Wimbledon - Djokovic revient sur sa victoire face à Nadal en 1/2 : "On vit pour ce genre de matches"

La 52e n'était pas la plus belle de toutes, mais elle avait de la gueule. Une vraie belle gueule. Vainqueur de Rafael Nadal pour la 27e fois de sa carrière, samedi, à l'issue de la seconde demi-finale de cette édition 2018 de Wimbledon, Novak Djokovic a signé une victoire tout aussi symbolique qu'importante après deux années ponctuées de galères physiques et tennistiques. Une victoire qui va lui permettre de briguer un quatrième titre à Wimbledon après 2011, 2014 et 2015 et de disputer une 22e finale en Grand Chelem. Un an après avoir disputé son dernier match de la saison 2017, c'est une petite revanche doublée d'une renaissance que vit le Serbe.

Si on faisait un court saut dans le passé - pour repartir quelques semaines plus tôt - la perspective de voir Djokovic disputer une finale en Grand Chelem paraissait bien mince, voire même inexistante. Reparti avec son ancienne équipe autours de son ami proche Marian Vajda, après avoir arrêté ses collaborations avec Andre Agassi et Radek Stepanek après l'Open d'Australie, le 21e joueur mondial a terminé à Londres la période la plus compliquée de sa carrière. Jeu en friches, physique en berne au point même de le faire passer par la case opération début février, retour précipité aux Etats-Unis, le Serbe a pas mal broyé de noir depuis son sacre à Roland-Garros il y a deux ans et surtout multiplié les mauvais choix.

Forcément, cette victoire marquante face à Nadal vient récompenser le travail de reconstruction effectué depuis début avril. "C'est difficile de trouver des mots. Je prends les choses comme elles arrivent. J'ai repensé aux quinze derniers mois et tout ce que j'ai enduré pour arriver ici, me qualifier en finale et gagner contre le meilleur joueur de la planète", a expliqué Djokovic après sa qualification. "C'est l'un des matches les plus longs que j'ai joué sur deux jours, je suis comblé d'être dans cette situation. On vit et on travaille pour ce genre de matches".

Très déçu de sa défaite en quart de finale de Roland-Garros face à Marco Cecchinato, au point même de ne pas vouloir disputer la saison sur herbe, Djokovic a vécu un retour de flamme fulgurant dans la capitale anglaise. La courte saison sur gazon a accéléré son processus. "J'ai décidé de jouer même si j'étais déçu de mon match et qu'il était difficile d'évoquer ce qui allait arriver. C'est pour ça que j'ai dit que je ne savais pas", a expliqué le quintuple finaliste du tournoi au sujet de son point presse un peu lunaire et effectué en catimini à Paris. "J'ai pris quelques jours de vacances, je me suis ressourcé et j'ai décidé de retourner sur les courts et de continuer. C'était évidemment le bon choix. Ensuite, j'ai eu une grande semaine au Queen's (défaite en finale face à Marin Cilic). Il fallait juste que je m'assure que je puisse disputer des matches en cinq sets. J'ai eu une excellente préparation pour le tournoi".

Auteur d'une belle bagarre avec l'Espagnol lors de la demi-finale du Masters 1000 de Rome au mois de mai dernier (défaite 7-6(4), 6-3), Djokovic avait déjà pris date pour quelque chose de mieux face au Majorquin dans la capitale italienne. Surtout que Nadal craignait particulièrement leurs retrouvailles. Un mois et demi après cette prise de date, le Serbe a mis les bouchées doubles pour signer son premier succès face à l'Espagnol depuis deux ans (quart de finale du Masters 1000 de Rome 2016). Une chose impensable il y a encore deux mois de cela. Ce succès face à Nadal, c'était le dernier déclic qui lui manquait pour parachever son opération reconquête des sommets. Psychologiquement, le 21e mondial a frappé un grand coup.

Ce qui a marqué lors de ce duel face au n°1 mondial, c'est l'absence d'écart. Un set pour l'un, un set pour l'autre, un tie-break du 3e set indécis et bis repetita samedi. "Cela aurait pu aller des deux côtés. Cela a été plutôt clair que peu de choses ont séparé les deux joueurs. Jusqu'au dernier point, je ne savais pas si j'allais gagner", a expliqué Djokovic au sujet de cette demie charnière. "Je croyais en mes chances, mais il était si près, tout en ayant ses propres opportunités. Cela a été quelque chose d'intense de jouer à ce niveau face à l'un de vos plus grand rivaux, même le plus grand. C'est quelque chose de fort au niveau émotionnel".