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US Open 2023 - Quand la menace de l'Arabie Saoudite pousse l'ATP et la WTA à s'unir

Cyril Morin

Mis à jour 04/09/2023 à 10:41 GMT+2

Ce dimanche, The Telegraph a révélé que les principaux dirigeants de l'ATP et de la WTA avaient rendez-vous à la fin mois, à Londres, pour discuter d'une fusion entre les deux entités. Si les contours semblent encore flous, les explications sont nombreuses. Entre la pression des joueurs mais surtout celle venue d'Arabie Saoudite, les deux instances semblent condamnées à enfin s'entendre.

ATP und WTA stellen den United Cup vor

Crédit: Getty Images

C'est un petit pas. Mais, à l'échelle du tennis mondial et de sa cacophonie générale depuis plusieurs années, c'est un pas de géant. Dimanche, The Telegraph a révélé que l'ATP et la WTA avaient rendez-vous à la fin du mois, à Londres, pour discuter d'une possible fusion à terme. Forcément, sur le circuit, l'accueil a été enthousiaste, notamment à New York.
"Ça serait génial, vraiment, a ainsi résumé notre consultant Alex Corretja. Pour moi, tous ces tournois du Grand Chelem sont des succès justement parce qu'il y a des joueurs et des joueuses." Sur le principe, difficile de trouver des opposants au projet, qui avait été notamment relancé en pleine crise sanitaire, en 2020, par un tweet de Roger Federer.

Obstacles nombreux mais envie enfin réelle

Sur le papier, donc, tout le monde adhère. Mais les obstacles semblent déjà nombreux, avant même de se réunir. "Il faut comprendre que ce n'est pas si simple de faire une fusion comme ça, en tout cas à 100% car vous avez besoin d'installations particulières, a complété Corretja. Mais il y a déjà les Grands Chelems, tellement de Masters 1000 où ils sont ensemble… Pour moi, ça serait plus clair. Entre l'ATP, la WTA, l'ITF, il y a tellement d'entités." Sans même compter les différentes institutions qui réunissent les joueurs et joueuses du circuit, dont le PTPA créé par Novak Djokovic qui continue de gagner en influence.
"La bonne chose, c'est déjà qu'ils parlent", a aussi réagi Barbara Schett à cette annonce, consciente malgré tout que les sujets seront nombreux à résoudre. Quid du partage des gains, largement à l'avantage des joueurs de l'ATP aujourd'hui ? Quid des droits TV, des sponsors ou partenaires, sachant que les deux organisations ont leurs propres contrats ? Quid du calendrier aligné ?
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Les logos de l'ATP et la WTA lors de la United Cup

Crédit: Getty Images

Les obstacles sont si nombreux que le sujet a longtemps été repoussé. Lorsqu'ils étaient interrogés sur un tel projet, Andrea Gaudenzi (ATP) et Steve Simon (WTA) utilisaient souvent leur meilleure langue de bois, vantant le principe sans pour autant faire le premier pas. Mais, ces derniers mois, ils ont fini par se résoudre. Parce que l'histoire secrète d'un tel rapprochement comporte un troisième acteur : l'Arabie Saoudite.

Gagner la Diriyah Tennis Cup revient à gagner un Masters 1000

Comme l'explique The Telegraph, l'intérêt grandissant du pays envers le sport et le tennis en particulier a alerté les autorités concernées. L'hypothèse d'un circuit parallèle, à l'image du circuit LIV en golf, inquiète en haut lieu. Ainsi, les dirigeants de l'ATP et la WTA ont acquis la conviction que pour lutter face à cette menace, être uni est un prérequis fondamental.
Ces derniers mois, l'Arabie Saoudite a ainsi sécurisé l'accueil de l'ATP Netx Gen Finals jusqu'en 2027 avant d'être sérieusement envisagée pour accueillir le Masters féminin. La levée de boucliers d'anciennes gloires, comme Chris Evert ou Martina Navrátilová, a poussé la WTA à plutôt choisir Prague mais l'hypothèse reste réelle, d'autant que, dans les vestiaires masculins et féminins, le sujet n'est plus tabou.
En 2022, le tournoi d'exhibition de la Diriyah Tennis Cup avait accueilli Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas, Taylor Fritz, Andrey Rublev, Nick Kyrgios, Dominic Thiem, Matteo Berrettini, Stan Wawrinka, Cameron Norrie, Hubert Hurkacz et Dominic Stricker. Le tout en plein mois de décembre, après une saison à rallonge. Pourquoi ce choix ? La réponse tient - peut-être - dans le prize-money accordé au vainqueur. L'Américain Taylor Fritz était ainsi reparti avec un chèque d’un million de dollars, soit peu ou prou le montant d'un titre en Masters 1000. Le tout pour trois petites victoires…
Je suis venu pour l’argent
Après coup, Nick Kyrgios n'avait pas cherché à tourner autour du pot. "Je suis venu pour l’argent, avait-il expliqué. J’ai fait ce qui était le mieux pour moi. Ici, tout le monde est extrêmement accueillant avec nous. On ne se sent pas du tout en danger. C’est certainement l’un des endroits où j’ai préféré aller". La puissance financière de l'Arabie Saoudite, via son organe officiel du PIF, a donc de vrais arguments à faire valoir.
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Grigor Dimitrov (qui n'avait pas joué), Matteo Berrettini et Dominic Thiem lors de la Diriyah Tennis Cup 2022

Crédit: Getty Images

Dès lors, la fusion ATP-WTA pourrait permettre de faire face de front à ce nouvel acteur encombrant. Ces derniers mois, l'ATP avait d'elle-même imaginé la création d'un 10e Masters 1000, qui se tiendrait à Riyad. Où le placer dans le calendrier ? Trois scénarios avaient été imaginés : en octobre, entre Shanghai et Bercy, en décembre, à la toute fin de saison ou tout début janvier, ce qui reviendrait à concurrencer The United Cup créée par Tennis Australia.
Bref, les maux de tête sont déjà nombreux, sans même évoquer la réaction du Qatar, partenaire avec l'ATP depuis de nombreuses années via… Nasser Al-Khelaifi. Visiblement, l'ATP préfère les partager avec la WTA. Le pas en avant est réel. Mais il est quelque peu forcé…
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