Wimbledon 2025 - "Ça m’a sauvé" : Marin Cilic, aux origines d'un come-back inattendu

On l'avait presque oublié. Ou en tout cas, il semblait faire partie du passé. Et personne ne l'attendait vraiment. Mais Marin Cilic reverdit cette année à Wimbledon, où il n'avait plus joué depuis 2021. Le voilà aux portes des quarts de finale après avoir écarté le Britannique Jack Draper (4e) et le coriace espagnol Jaume Munar. Avec un vrai coup à jouer face à Flavio Cobolli. Et ça semble totalement improbable après des années de galère. La faute à un genou récalcitrant.

En 2023 – une année marquée par trois petits matches joués - et 2024, Marin Cilic a vécu un vrai calvaire. Des douleurs au genou l'ont empêché de jouer pendant de longs mois. On le pensait alors perdu pour le tennis du haut de ses 35 ans, avec une fin de carrière à la Juan Martín del Potro.

Contrairement à l'Argentin, le Croate a cependant trouvé la solution miracle. Après avoir refusé de mettre un terme à son aventure sur le circuit, ce qui n'aurait choqué personne étant donné son beau palmarès et son âge. Mais voilà, "il y a toujours eu cette étincelle. Cette envie et ce sentiment que mon niveau est toujours là", explique désormais le vainqueur de l'US Open 2014.

Le chemin de croix a cependant été long, après sa blessure au ménisque à l'ATP 250 de Pune en janvier 2023. "Après la première opération, le résultat n'était pas au rendez-vous. Je n'avais donc aucune idée de ce qu'il fallait faire à ce moment-là", a confié cette semaine l'ancien numéro 3 mondial. "C'était la partie la plus difficile. En tant qu'athlète, on se dit que quand on a une blessure, quelqu'un va la soigner. Malheureusement, ce n'était pas le cas."

Frustré, meurtri et abattu par moments alors qu'il a avoué avoir pensé à arrêter sa carrière à plusieurs moments, Marin Cilic, qui a tenté un premier retour raté en juillet 2023 au tournoi d'Umag, n'a pas lâché. Mieux, il s'est obstiné pour trouver les raisons de ses maux. "J'ai fait des centaines de recherches, j'ai lu par moi-même et j'ai parlé à des dizaines de médecins qui ne m'ont pas donné la vraie réponse. Et de mon propre chef, j'ai alors décidé de me rendre directement aux États-Unis pour consulter quatre ou cinq médecins et obtenir leur avis. Heureusement, j'ai réussi à trouver une solution".

La solution, c'est Brian Cole, un chirurgien orthopédique et expert en médecine sportive à Chicago, qui l'a trouvé en ciblant des soucis de cartilage. "Il a été très direct et m'a expliqué très clairement ce qu'il voulait faire, a raconté Cilic à l'ATP en avril dernier. Je savais pratiquement tout grâce aux recherches, j'ai découvert quels étaient les meilleurs choix, les meilleures méthodes pour un athlète de mon âge. Ensuite, j'ai suivi l'idée du médecin, qui m'a vraiment sauvé". Il lui a notamment redonné la chance de faire à nouveau son métier. Et retrouver le sourire.

Sorti du classement ATP en janvier 2024 après ne pas avoir marqué le moindre point pendant plus d'un an, l'ex-numéro 3 mondial a enfin vu le bout du tunnel. En septembre dernier, il a déjà fait reparler de lui de manière fracassante en devenant le joueur le plus mal classé à glaner un trophée ATP en s'imposant à Hangzhou pour décrocher son 21e titre en carrière. Et s'il a connu ensuite des moments compliqués sans parvenir à retrouver son efficacité sur le circuit, il a choisi de retrouver confiance en Challenger. Avec un succès à Girone en mars, une finale à Madrid dans la foulée avant un nouveau titre à Nottingham juste avant de venir à Wimbledon. "Ça m'a beaucoup aidé. Donné de la confiance", avoue-t-il.

Arrivé lancé sur les gazons du All England Club, Cilic, qui explique s'être inspiré du retour cet hiver de Lindsey Vonn, ne cesse depuis de se rappeler aux bons souvenirs de toute la planète tennis, alors que son jeu sied si bien au gazon. Finaliste en 2017 à Wimbledon et alors qu'il n'avait même plus gagné un match dans le tableau final d'un Grand Chelem depuis l'US Open 2022, il se remet même à rêver en grand. "Je crois en mon potentiel car je sens que mon meilleur tennis est encore là. Je suis conscient que je peux atteindre un très haut niveau", prévient-il. Et s'il est déjà assuré de remonter à la 65e place mondiale, il ne compte pas s'en contenter. Bien décidé à profiter à fond de cette "deuxième chance" qui semblait si inespérée il y a encore quelques mois.