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Marin Cilic, le favori silencieux

Laurent Vergne

Mis à jour 02/07/2018 à 10:56 GMT+2

WIMBLEDON 2018 – Finaliste malheureux à Londres l'an passé, puis à nouveau finaliste en Australie au mois de janvier dernier, Marin Cilic tourne autour d'un deuxième sacre en Grand Chelem. Et si c'était pour ce Wimbledon 2018 ? Vainqueur au Queen's, le Croate arrive avec beaucoup de certitudes et une vraie chance de succès.

Marin Cilic en finale de Wimbledon

Crédit: Getty Images

Roger Federer. Rafael Nadal. Novak Djokovic. Andy Murray. Les quinze dernières éditions de Wimbledon n'ont pas échappé aux quatre membres du fameux "Big Four". Stop ou encore ? Le dernier nommé dans la liste, dont le retour aux affaires n'est vieux que d'une dizaine de jours après onze mois d'absence, n'apparait pas comme un favori raisonnable. Djokovic est encore en phase de reconstruction et Nadal n'a plus dépassé les huitièmes à Londres depuis sept ans. Reste Federer, tenant du titre et candidat naturel à sa propre succession.
Favori, ou en tout cas homme à battre, Federer ne peut pas ne pas l'être. De par son passé ici, qu'il soit récent ou s'étalant sur les quinze dernières années, le numéro deux mondial et tête de série numéro un est évidemment la figure incontournable du tableau masculin. Il suit cette saison la méthode qui a si bien marché l'an dernier (titre en Australie, grosse coupure printanière et retour triomphal sur herbe) et s'il décroche un neuvième titre sur le Centre Court le 15 juillet prochain, à presque 37 ans, je serais sans doute autant sidéré par la performance que je ne serais pas étonné de la voir se matérialiser.

Un homme de Grand Chelem

Sur la ligne de départ, je ne lui vois pourtant pas une avance aussi grande que l'an dernier. A Stuttgart et plus encore à Halle, en dépit d'un bilan global plus que satisfaisant (un titre et une finale), Federer a beaucoup patiné. Il était peut-être un peu rouillé après son trimestre sans compétition et sera sans doute plus fringant à Wimbledon, et assurément beaucoup plus dur à battre en trois sets gagnants. Mais s'il ne monte pas en gamme, ce Federer-là sera certes toujours hors de portée de beaucoup, mais prenable pour quelques-uns. Parmi eux, Marin Cilic.
Si je devais désigner un concurrent principal au tenant du titre, ce ne serait ni Nadal, ni Djokovic, ni n'importe qui d'autre que Cilic. Comme souvent, il ne fait pas de bruit. Comme toujours, il est sous-estimé. Il y a pourtant plein de très bonnes raisons de ne pas trouver absurde l'hypothèse d'une victoire du Croate dans ce Wimbledon 2018.
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Marin Cilic Queens

Crédit: Getty Images

Sa constance, d'abord. Sur les quatre dernières levées du Grand Chelem, cinq joueurs ont figuré en finale. Trois l'ont fait à deux reprises. Federer et Nadal, évidemment. Et Cilic. Contrairement au Suisse et à l'Espagnol, doubles vainqueurs, Cilic a subi deux échecs, ce qui n'est évidemment pas une mince différence. Mais il reste un homme de Grand Chelem. Et l'un des rares, en dehors du Big Four, ayant pris sa part depuis une grosse décennie, lors de son titre à New York en 2014. Neuf fois quarts de finaliste sur ses 13 derniers Majeurs, il passe peu au travers dans les grands rendez-vous.

Une vraie dynamique

Même lors du dernier Roland-Garros, sur une surface moins propice à l'épanouissement de ses principales armes, il s'est plutôt bien débrouillé, se hissant en quarts, où il a bousculé Juan Martin Del Potro. Avant cela, il avait déjà atteint les demi-finales à Rome et les quarts à Monte-Carlo, confirmant son potentiel tout-terrain. Mais s'il n'est déjà pas simple à jouer sur terre, Marin Cilic prend une toute autre dimension sur gazon. Là, si tous les éléments se mettent en place, il sait qu'il peut aller au bout.
Vainqueur au Queen's la semaine dernière, le numéro 5 mondial arrive sur une vraie dynamique. Le doublé londonien n'a rien d'une évidence puisque, au XXIe siècle, seuls trois joueurs, Hewitt, Nadal et Murray ont gagné à Wimbledon après s'être imposé au Queen's. Mais c'est un surplus de confiance pour un joueur qui n'en manque pas. Mine de rien, voilà plus d'un an (mai 2017, à Istanbul) que le Croate n'avait plus remporté de titre, ce qui a quelque chose de paradoxal dans la mesure où il traverse une des périodes les plus fastes de sa carrière. Pour lui, cette victoire tombe donc à pic.
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Marin Cilic celebrates with the trophy

Crédit: Getty Images

Le jeu, la confiance, celle du moment ou celle, plus large, de celui qui a déjà traversé la rive des vainqueurs en Grand Chelem, et une forme de plénitude physique et tennistique à bientôt 30 ans, Marin Cilic est peut-être dans le bon timing pour donner un petit frère à son US Open 2014. Il serait, a minima, décevant qu'il ne soit pas un protagoniste majeur de ce tournoi, même si son tableau potentiel n'a rien d'évident avec un possible huitième de finale contre Milos Raonic, un quart face à Dimitrov ou Isner et, bien sûr, la demie déjà ciblée face à Federer.

Le puzzle Federer

Si elle devait avoir lieu, Cilic devra à tout prix compléter son puzzle. Il a toutes les pièces et il le sait. C'est sa force. A lui de les emboiter le Jour-J. Il ne l'a jamais vraiment fait contre le Suisse. Son unique victoire, c'est cette demi-finale à Flushing, où il avait balayé Federer sur le Arthur-Ashe. Une référence qui ne peut en être une. Tel Tsonga face à Nadal à Melbourne en 2008, il était sur un nuage, intouchable. Mais cette magie-là, euphorie unique dans une carrière, est impossible à dupliquer. Au contraire, c'est sur ses échecs, ou ses "presque-victoires", qu'il devra s'ancrer.
La finale du dernier Open d'Australie, d'abord, où il a eu le tort de traîner à entrer dans son match. Dommage, car je reste persuadé que Federer était largement à sa portée ce jour-là. Ou son quart de finale de Wimbledon, en 2016, où il avait eu balle de match avant de s'incliner, encore en cinq sets. Mieux commencer et savoir finir, tels seront ses deux défis. Mais Marin Cilic n'aurait aucune raison de rentrer tête basse. Oui, même contre Federer. Derrière le Suisse, gardien du temple arrivant avec tambour et trompettes, Cilic s'avance au All England Club en favori silencieux. C'est le 15 juillet qu'il veut faire du bruit.
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