Pour signer l'exploit du siècle, Richard Gasquet doit d'abord se forcer à y croire

Gasquet a privé Wimbledon d'une réunion entre cadors du circuit. En battant Wawrinka, il a anéanti les espoirs de voir des demi-finales "idéales", comprendre, qui réunissent les quatre premiers mondiaux. On n'avait plus vu un carré magique depuis 20 ans à Londres et il faudra attendre une année supplémentaire. La faute du Biterrois donc, qui comparé à ses glorieux adversaires, fait figure de nain.

A peine sorti de son marathon face au Suisse, Gasquet était le premier à le reconnaitre avec une honnêteté désarmante : "Je suis fier parce qu'il y a de très bons joueurs en demies. Mais je suis le pire de tous, quand vous voyez Federer, Djokovic, Murray et moi…" Si on compare les quatre, le Français appartient à la catégorie des poids-plume. A son actif, aucune finale en Grand Chelem. Murray, Federer et Djokovic pèsent à eux trois 49 finales.

Un gouffre qui aurait de quoi complexer le moins friable des joueurs. Inquiétant quand on connait la capacité du Français à s'écrouler sur le plan mental. Mais le Gasquet de ce Wimbledon 2015 est bien décidé à tenir dans la tête. Il a prouvé qu'il pouvait forcer sa nature sur le gazon londonien. Par deux fois au moins. En restant dans la rencontre malgré deux balles de match perdues face à Kyrgios (le spectre de l'année dernière rôdait). Et surtout en se sublimant face à Wawrinka dans un 5e set époustouflant.

Face à Djokovic, il arrivera sur le Centre Court pour gagner, pas en victime expiatoire. C'est lui-même qui a tenu à l’annoncer et le répéter dans les médias. "C'est important pour moi de penser que je peux gagner ce match. C'est cela le plus important. Aller sur le court et croire en la victoire. C'est quelque chose que je dois faire mentalement : croire que je suis là pour gagner." Une déclaration en forme d'auto-persuasion qui illustre la détermination du Français et qui montre une chose : Gasquet, cette fois, veut y croire.

A défaut, il pourra se contenter de "se faire plaisir et jouer un meilleur match qu'à Roland-Garros." Aux Internationaux de France il n'avait pas existé face à Novak Djokovic  (6-1, 6-2, 6-3). Pas plus qu’il n’avait existé lors de ses deux seules demi-finales jouées en grand chelem. Pour sa troisième occasion Gasquet espère a minima de faire un bon match, au mieux de se qualifier. Et c’est toujours ça de pris au moment d’affronter le tenant du titre.