Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Finale Wimbledon - Kevin Anderson, le géant de fer

Alexandre Coiquil

Mis à jour 15/07/2018 à 02:08 GMT+2

WIMBLEDON - Finaliste surprise de cette édition 2018, Kevin Anderson joue à Londres le meilleur tennis de sa carrière. Tennisman accompli, mais au mental à fleur de peau, le géant sud-africain a trouvé la voie de la sagesse. Pour preuve, il a résisté à ses deux marathons face à Roger Federer et John Isner pour accéder à sa deuxième finale en Grand Chelem.

Kevin Anderson / Wimbledon 2018

Crédit: Getty Images

Mais qui es-tu Kevin Anderson ? Connu des grands amateurs de tennis, mais pas forcément par un public plus large, le Sud-africain va disputer dimanche la deuxième finale de Grand Chelem de sa carrière. Dix mois après sa grande première à l'US Open, le joueur de Johannesburg va avoir l'occasion de remporter un Majeur et par conséquent le plus grand titre de sa carrière face à Novak Djokovic. Quel que soit le résultat de cette première finale à Wimbledon, il entrera dans le Top 5 au classement ATP lundi (4e s'il gagne). A 32 ans, c'est une forme d'aboutissement mais aussi un point de départ tant le chemin pour arriver là a été long.
Il y a forcément une histoire particulière qui entoure le grand gaillard de 2,03m, troisième plus grand joueur du Top 100. Lors de ce Wimbledon, c'est sa résistance physique et mentale qui ont explosé aux yeux de tous après ses succès en cinq sets face à Roger Federer en quart de finale, puis face à John Isner dans ce qui restera la demie la plus longue (6h36) et la plus improbable de l'histoire du tournoi. Jamais il n'avait enchaîné deux succès aussi longs et difficiles dans sa carrière. Forcément, la perspective de jouer une finale de Grand Chelem après deux improbables marathons parait bien complexe. Entre son succès face au Suisse et Isner, il a passé 10h50 sur le court, soit plus de temps que lors de ses quatre premières rencontres dans le tournoi (10h11).

Il joue le meilleur tennis de sa carrière

"Je n'ai jamais joué un match aussi long", a souligné Anderson, dont la mission commando récupération a débuté quelques instants après son succès contre Isner. "Donc, je vais devoir récupérer du mieux possible pour la finale. On n'est jamais dans le même état de forme que lorsqu'on débute le tournoi. C'était deux matches incroyables et historiques pour moi. Deux matches dont je me souviendrai toute ma vie."
Le premier finaliste Sud-africain du tournoi depuis 1921 (Brian Norton) a même détaillé son plan de survie pour atteindre la finale de la meilleure manière possible. "Évidemment après un tel match, il faut essayer de recommencer à manger. C'est un défi en soit, car on ne pense pas forcément à se nourrir. Mais vous devez vous forcer à le faire. Ensuite, j'ai besoin d'effectuer des soins pour retrouver un physique équilibré et apte à la compétition. En même temps, pour bien récupérer, avoir une bonne nuit de sommeil est également important".
Il y a également eu le gros déclic psychologique dans le parcours du Sud-africain. Avant de mettre les pieds à Londres cette année, Anderson n'avait jamais pris un set en quatre confrontations à Roger Federer, qu'il a pourtant terrassé après avoir remonté un handicap de deux sets. Même cas de figure pour Gaël Monfils qu'il n'avait jamais battu auparavant (5-0 pour le Français). Plus que l'US Open 2017, où il avait disputé sa première finale en Grand Chelem, c'est bien ce tournoi qui est celui du déblocage intégral. Il y a chassé tous ses démons.

Une éthique de travail exceptionnelle

Devenu un joueur confirmé après ses 25 ans, Anderson a gravi les échelons vers le très très haut niveau sur le tard. Menaçant, et joueur piège par excellence dans les premiers tours des tournois majeurs, mais jamais dangereux après, il a dû attendre ses 27 ans avant de goûter aux joies d'une deuxième semaine en Grand Chelem lors de l'Open d'Australie 2013. Le cap des quarts de finale, il ne l'a franchi qu'en 2015 lors de l'US Open après un succès contre Andy Murray.
Tout ce travail de sape a ensuite été stoppé net par une série de blessures qui lui a pourri son année 2016 (17 succès pour 21 défaites, son pire bilan depuis la saison 2010). Opéré à la cheville, régulièrement embêté par ses genoux (cela avait été le cas à Rome en mai dernier), touché à l'épaule droite, le Sud-africain a traversé une période noire qui a brisé son ascension. Cette année 2016 a d'ailleurs tout changé dans sa façon d'appréhender ses séances de travail. "Je dois être intelligent avec la façon dont je m'entraîne. Je dois faire ce que je dois faire sans pousser mon corps trop loin".
Perfectionniste, à fleur de peau, parfois incapable de gérer ses émotions (il était parti en tribunes pour célébrer sa qualification pour la finale de l'US Open l'année dernière), Anderson a quand même mis tous les ingrédients de son côté pour progresser. "C'est un grand professionnel. Il n'a jamais régressé. J'ai toujours aimé son attitude et son éthique de travail. Il cherche toujours à s'améliorer", soulignait il y a quelques mois à l'ATP Neville Godwin, son ancien entraîneur.
Travailleur acharné, il s'est particulièrement attaché à rendre son déplacement sur le court le plus précis possible. Avec son 2,03m, le droitier partait de loin dans ce registre. Aujourd'hui, il en a fait sa force et son parcours à Wimbledon le confirme. "Je sens que je me déplace plutôt bien pour une grande personne. On voit des joueurs plus petits se déplacer de mieux en mieux sur le circuit. C'est vrai que le déplacement reste le plus grand défi à relever pour une personne de grande taille." Son physique de colosse, lui, questionne. "Quand Nadal dit que le futur du tennis ne se fera qu'avec des grands joueurs, il se trompe. On peut se projeter dans vingt ans, un homme comme Roger Federer, qui mesure 1,85m, continuera toujours à gagner."
Avec cette finale, Anderson, qui vit à l'année en Floride désormais après être passé par un parcours universitaire aux Etats-Unis, veut marquer les esprits et inspirer de nouvelles générations chez lui. "Pour nous en Afrique du Sud, Wimbledon est le tournoi le plus emblématique. Donc être en finale, c'est incroyable. Je reçois tellement de marques de soutiens de là-bas... J'espère être une source d'inspiration pour les enfants, les intéresser au tennis."
Roger Federer et Kevin Anderson
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité