arrive, tant qu'il ne se blesse pas, cet US Open marquera une date importante dans son parcours. Peut-il passer de la satisfaction à la divine surprise ? Un quart de finale ? Davantage ? Il fait figure de petit poucet dans ce haut de tableau bien chargé. Mais si, comme il le souligne, "je suis compétiteur et je ne suis pas venu ici juste pour essayer de gagner un match. Être content de jouer, ça ne suffit pas. Je veux gagner, toujours."

Sa prochaine cible, Andrey Rublev, est un sacré morceau. "Il est dans le Top 10 depuis des lustres, il a des super résultats, il a gagné son premier Masters 1000 cette année et il est tellement régulier dans les Grands Chelems. Ce sera difficile", admet Draper. Mais si le corps tient, pas sûr que ce soit si facile pour le Russe.