Benoît Paire et Wimbledon, c'est finalement une histoire d'amour

Benoît Paire, l'âge de raison. Qualifié pour le 3e tour de Wimbledon, jeudi soir, après un magnifique succès en quatre manches face à Denis Shapovalov, le Français est en train d'apprivoiser le gazon, une surface qu'il a longtemps détestée, à l'approche de ses 30 ans. Patient, plus mobile, et capable d'adapter sa palette technique à la surface, le joueur d'Avignon commence à trouver les clés du jeu sur herbe après avoir longtemps buté dessus.

Auteur d'une bonne saison, magnifiée par son succès face à Novak Djokovic à Miami et sa très belle prestation face à Roger Federer à Halle il y a quinze jours où il a manqué deux balles de match, le Français affiche à Wimbly un niveau de tennis et de concentration dans la droite lignée de son exercice 2018. Souvent pointé du doigt pour son comportement aux antipodes de sa personnalité sur un court, Paire a trouvé la paix intérieure.

"Aujourd'hui, je retiens surtout que je suis très calme sur le court, même si je m'énerve encore un peu de temps en temps. C'est positif", a-t-il constaté après sa victoire compliquée face au Canadien. "A 6-0, 1-0 contre moi, je cherche des solutions. Alors qu'avant, j'aurais insulté tout le monde. Je suis heureux de l'attitude que j'ai aujourd'hui, je me rends compte que j'étais stupide avant. J'aurais simplement aimé m'en rendre compte plus tôt."

Pas ami avec le tournoi de Wimbledon qui lui a donné beaucoup d'urticaire par le passé, Paire a même fait son mea-culpa. "J'étais jeune, un peu stupide par moments. C'est vrai que là, maintenant, j'aime le gazon. C'est un peu dur pour les organismes. Cela met les genoux en vrac, mais j'ai hâte de jouer d'autres matches sur cette surface", a-t-il expliqué après sa victoire. Des propos qui contrastent totalement avec ceux qui avaient suivi sa sortie de route en 2015. "Quitter Wimbledon, je m'en fous. Ce n'est pas un tournoi que j'aime bien. Tout est pourri ici. Je ne suis pas le seul à penser ça, mais peut-être le seul à le dire."

Le Français, victime d'une fissure au ménisque le week-end dernier, s'est aussi rassuré sur son physique. Son genou gauche ne lui a pas fait mal jeudi. Une nouvelle encore plus importante qu'une victoire. "Lors de mon premier match, je n'avais pas mal, juste de l'appréhension", a-t-il indiqué. "Aujourd'hui, je me suis réveillé en étant au top et je savais que j'allais pouvoir défendre mes chances à 100%. La fissure est là et il faut que je fasse attention mais pour l'instant je me sens bien."

Mal embarqué face au tout fou Denis Shapovalov, Paire a su trouver le chemin pour ne pas lâcher psychologiquement, revenir et passer devant son rival. "Il y avait bien sûr un peu de panique parce qu'il a commencé très fort en jouant un premier set de rêve et moi je ne servais pas très bien. Je suis rentré un peu froid sur le terrain et il m'agressait sur toutes les balles. Le début a été un peu dur. Il y avait encore de l'appréhension et je n'arrivais pas vraiment très chaud sur le terrain ", a encore ajouté Paire qui a fait de la patience une arme très efficace.

Se présente maintenant devant lui l'Argentin Juan Martin del Potro (4e mondial), qui a écarté en trois sets l'expérimenté Feliciano Lopez (36 ans, 70e mondial). "Cela ne me fait pas forcément peur. Je vais arriver sur le terrain en essayant de le gêner. J'ai beaucoup de respect pour lui parce qu'après tout ce qu'il a vécu, revenir comme il le fait, c'est assez exceptionnel. C'est un exemple à suivre."