Mouratoglou raconte Serena

Christopher Clarey, journaliste du New York Times, en est scié : lui qui suit la famille Williams depuis leurs débuts professionnels, jamais il n'avait vu Serena accompagnée par quelqu'un d'extérieur à ce groupe pour s'entraîner sur les tournois. C'est pourtant à cela que le reporter américain a assisté à Londres lorsque l'Américaine, future lauréate à Wimbledon pour la cinquième fois, a laissé Patrick Mouratoglou la conseiller pendant les quinze jours de compétition. "Cette relation professionnelle était une volonté réciproque, nous a expliqué le coach de l'Académie éponyme. On a passé un mois ensemble, tout a été positif, de la collaboration au résultat final. Je serais ravi que l'aventure se poursuive, mais pour l'instant, ce n'est pas quelque chose qui est prévu au-delà de la saison sur gazon."

La femme aux quatorze titres du Grand Chelem n'a jamais eu de coach autre que son père. Depuis toute jeune, elle a participé à des entraînements dans différentes académies américaines, comme Bolletieri par exemple, mais elle n'a jamais été suivie par quelqu'un d'autre que le paternel Richard Williams. A 30 ans révolus, l'Américaine semble tendre de temps à autre vers un début de remaniement de son environnement. Pour reprendre un second souffle. "C'est une très, très grande championne. Et la force des grands champions est de rebondir quand ça va mal, poursuit Patrick Mouratoglou qui a toujours été très admiratif de son exemple de réussite. Dans les précédents tournois du Grand Chelem, elle n'avait pas retrouvé son meilleur niveau. A Londres, elle a mis du temps à le retrouver. Elle a su hausser son niveau au fur et à mesure pour finalement gagner."

Le désir de se faire conseiller par une personne extérieure s'est exprimé récemment. Notamment après sa défaite à Paris au premier tour de Roland-Garros face à Virginie Razzano. Ce séisme sportif n'a pas fait de dommages que dans le tournoi, il a également énormément secoué l'Américaine. C'est ainsi que, le moral dans les chaussettes, elle a décidé, au hasard de rencontres, de rejoindre l'Académie Mouratoglou pour faire un essai. Essai qui s'est prolongé une semaine puis au-delà, jusqu'à Londres et sa victoire, ce qui a valu à Patrick Mouratoglou, présent dans le box du clan Williams, une belle accolade de la part de la toute fraîche vainqueur.

"Quand elle m'a appelé, j'étais aussi surpris que ravi qu'elle ait pensé à moi pour l'aider à rebondir après Roland-Garros. Je suis très heureux d'avoir pu travailler avec une joueuse aussi exceptionnelle, a affirmé l'ancien entraîneur de Jérémy Chardy, Aravane Rezai ou encore Marcos Baghdatis, finaliste à l'Open d'Australie en 2006. J'ai eu du mal à réaliser sur le moment, mais cela a été une expérience aussi incroyable qu'enrichissante." Qu'est-ce qui a le plus impressionné ce coach ? "Sa faculté de se refixer des objectifs très vite en se remobilisant rapidement. Puis de s'entraîner pour continuellement chercher à s'améliorer. Quand elle a perdu à Roland-Garros, son but premier était de s'entraîner encore et encore pour gagner Wimbledon. Et elle a gagné..."

"C'est une éternelle insatisfaite. Et c'est peut-être cela sa plus grande force. Dans le sport de haut niveau, on évite de casser quelque chose quand ça fonctionne bien." Maintenant, la voilà repartie vers un autre but : les Jeux olympiques en l'occurrence. Depuis sa victoire à Londres, Serena s'est envolée vers la Californie pour s'aligner à Stanford ; lui suit toujours le jeune Bulgare Grigor Dimitrov qui joue cette semaine à Bastad en Suède. Si ni elle ni lui n'ont confirmé une nouvelle collaboration officiellement. Nul doute que l'expérience pourrait être encore de mise si le besoin se faisait ressentir...