US Open 2025 - Finale - De l'espoir "un peu en deçà" au monstre, la métamorphose Jannik Sinner
Mis à jour 07/09/2025 à 13:31 GMT+2
Si Carlos Alcaraz continue de lui mener la vie rude, Jannik Sinner s'est en revanche isolé du reste du monde. Comment l'Italien est-il passé du statut de grand espoir peinant à délivrer pleinement son potentiel à ce numéro un mondial insatiable, dominateur presque partout et presque tout le temps ? Eclairage avant le nouveau blockbuster final de dimanche à l'US Open contre son rival espagnol.
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C'était il y a deux ans. Jannik Sinner s'inclinait en huitièmes de finale face à Alexander Zverev ici, à Flushing Meadows. À 22 ans, il était 7e mondial. Il n'était encore qu'une promesse. Un talent brut, voire brutal, mais toujours confronté à certaines limites. Il était encore si loin d'un Djokovic, toujours maître du monde, qui l'avait balayé lors de sa première demi-finale majeure, à Wimbledon. Loin d'un Alcaraz, de deux ans son cadet, mais déjà double vainqueur en Grand Chelem. Il était même encore derrière les tenants de la NextGen, les Medvedev ou les Zverev. C'était il y a seulement deux ans. Cela semble pourtant appartenir à une autre époque, dans un autre monde.
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Qui aurait pu alors imaginer que, quatre mois plus tard, il marcherait sur l'eau à Melbourne ? Qu'en neuf mois, il serait numéro un mondial ? Qu'il jouerait ensuite cinq finales majeures de suite en l'espace d'un an, performance accomplie uniquement par Federer, Nadal et Djokovic dans l'ère Open ? Il s'est hissé à la hauteur d'Alcaraz et a surclassé tous les autres. Il avait probablement tout cela en lui depuis un moment. On se souvient du jeune cogneur de 19 ans capable de tenir la cadence (mais pas la distance) avec Nadal à Roland du temps du Covid-19. Vint ensuite le temps de la crise de croissance et de certaines désillusions, comme autant de freins à son accession au sommet. Cette fois, nous y sommes.
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Lorenzo Musetti n'a jamais battu son compatriote. Il avait perdu face à Sinner en 2021, puis en 2023 et il vient à nouveau de couler contre lui à l'US Open cette année. En trois duels, il ne lui a encore jamais pris un set. Pourtant, sur le court Arthur-Ashe, il ne l'a pas reconnu. La mission lui a semblé bien plus complexe qu'avant sa transformation. "Beaucoup de choses ont changé depuis notre dernière confrontation, a-t-il constaté. Nous avons grandi tous les deux, mais lui est devenu le meilleur joueur du monde. Honnêtement, je n'ai jamais affronté quelqu'un qui me mette à ce point dans un sentiment d'urgence à l'échange. Il a toujours l'ascendant."
Vitesse et puissance
Il ne possédait encore ni la confiance, ni la constance, ni l'autorité nécessaires pour les utiliser au maximum, mais ses armes étaient déjà là en 2022-2023. Il suffit de revoir ou de repenser à son quart de finale contre Carlos Alcaraz à New York il y a trois ans pour le mesurer. Si un coup a progressé chez lui depuis, c'est sans doute le service. "Notamment sur le travail des zones, (particulièrement extérieur côté égalité...), la régularité, l'impact qu'il arrive à mettre, juge Justine Henin. En première comme en deuxième balle, il a beaucoup progressé. En première, c'est assez flagrant. Il frappe plus fort et il varie plus. Il en découle une bien meilleure gestion des points importants."
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Il sert beaucoup mieux, s'installe en conséquence plus aisément dans l'échange et dans celui-ci, sa capacité d'adaptation s'est accrue. "Il réagit de mieux en mieux aux variations, ajoute la consultante d'Eurosport. Même s'il est toujours possible de le dérégler, c'est beaucoup plus compliqué. Et le problème, c'est que sa vitesse de réaction et de déplacement est telle que cela devient de plus en plus difficile de le déborder." L'ancienne numéro un mondiale touche ici au point le plus sensible : le déplacement. Sinner est devenu plus véloce, plus dynamique, plus précis. Il est là, le changement le plus profond. Parce que, physiquement, il n'est plus le même.
"Ses progrès sur le plan physique sont non négligeables, insiste Henin. Je me souviens de sa défaite il y a deux ans ici en cinq sets contre Zverev. C'était le soir, dans des conditions difficiles, il faisait très lourd et moite. Il y avait peut-être des prémisses de progrès sur le plan physique, mais on ne le voyait pas encore. Fin 2023, il a vraiment explosé. D'ailleurs, il a repris aujourd'hui le même préparateur physique qui a été embarqué dans cette histoire de test positif (Umberto Ferrara, NDLR). Ce n'est pas anodin. Je pense qu'il y a eu une phase de travail avec lui qui lui a permis de changer de dimension."
Les gens voient le fait qu'il frappe comme un sourd dans la balle, mais pour le faire, il faut des qualités athlétiques hors normes
Certains lui servent encore la statistique supposée caractériser sa limite : il n'a encore jamais gagné un match quand celui-ci va au-delà des quatre heures de jeu. Elle est exacte, mais aucunement révélatrice. "On se pose encore des questions sur son physique, mais moi, je n'ai aucun doute là-dessus, appuie d'ailleurs Nicolas Escudé. La finale de Roland-Garros s'est jouée à une intensité folle et il a tenu la cadence jusqu'au bout, même s'il a fini par la perdre. Il a énormément progressé physiquement. Les gens voient le fait qu'il frappe comme un sourd dans la balle, mais pour le faire, il faut des qualités athlétiques hors normes. Il y a quelques années, quand il est arrivé sur le circuit, il était un peu en deçà. Aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas."
"Ces progrès sont flagrants au niveau de ses déplacements et, ce qui m'impressionne le plus, c'est son gainage, ajoute Justine Henin. On le voit encore de temps en temps un peu dévisser en coup droit croisé - c'est toujours un peu la même faute -, donc il retombe encore un peu parfois dans certains travers. Mais globalement – et on le voit tant dans ses déplacements que dans sa solidité au niveau de la frappe -, il y a vraiment une stabilité au niveau du bassin, au niveau abdominal qui lui permet d'être en équilibre tout le temps. Son envergure, sa vitesse de déplacement et l'équilibre avec lequel il arrive à frapper, tout ça vient de ce travail physique au service de sa technique. Je trouve que c'est une évolution considérable."
Rien n'est possible de nos jours au plus haut niveau sans un physique de fer. Jannik Sinner ne l'a pas toujours eu. C'est le cas désormais et c'est une fondation tellement solide qu'elle bonifie tout le reste de son expression. La suite a presque naturellement découlé de cette métamorphose. Quand Félix Auger-Aliassime cible tous les axes de progrès du numéro un mondial depuis deux ans, c'est par là qu'il commence et ce n'est pas un hasard. "L'impact physique a changé. Il est plus costaud. Ses déplacements sont bien meilleurs", dit-il, avant d'énumérer… tout le reste : "Le service. Son coup droit qui est plus précis. Son revers est toujours aussi régulier. Il retour a toujours été bon, profonde. Voilà, ce sont ses qualités principales." Jolie panoplie, non ? "Oui, ça aide", rigole le Canadien. En effet.
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