Wimbledon : Pour sa 1re demi-finale en Grand Chelem, Lorenzo Musetti mise sur son tennis varié face à Novak Djokovic

A 22 ans, Lorenzo Musetti va jouer vendredi sa toute première demi-finale en Grand Chelem contre un monstre qui en est lui à sa… 49e. Le fossé d'expérience est immense mais l'Italien a pour lui un tennis complet et inventif, magnifié par le gazon de Wimbledon, qui a déjà mis en difficulté Novak Djokovic. Sera-t-il pour autant suffisant pour faire tomber le Serbe ? Là est toute la difficulté.

Lorenzo Musetti à Wimbledon en 2024

Crédit: Getty Images

Sur cette quinzaine, c'est bien lui l'ambassadeur du revers à une main. Et l'on ne s'en plaindra pas. Quand il joue à ce niveau-là, il faut bien l'avouer, Lorenzo Musetti est un vrai régal pour les yeux. Giovanni Mpetshi Perricard puis Taylor Fritz l'ont appris à leurs dépens respectivement en huitième et en quart de finale : la palette technique de l'Italien est tellement large qu'il ne pouvait que briller sur gazon si la tête suivait. Or, depuis quelques semaines, c'est le cas. Sa finale au Queen's avait sonné comme un avertissement, cette édition 2024 de Wimbledon comme une confirmation.
Plus précisément, un match a sans doute provoqué ce rebond spectaculaire chez le jeune Italien, aussi talentueux qu'irrégulier ces derniers mois : une défaite magnifique au bout de la nuit et des cinq sets au 3e tour de Roland-Garros (7-5, 6-7, 2-6, 6-3, 6-0) contre un certain Novak Djokovic. Et comme le destin a parfois de sacrés clins d'œil, c'est bien le Serbe, septuple vainqueur du tournoi, auquel Musetti fera face pour sa toute première demi-finale en Grand Chelem au All England Club.
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LONDON, ENGLAND - JULY 10: Lorenzo Musetti of Italy plays a forehand against Taylor Fritz of United States in the Gentlemen's Singles Quarter Final match during day ten of The Championships Wimbledon 2024 at All England Lawn Tennis and Croquet Club on July 10, 2024 in London, England. (Photo by Sean M. Haffey/Getty Images)

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Contre Djokovic, vous êtes plus stressé parce qu'il est probablement le meilleur de l'histoire
"Je plaisantais sur le fait de ne pas terminer encore à 3h du matin cette fois, a souri en conférence de presse l'Italien, récemment devenu père de famille. Mais blague à part, c'était un match si sympa, j'ai eu ma chance. Je n'ai probablement pas saisi les opportunités que j'ai eues, surtout dans le quatrième, après avoir mené deux sets à un. Je pense que j'ai analysé vraiment bien ce match et les moments-clés où j'aurais pu faire mieux. Je me suis mis dans cette position. Je pense que les semaines passées, à partir de Stuttgart, j'ai commencé à être plus constant dans l'attitude."
De la constance autant mentalement que physiquement, il en faudra. Face à Djokovic, Musetti a bien payé pour l'apprendre. Mené 5-1 dans ses duels face au numéro 2 mondial, l'élève de Simone Tartarini a connu surtout deux échecs en Grand Chelem à Roland-Garros. Celui que nous venons d'évoquer et un autre, il y a trois ans. En huitième de finale sur la terre parisienne, il avait mené deux sets à rien à 19 ans seulement, avant de s'effondrer déjà. Et il sait évidemment le défi qui l'attend…
"Bien sûr, je l'ai joué pas mal de fois à des endroits différents, même sur les très grandes scènes comme les deux fois à Roland-Garros. Je l'ai battu une fois à Monte-Carlo, j'ai perdu toutes les autres fois. Avec 'Nole', je tire toujours une leçon de chaque match. Le dernier était vraiment intense et stressant. Contre lui, vous êtes plus stressé parce qu'il est probablement le meilleur joueur de l'histoire ou l'un des meilleurs. Vous entrez sur le court avec une mentalité différente, a-t-il expliqué. Je pense que si je le joue d'une certaine façon, je pourrais avoir une chance."

S'inscrire dans les pas de Federer et d'Alcaraz tactiquement

Et c'est peut-être le plus important dans cette demi-finale : Djokovic en est l'incontestable favori, mais il y a des chances réelles que Musetti lui pose des problèmes. Ce n'est pas un hasard si l'Italien s'est déjà retrouvé deux fois à un set de faire l'exploit en Majeur face au Serbe. Tennistiquement, sa capacité à créer du jeu et à ne pas s'enfermer dans des échanges répétitifs en fond de court constitue une vraie force face au "Djoker", véritable métronome en cadence.
Ceux qui ont le plus mis en difficulté Djokovic sur le Centre Court ces dernières années – Roger Federer passé à un point de le battre en 2019 et Carlos Alcaraz, son bourreau de 2023 – avaient également dans leur attirail cette maîtrise des changements de rythme. Avec son slice de revers, qu'il peut jouer court croisé (comme l'ex-champion suisse) pour attirer ses adversaires au filet ou glisser le long de la ligne, il fait parfaitement fuser la balle sur le tapis vert pour parfois accélérer sur le coup suivant. Parlez-en à Taylor Fritz qui en a dégusté jusqu'à l'indigestion.
"C'est probablement quelque chose que je trouve mieux – comment dire – de ne pas donner deux fois la même balle aux autres gars. Surtout contre un bon joueur de fond comme Taylor : si je joue tout le temps à plat, je ne gagnerai pas un point. C'était la stratégie d'essayer de changer sur chaque balle pour dicter le jeu. À un certain moment, j'ai senti que je pouvais gagner tous les points depuis ma ligne de fond. Disons qu'il était mal à l'aise avec toutes mes variations. C'est certainement quelque chose que je travaille vraiment. Depuis que je suis gamin, je n'ai jamais aimé faire la même chose sur le court, être en mode automatique. Ça m'aide probablement bien sur gazon, et j'utilise ça cette semaine", a confirmé Musetti.
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Lorenzo Musetti steht im Viertelfinale von Wimbledon

Crédit: Getty Images

En finir avec son image de perdant magnifique

S'il n'est pas trop pris par l'importance de l'occasion et joue libéré, le jeune Italien, doté d'une main exceptionnelle aussi au filet, peut donc faire mal à Djokovic. Et peut-être au sens premier du terme : en le forçant à fléchir beaucoup les jambes, à rester constamment sur le qui-vive, Musetti peut tester au maximum le genou récemment opéré de son adversaire. Voilà qui pourrait être une autre clé du match, tant le Serbe a dominé physiquement lors de leurs duels précédents en Grand Chelem.
Toutefois rassurant à ce niveau en huitième de finale contre Holger Rune et préservé physiquement par le forfait d'Alex de Minaur en quart, Djokovic a l'expérience et l'ascendant psychologique pour lui. À Musetti de faire dans l'inédit : briller certes, mais pour lever les bras à la fin. Et non se cantonner au rôle de perdant magnifique qui lui colle jusqu'ici à la peau.
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