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Becker 1987, Federer 2013, Djokovic 2016... Le Top 10 des séismes à Wimbledon

Laurent Vergne

Mis à jour 03/07/2016 à 14:17 GMT+2

WIMBLEDON 2016 - La défaite de Novak Djokovic au 3e tour samedi a fait l'effet d'un tremblement de terre. Mais c'est loin d'être une première. Le tournoi londonien est un grand habitué de ces séismes de la première semaine. La preuve.

Becker, Federer, Djokovic...

Crédit: Eurosport

1. FEDERER, NEUF ANS APRES

Année: 2013
2e tour
Victime: Roger Federer
Bourreau: Sergyi Stakhovsky
Score: 6-7, 7-6, 7-5, 7-6
2013 reste l'année noire de Roger Federer et aucun match ne symbolise mieux cela que sa défaite contre Sergiy Stalhovsky au deuxième tour de Wimbledon. Même si, en débarquant à Londres, le Suisse reste sur une première moitié de saison moyenne à son échelle, il reste évidemment un des prétendants au titre au All England Club. Il en est le tenant du titre et a toujours, après tout, atteint au moins les quarts de finale depuis... 2003. Stakhovsky, 116e mondial, et qui n'a encore jamais dépassé le 2e tour sur le gazon anglais, n'a rien d'un coupeur de tête en puissance.
Mais l'Ukrainien joue le tennis de sa vie. 76 coups gagnants pour 17 fautes directes. Il est époustouflant au filet. Le match est d'un niveau remarquable. Federer n'est pas en reste (56 coups gagnants, et seulement 13 fautes). Jusqu'au bout, on se dit que Federer finira par trouver une porte de sortie. Comme contre Benneteau l'année d'avant. Comme contre Falla en 2010. Il aura d'ailleurs une belle de cinquième set. En vain. C'est la fin de la plus extraordinaire série de l'histoire du tennis, puisque Federer restait sur 36 quarts de finale consécutifs en Grand Chelem.
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Wimbledon 2013 : Stakhovsky déboulonne Federer

Crédit: Panoramic

2. BECKER, WRECKER, SOMNIFERES

Année: 1987
2e tour
Victime: Boris Becker
Bourreau: Peter Doohan
Score: 7-6, 4-6, 6-2, 6-4
Boris Becker est le nouveau roi de Wimbledon. Sacré à 17 ans en 1985, l'Allemand a magistralement conservé sa couronne un an plus tard en battant Ivan Lendl en finale. La légende de Boum Boum est née. Fort de ses deux titres, on le voit déjà battre le record de Borg, d'autant que le rouleau compresseur allemand dégage une impression d'invincibilité sur gazon. Mais en 1987, au deuxième tour, sur le court numéro un, Becker subit la loi de l'Australien Peter Doohan, 70e mondial, en quatre sets. BB l'avait pourtant battu deux semaines plus tôt au Queen's. A chaud, il dédramatise: "Ça va, j'ai perdu un match de tennis, pas la guerre. Personne n'est mort sur le court." Puis, de son bourreau, il dit: "Je ne pensais pas qu'il était si bon".
En réalité, c'est surtout lui qui n'est plus lui-même. Séparé de son entraîneur Gunther Bosch depuis le début de l'année, Becker ne supporte plus la pression inhérente à son statut de star, sa notoriété planétaire, sa popularité hystérique au pays. "Jene comprenais plus les Allemands ni le reste du monde. Je voulais sortir de cet encerclement", dira-t-il plus tard dans son autobiographie. La carapace s'est brisée. Soudain, Becker fait ses 19 ans. Au printemps 1987, il a commencé à prendre des somnifères. Un refuge illusoire. Ils l'accompagneront toute sa carrière. Wimbledon a changé sa carrière et sa vie. Pour le meilleur et pour le pire. Et Doohan? Il disparaitra dès les huitièmes de finale. Mais en un match, il avait gagné un surnom: "The Becker Wrecker" (le démolisseur de Becker). Et sa place dans l'histoire.

3. LE COURT 2 ENTERRE SAMPRAS

Année: 2002
2e tour
Victime: Pete Sampras
Bourreau: George Bastl
Score: 6-3, 6-2, 4-6, 3-6, 6-4
Certes, Pete Sampras a amorcé son déclin depuis déjà quelques mois. Il n'est que le 6e joueur mondial lorsque débute ce Wimbledon 2002. Il n'en est même plus le tenant du titre, après sa défaite face à Roger Federer, l'année précédente. Mais son statut de septuple lauréat du tournoi, un record, lui confère une autorité naturelle. Personne, en tout cas, n'imagine un seul instant qu'il puisse disparaitre dès le deuxième tour, surtout pas face à George Bastl, 145e joueur mondial, éliminé en qualifications et qui ne doit sa place dans le tableau final qu'au forfait de dernière minute de Felix Mantilla. Lucky loser, shocking winner. Car un an après Federer, cet autre Suisse va lui aussi le faire chuter dans le cadre champêtre du court numéro 2. Sampras, méconnaissable, perd les deux premiers sets (6-3, 6-2).
Lorsqu'il revient à deux manches partout dans un sursaut (6-4, 6-3), on pense qu'il va malgré tout se sortir d'affaire. Mais Bastl réussit le break dans le neuvième jeu du cinquième set avant de conclure dans la foulée. Le choc est immense. Le court 2 se gondole. Il vient de jouer un nouveau mauvais tour à un géant. Par le passé, il avait déjà enterré Nastase (1973), Connors (1983), Cash (1991), Agassi (1996) et Krajicek (1996). Il s'offre un nouveau géant, le plus illustre de tous à Wimbledon. Lors de la conférence de presse d'après-match, un journaliste demande à Sampras s'il envisage de prendre sa retraite après ce désastre. "Non, je vais revenir, pas question de m'arrêter sur cet échec. Puis je crois que j'ai toujours la force de gagner un tournoi du Grand Chelem", répond l'Américain. Sourires en coin dans l'assistance. Pourtant, deux mois plus tard, Pistol Pete, ressuscité, s'imposera à l'US Open, en battant Agassi en finale. Cette fois, il peut sortir. Par le haut.

4. DJOKOVIC ET LE MALAISE DE LA TRENTAINE

Année : 2016
3e tour
Victime : Novak Djokovic
Bourreau : Sam Querrey
Score : 7-6, 6-1, 3-6, 7-6
Novak Djokovic domine le tennis comme personne, pas même Roger Federer, ne l'avait fait. Le Serbe reste sur six finales de suite en Grand Chelem et, surtout, sur un Grand Chelem à cheval sur deux saisons. Il vient enfin de remporter Roland-Garros et rêve maintenant du Grand Chelem sur l'année calendaire. Le "vrai" Grand Chelem. Lorsqu'il se présente face à Sam Querrey, personne n'imagine que le Djoker puisse trébucher, alors qu'il a gagné ses 30 derniers matches en Grand Chelem, du jamais vu dans l'ère Open.
Et pourtant… Ce cap de la trentaine, il ne va pas y survivre. Totalement à côté de son jeu, amorphe, emprunté, Djokovic cède les deux premiers sets avant d'être sauvé par la nuit. Simple sursis. Le lendemain, malgré le gain de la troisième manche, il finit par céder en quatre sets, sur une dernière faute en coup droit. A l'instar de Nadal à Roland-Garros en 2009, il vient de trouver son Söderling. Un peu mystérieux, il laisse entendre qu'il n'était pas à 100%, sans plus de précisions. Pour Querrey, c'est la victoire d'une vie.
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Sam Querrey

Crédit: AFP

5. NADAL K.O. DEBOUT

Année: 2012
2e tour
Victime: Rafael Nadal
Bourreau: Lukas Rosol
Score: 6-7, 6-4, 6-4, 2-6, 6-4
Dans la foulée de son septième titre record à Roland-Garros, Rafael Nadal a-t-il trop décompressé? Toujours est-il qu'il va subir face à Lukas Rosol une des plus grosses désillusions de sa carrière en disparaissant dès le deuxième tour. Cela faisait sept ans que l'Espagnol n'avait plus perdu si tôt dans un tournoi du Grand Chelem. Lors de ses cinq dernières participations à Wimbledon, il avait toujours atteint la finale. Mais il tombe sur un martien. Lukas Rosol a joué comme jamais il n'avait joué, lâchant tous ses coups sans aucune retenue, et ce, jusqu'à la balle de match, pour l'emporter en cinq sets. Comment expliquer qu'un joueur qui, à 27 ans, n'avait gagné que trois matches en Grand Chelem dans sa carrière, et qui restait sur trois éliminations au premier tour des qualifications à Wimbledon, puisse produire un tel tennis et s'offrir le numéro deux mondial? Ça ne s'explique pas. Ce match n'était pas de l'ordre du rationnel.

6. HEWITT SE COGNE DANS LE GEANT

Année: 2003
1er tour
Victime: Lleyton Hewitt
Bourreau: Ivo Karlovic
Score: 1-6, 7-6, 6-3, 6-4
A l'époque, personne ne connait la grande gigue de Zagreb. A 24 ans, Ivo Karlovic sort des qualifications et il n'a gagné au total qu'une dizaine de matches dans sa carrière. C'est dire si, malgré ce service que l'on dit impressionnant, il n'a pas de quoi faire frémir celui qui domine le circuit depuis deux ans. Quand Hewitt remporte le premier set 6-1 en 19 minutes, cette impression semble se confirmer. Mais peu à peu, le natif d'Adélaïde parait sans solution face à ce joueur au gabarit inédit pour lui. Karlovic enchaîne les aces et, surtout, il avance dans le court. Hewitt s'acharne à vouloir le lober. Mauvaise pioche. La perte du deuxième set au tie-break marque le début de la fin pour l'Australien qui s'incline ensuite 6-3, 6-4 presque sans réagir. Ce n'est que la deuxième fois en 126 éditions que le tenant du titre disparait d'emblée. Ce tournoi 2003, Roger Federer le remportera. Son premier titre majeur. Une sorte de passage de témoin.
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2003 : Wimbledon découvre Ivo Karlovic

Crédit: Panoramic

7. DEDE AU BOUT DU ROULEAU

Année: 1996
1er tour
Victime: Andre Agassi
Bourreau: Doug Flach
Score: 2-6, 7-6, 6-4, 7-6
A Wimbledon, là même où il avait décroché son premier titre majeur quatre ans plus tôt, Andre Agassi va connaître au premier tour de l'édition 1996 une de ces gifles qui vous marquent une carrière. Pour son premier match, il est opposé à son compatriote Doug Flach... 281e mondial, plus connu pour être le petit frère de l'ancienne star du double, Ken Flach. Même pour un Agassi investi à 50%, ça devrait passer. Mais ça ne passe pas et le numéro trois mondial se fait éjecter comme un malpropre en quatre sets. "C'est le plus grand moment de ma carrière !", lance Flach après le match. Tout le monde le croit sur parole. Pour la petite histoire, lors du tirage au sort, une fois son nom sorti du chapeau, Doug Flach avait été invité par les officiels de l'ATP à tirer lui-même le nom de son adversaire. "Je vais me porter la poisse, je vais tirer Agassi!", avait-il plaisanté. Ça n'a pas loupé. Mais ça lui a plutôt porté bonheur.

8. EDBERG EMPORTE PAR LA TEMPETE

Année: 1994
2e tour
Victime: Stefan Edberg
Bourreau: Kenneth Carlsen
Score: 6-7, 6-7, 6-2, 6-4, 6-4
Double vainqueur de Wimbledon, Stefan Edberg a toujours atteint au moins les quarts de finale lors des sept éditions précédentes. En 1994, le Suédois, toujours troisième mondial à 28 ans, a toujours l'ambition de décrocher une troisième couronne. Mais un vent de rébellion souffle sur Londres cette année-là. Le mardi, Steffi Graf, battue d'entrée, est la première tenante du titre éliminée au premier tour. Le mercredi, Michael Stich devient la première tête de série numéro 2 dans l'histoire à s'incliner face à un qualifié (voir ci-dessous). Et voilà que le jeudi, Edberg, lui, subit la loi d'un autre Scandinave, venu du Danemark celui-là. Kenneth Carlsen, 21 ans, classé à la 117e place mondiale, réussit l'impensable en s'imposant en cinq sets sur le central. "Une journée pas ordinaire", conclut Edberg, toujours flegmatique. Edberg sera vengé au tour suivant par son compatriote Jonas Bjorkman. Carlsen ne dépassera jamais le troisième tour à Wimbledon.
Stefan Edberg

9. CONNORS, FIN DE SERIE

Année: 1986
1er tour
Victime: Jimmy Connors
Bourreau: Robert Seguso
Score: 6-3, 3-6, 7-6, 7-6
D'accord, Jimmy Connors n'était plus tout frais. A presque 34 ans, il n'est plus dans ses meilleures années en cet été 1986. Mais quand même. La défaite de Jimbo au premier tour face à Robert Seguso fait l'effet d'une petite bombe. Lors de ses 14 premières participations à Wimbledon, le gaucher américain avait toujours atteint la deuxième semaine: deux victoires, quatre finales, quatre demies, trois quarts et un huitième. Un an plus tôt, il était encore dans le dernier carré. En Grand Chelem, sa dernière élimination au premier tour remonte à 1972. D'où la stupeur.

10. GORAN, UN RECORD ET LA PORTE

Année: 1997
2e tour
Victime: Goran Ivanisevic
Bourreau: Magnus Norman
Score: 6-3, 2-6, 7-6 (7-4), 4-6, 14-12
Sorti au premier tour à Roland-Garros, Goran Ivanisevic compte sur Wimbledon pour se faire la cerise. Après tout, le Croate a quand même a déjà atteint deux fois la finale et deux autres fois le dernier carré depuis 1990. Tête de série numéro 2, il est même le principal rival de Sampras sur le papier. Mais au deuxième tour, il se prend les pieds dans le tapis contre un jeune Suédois de 21 ans, Magnus Norman. Dans le cinquième set, le match vire au thriller et Norman, à 6-6, est pris de palpitations cardiaques. Un médecin vient le voir, le rassure et lui dit qu'il peut continuer. Une heure plus tard, il s'impose 14-12 et, un mois après avoir sorti Sampras à Roland-Garros, s'offre une nouvelle star du circuit en Grand Chelem. Ivanisevic (qui a commis aussi 19 doubles fautes), lui, peine à se consoler avec ses 46 aces, nouveau record du tournoi, quatre de plus que John Feaver en 1976.
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