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Wimbledon : Dix ans après, les Britanniques ont-ils un peu oublié Andy Murray ?
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Publié 28/06/2023 à 23:37 GMT+2
L'édition à venir de Wimbledon est l'occasion de célébrer un anniversaire important, celui des dix ans du premier titre d'Andy Murray qui mettait ainsi fin à 77 ans d'attente pour le tennis britannique. L'Ecossais en a logiquement récolté de magnifiques lauriers, mais alors qu'il se bat toujours raquette en main avec d'autres moyens qu'à son apogée, comment est-il désormais perçu par les siens ?
Andy Murray à Wimbledon en 2013
Crédit: Getty Images
Le détail peut sembler anecdotique, mais il a fait réagir dans le clan Murray. Et c'est assez rare pour être relevé. Dans son affiche pour l'édition 2023, Wimbledon a fait le choix d'une représentation des rivalités de champions qui ont marqué, marquent actuellement et marqueront probablement l'histoire du tournoi. On y voit les jeunes Carlos Alcaraz et Jannik Sinner au premier plan, le "Big 3" (Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic) au deuxième, ou encore plus loin John McEnroe et Björn Borg. Mais Andy Murray, lui, y brille par son absence.
Parmi les nombreux internautes l'ayant marqué, l'oncle et le frère Jamie de l'intéressé ont fait part de leur incompréhension, voire de leur indignation. L'auteur de l'illustration s'est justifié dans la foulée en expliquant que d'autres affiches étaient prévues. Et il est d'ailleurs à noter que bien d'autres légendes du All England Club, au premier rang desquels Pete Sampras, septuple vainqueur, manquent effectivement à l'appel.
Il n'empêche, Murray ne fait pas partie du premier poster, ce qui n'est pas loin de constituer un affront quand on sait que cela fera pile dix ans cette année qu'il a écrit une page de l'histoire du sport britannique. Et finalement, le fait que le soufflet soit vite retombé – aucune légende majeure du tennis outre-Manche n'a réagi depuis, peut-être pour ne pas créer de polémique artificielle – est peut-être plus surprenant encore : le temps aurait-il déjà fait son œuvre, faisant perdre de son aura au successeur de Fred Perry ?
"C'était la fin d'une des plus grandes disettes du sport britannique (77 ans, le dernier titre de Perry datant de 1936, NDLR). Et en tant que telle, les amateurs de sport se souviendront toujours de la vague de joie et de soulagement que Murray a déclenchée, nuance le journaliste d'Eurosport UK Robert Hemingway. C'était d'autant plus inoubliable à cause de ses échecs de peu les années précédentes, et notamment de ses larmes en 2012 après sa défaite contre Roger Federer. Sa victoire en 2013 lui a assuré le statut de légende du sport britannique, et ce quels que soient ses accomplissements ensuite – qui ont été plutôt nombreux ! Son anoblissement en est d'ailleurs la reconnaissance."
Il y a en effet fort à parier que bien des Britanniques se souviennent comme si c'était hier de ce 7 juillet 2013 caniculaire et du dernier revers dans le filet de Novak Djokovic qui avait fait le bonheur de tout un peuple. La récompense du talent, du travail et de la persévérance de celui qui avait déjà ravi les siens en allant chercher l'or olympique sur ce même gazon un an plus tôt. Murray avait été sacré devant David Cameron et Alex Salmond, alors respectivement Premiers ministres du Royaume-Uni et de l'Ecosse, ce qui en dit assez long sur l'importance de l'occasion.
Du respect pour sa seconde carrière, moins de fièvre
En gagnant à nouveau Wimbledon et les Jeux à Rio, puis en devenant numéro 1 mondial, il s'est montré plus que digne de son nouveau surnom, "Sir Andy". Mais en sport, l'actualité a tendance à tout écraser. Et depuis le début de ses problèmes de hanche en 2017, l'Ecossais n'a plus vraiment joué les premiers rôles. Certes, son retour après ses vrais-faux adieux de l'Open d'Australie 2019 et sa lourde opération à la hanche a forcé le respect, de même que sa ténacité. Force est de constater qu'il ne suscite plus tout à fait la même fièvre chez les Britanniques, tout simplement parce qu'il charrie moins d'espoirs de triomphe.
"Les gens ne l'ont sûrement pas oublié, mais ils ont accepté doucement que ses chances de rivaliser au plus haut niveau ont diminué à cause de ses problèmes bien connus de blessures. Cela étant dit, pour la plupart, Murray est encore l'une de stars du sport britannique les plus aimées et identifiables, et beaucoup espèrent que ses futurs adieux au jeu rendront justice à la marque qu'il a laissée", observe encore notre confrère britannique Robert Hemingway.
Murray refuse lui-même d'être nostalgique
Son élimination sèche au 1er tour du Queen's la semaine dernière – qui l'a privé du statut de tête de série – en a peut-être encore refroidi certains. Mais d'adieux, il n'est pas encore question. Andy Murray l'a réaffirmé dans un entretien récent à Sky Sports : il espère bien que ce Wimbledon 2023 ne sera pas le dernier. Vainqueur de deux Challengers sur gazon en préparation à Surbiton et Nottingham, il rêve d'une dernière grande aventure au All England Club, toujours aux côtés du coach de tous ses triomphes majeurs, Ivan Lendl.
Alors pourquoi se retourner vers le passé en célébrant la décennie de son triomphe historique ? Ces dernières années, Murray a d'ailleurs été plus qu'heureux de partager les projecteurs avec Emma Raducanu (sacrée à Flushing Meadows en 2021 à la surprise générale et absente cette année) et dans une moindre mesure, Cameron Norrie, demi-finaliste l'an dernier à Wimbledon.
Être au cœur de l'attention, très peu pour lui. Sinon grâce à de nouveaux exploits enchanteurs sur le gazon de Sa Majesté. L'humilité est un trait commun à bien des héros. "Sir Andy" n'en manque pas. Et s'il peut surgir pour réveiller la ferveur de toute une nation, il ne s'en privera pas.
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