Djoko brave la tempête

L'accolade finale entre les deux hommes, franche et appuyée, est à la hauteur du combat que Novak Djokovic et Marcos Baghdatis ont livré pendant 3h15 sur le central de Wimbledon. Sur gazon, l'écart entre les deux hommes sur le cout était beaucoup plus ténu que 28 places qui les séparent au classement ATP. Samedi, le public anglais a assisté à un duel entre deux demi-finalistes du tournoi. Un duel intense et indécis presque jusqu'au bout, même si le numéro 2 mondial a pris le dessus dans les troisième et quatrième manches, notamment au plan physique. Mais ce fut sans doute le meilleur match de cette première semaine.

Après avoir remporté le premier set (6-4), Djokovic pensait peut-être avoir fait le plus dur. En réalité, le plus dur commençait. Baghdatis, remarquable en retour de service, et plus précis à l'échange, a alors commencé à dicter le jeu, tout en faisant le show. Le Joker, c'était lui. "Je n'ai pas vu souvent tout un stade debout. C'était incroyable", note Djokovic.Avec le public derrière lui, le Chypriote a logiquement réussi le break dans le troisième jeu de la deuxième manche avant de conserver son service pour égaliser à un set partout (6-4). C'est sans doute à l'entame de la troisième manche que Baghdatis a loupé le coche. Djokovic a plié mais n'a pas rompu et, au carrefour des deux heures de jeu, le Serbe a peu à peu pris l'ascendant physiquement. Sa victoire devenait dès lors inéluctable.

Mais il lui a fallu rester vigilant jusqu'au tout dernier point. Servant pour le match à 5-4 dans le quatrième set, Djoko a concédé deux balles de debreak. Qui sait comment ce match aurait pu tourner si Baghdatis avait pu recoller. Le public ne demandait qu'à s'enflammer à la nuit tombante. Mais Djokovic, comme souvent dans cette rencontre, n'a pas flanché sur les points déterminants. "On le sait, c'est ça le tennis. A ce niveau, la victoire se joue sur une poignée de points. J'ai réussi à les gagner aujourd'hui", constate un Djokovic heureux d'avoir évité le piège. "Je savais qu'il pouvait très bien jouer sur gazon, avoue-t-il. Il est très dangereux."

S'il veut aller loin dans ce tournoi et conquérir la place de numéro un mondial qu'il peut presque toucher du bout de la raquette tant l'écart avec Nadal est faible, Novak Djokovic devra toutefois faire plus et mieux lors des prochains tours. Samedi, il est souvent apparu nerveux, massacrant au passage une raquette. Il a tellement survolé le circuit pendant six mois qu'il a peut-être un peu de mal à retrouver une certaine forme de normalité. "J'ai un peu perdu le contrôle de mes nerfs. C'était un peu frustrant de rater, je ne peux pas mentir à ce sujet.Je n'ai pas produit mon meilleur tennis et c'est un peu frustrant", a-t-il admis, tout en s'efforçant de positiver. "Il faut voir le bon côté des choses. J'ai réussi à sortir du court avec la victoire. J'ai battu un très bon joueur. Je suis en huitièmes de finale." Lundi, c'est Michael Llodra qui l'attendra. "C'est un joueur dangereux parce qu'il sert très bien, prévient le Serbe. Je crois que le fait d'être gaucher lui donne un avantage car ils ne sont pas nombreux sur le circuit. Il aime le gazon, il vient souvent au filet, il faudra que je retourne bien".