Demi-finale - Wimbledon 2025 - L'Annapurna puis l'Everest, mais à Wimbledon, Djokovic "a une chance" face à Sinner

Pour Novak Djokovic, désormais, c’est toujours la même chanson. Pour espérer boucler sa dernière grande conquête, un 25e titre en Grand Chelem, le Serbe doit s’offrir un doublé : Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Il n’existe pas de plus grand défi aujourd’hui tant ces deux-là, détenteurs des six derniers tournois du Grand Chelem, dominent le monde avec une marge assez folle. Mais Nole, comme le mois dernier à Roland-Garros, y retourne ce vendredi : l’Italien, d’abord, puis, selon toute vraisemblance, l’Espagnol si tout se passe bien. L’Annapurna puis l’Everest en somme.

"J'ai une nouvelle opportunité. Pour moi, ce qui compte, c’est d’être dans les derniers tours des tournois du Grand Chelem et jouer contre le meilleur joueur du monde, a-t-il commenté après sa victoire en quart contre Flavio Cobolli. Sinner et Alcaraz sont les leaders du tennis d'aujourd'hui. Je ne pouvais pas rêver d'un plus grand défi, c'est sûr." Un mois après une défaite en trois sets dont le score ne disait pas tout du combat (6-4, 7-5, 7-6), il remet le couvert face à un Sinner qui fut fantastique à Paris, surtout dans les moments cruciaux.

Trente-trois jours plus tard, Djokovic peut-il renverser la table ? "Sur gazon, il a plus confiance en son déplacement que moi, sans doute aussi parce qu’il a plus d’expérience de cette surface, commentait Sinner la semaine dernière. Il varie aussi un peu plus son jeu." 

A priori, s’il y a bien un endroit sur le circuit où il peut le faire, c’est sur le Centre Court de Wimbledon. Sept fois vainqueur ici, Djokovic aime le gazon, la surface la moins exigeante physiquement. A 38 ans, ça compte. Ces dernières années, il a manqué de caisse pour venir à bout des deux extra-terrestres, ou même d’Alexander Zverev en janvier, quand il n’a pas déclaré forfait comme à Roland-Garros l’an passé.

"En termes de niveau de jeu, j'ai le sentiment de pouvoir jouer d'égal à égal (ndlr : avec Sinner et Carlos Alcaraz) et même de pouvoir les battre si je joue à mon meilleur niveau, a estimé Djokovic après sa victoire en quarts de finale. Je dois d'abord battre le N.1 mondial puis affronter Alcaraz (ou l'Américain Taylor Fritz, NDLR) en finale. J'espère que physiquement, j'arriverai à encaisser ça."

Face à des gamins beaucoup plus jeunes que lui (22 et 23 ans), la dimension physique est aujourd’hui essentielle. Au-delà des circonstances et des questions qui entourent l’état du coude de Sinner ou les conséquences de la chute du Serbe en quart, Djokovic n’aura jamais autant de chances face à eux qu’à Londres.

"Pour moi, Novak est le favori, a commenté cette semaine son ancien coach Goran Ivanisevic. Il est le plus expérimenté, c'est le meilleur joueur sur gazon et il sait exactement de quoi il retourne ici. Ça va être fascinant à voir." Des compliments que le recordman de victoires en Majeurs a accueillis avec beaucoup de prudence, conscient que le New Two est intouchable depuis plus d’un an.

"J'aime Goran et je suis heureux qu'il m'aime en retour, mais je ne pense pas être le favori contre ces deux-là pour le moment, a reconnu Djoko. Mais c'est probablement ici que j'ai mes meilleures chances contre eux. Je pense que j'ai une chance. Il n'y a aucun doute à ce sujet."

Son service slicé est un atout gigantesque sur herbe et, hormis un premier set calamiteux face à Alex De Minaur, Djokovic affiche un sacré niveau de jeu. Mais il devra résoudre un problème majeur face à Sinner : son retour. Lors de huit derniers sets disputés face à l’Italien, Djokovic, qui s’est incliné lors de leurs quatre dernières confrontations, ne lui a pris sa mise en jeu qu’à une reprise. A Roland-Garros le mois dernier, Sinner n’avait pas bien servi (53% de premières balles) mais Djokovic n’était jamais parvenu à l’inquiéter. Cette demi-finale se jouera aussi ici. Bien sûr, Djokovic a battu Sinner chaque fois qu’il l’a rencontré sur le gazon anglais mais depuis leur dernière bataille ici, en 2023, Sinner n’est plus le même joueur. 

Sam Querrey, tombeur de Djoko à Wimbledon en 2016 et retiré des courts aujourd’hui, croit plus que jamais aux chances du Djoker : "J’ai l'impression que Djokovic voit ce tournoi comme probablement sa dernière et meilleure chance de gagner un Grand Chelem. Je m'attends donc à ce qu'il consume toute l'énergie qu'il lui reste." Du gazon et une dernière chance pour un champion de sa stature, voilà de quoi rendre cette demi-finale sans doute bien plus indécise qu’il y a un mois.