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WTA Indian Wells : Iga Swiatek, l'ombre d'un doute ? "Elle a une cible dans le dos"

Maxime Battistella

Mis à jour 11/03/2023 à 18:06 GMT+1

WTA INDIAN WELLS – Tenante du titre et numéro 1 mondiale incontestée, Iga Swiatek s'avance en favorite logique dans le désert californien. La plupart du temps expéditive et impressionnante, elle a toutefois connu deux coups d'arrêt spectaculaires en huitièmes à l'Open d'Australie et en finale à Dubaï et s'est épanchée sur ses difficultés à gérer la pression. Alors son hégémonie est-elle menacée ?

Iga Swiatek à l'entraînement à Indian Wells en 2023

Crédit: Getty Images

On la pensait partie pour une nouvelle série ahurissante. A Doha, Iga Swiatek n'avait laissé que cinq petits jeux à la concurrence pour environ trois heures passées sur le court (en trois matches), puis elle avait atteint la finale à Dubaï en expédiant aussi ses adversaires les unes après les autres. Mais la numéro 1 mondiale ne gagnera pas 37 matches consécutifs d'ici Wimbledon comme l'an passé. Car aux Emirats arabes unis, Barbora Krejcikova a eu raison d'elle et avec la manière (6-4, 6-2) pour s'adjuger le trophée. Alors la Polonaise ferait-elle moins peur avant de défendre son titre à Indian Wells ?
La principale intéressée a en tout cas elle-même fait part de certaines fragilités sur le plan psychologique. Après sa défaite en finale à Dubaï, elle a ainsi partagé ses pensées par l'intermédiaire d'un message sur les réseaux sociaux comme cela lui arrive assez régulièrement. "Je me rends compte que certains d'entre vous en attendent encore plus de moi mais… je suis juste humaine. Je resterai exigeante, je profiterai du circuit et je continuerai à travailler dur. En fin de compte, c'est tout ce que je peux contrôler. Mes efforts et mon implication", a-t-elle notamment tweeté.

Tennistiquement implacable mais mentalement plus fragile

Ces quelques lignes en disent long sur une certaine perméabilité de Swiatek à la pression extérieure ou à celle qu'elle se met elle-même. Déjà à Melbourne, elle n'avait pas hésité à pointer du doigt sa gestion mentale de l'événement après sa défaite en huitièmes de finale contre Elena Rybakina (6-4, 6-4). "J'ai l'impression d'avoir fait un pas en arrière dans ma façon d'aborder ces tournois, et j'en voulais peut-être un peu trop. Donc je vais essayer de me détendre un peu plus. C'est tout. J'ai ressenti la pression, et j'ai senti que je ne voulais pas perdre au lieu de vouloir gagner", avait-elle confié en conférence de presse.
Sa domination écrasante en 2022 – 8 titres dont deux en Grand Chelem, 67 victoires et 9 défaites – lui avait donné un côté implacable. La différence était elle avec la concurrence par séquences que la Polonaise donnait l'impression de ne pas évoluer dans la même catégorie et rien ne semblait pouvoir perturber sa marche en avant. A tel point que les comparaisons ont fleuri avec d'autres patronnes toutes puissantes de l'histoire du tennis féminin, comme Serena Williams, ont fleuri.
Alors, forcément quand la carapace s'est fendue, certains ont été surpris. "C'est une jeune femme très émotive et je pense qu'elle a dû apprendre à rester calme, à ne pas paniquer, observe Chris Evert, consultante pour Eurosport. Elle a parlé par le passé du fait qu'elle avait tendance à angoisser dans la vie et sur les courts de tennis. Nous savons que c'est une super compétitrice, une super athlète et qu'elle a des armes merveilleuses ans son tennis. Mais il semble que quand elle s'est inclinée ces derniers temps, ses émotions ont pris le dessus. En comparaison, Djokovic est presque une machine. Une fois sur le court, il a la capacité de se mettre dans sa bulle, de se concentrer et de ne pas laisser ses émotions le détourner de son objectif."
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Henin : "Swiatek a été empêchée par une joueuse qui a pris ses responsabilités"

Avec son niveau moyen, elle gagne 9 matches sur 10
Non, Iga Swiatek n'a pas la dimension mentale d'une Serena Williams qui usait de sa présence physique et de son aura pour impressionner ses adversaires. Dans ce domaine, la Polonaise ne sera peut-être jamais aussi forte que l'Américaine au regard de tueuse et à l'assurance désarmante dans sa quête insatiable de la victoire et des records. Mais cela ne veut pas dire que la Polonaise ne peut pas progresser. D'ailleurs, elle l'a déjà fait pour parvenir à ce niveau. Car si la tête n'avait pas suivi le physique et les qualités tennistiques, elle n'aurait pas conquis déjà trois titres Majeurs et la place de numéro 1 mondiale.
"Elle reste la joueuse à battre, quoi qu'on en dise, insiste Evert. Elle perdra une fois de temps en temps, mais elle reste la meilleure. Et elle a une cible dans le dos. Personne ne peut comprendre la pression attachée au fait d'être numéro 1, à moins de l'être. (…) C'est toujours la joueuse la plus fiable, la plus solide et régulière du circuit. Et pas seulement : elle peut faire mal à n'importe quelle joueuse grâce à la manière dont elle prend la balle tôt et ses qualités athlétiques. Avec son niveau de jeu moyen, elle gagne quand même 9 matches sur 10. Et si elle a une psychologue du sport (Daria Abramowicz, NDLR) dans son équipe, c'est parce que la partie mentale et émotionnelle est très importante dans le tennis désormais et il faut savoir la gérer."
La manière dont Swiatek a rebondi de sa déconvenue aux Antipodes ne trompe pas. Si sa confiance en soi n'est pas aussi naturelle et développée que certaines légendes du passé, sa capacité à se remettre en question en peu de temps pour repartir de l'avant est à nulle autre pareille sur le circuit féminin. Depuis le début de l'année, elle a déjà infligé cinq fois 6-0 à ses adversaires dont certaines aussi prestigieuses que Jessica Pegula et elle fait constamment évoluer son jeu vers plus d'agressivité.
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La stat folle qui montre que Swiatek reste la patronne de la WTA

Sabalenka, enfin une rivale crédible ?

Quand les sensations sont moins présentes, elle s'en sort aussi la plupart du temps, même si elle est plus vulnérable contre les joueuses qui frappent fort et à plat. Pegula l'avait montré lors de la United Cup, ainsi qu'une certaine Aryna Sabalenka au Masters en fin d'année dernière. La Biélorusse l'avait aussi bien accrochée en demi-finale de l'US Open. Décomplexée par son premier titre en Grand Chelem en Australie, celle-ci peut-elle constituer une rivale crédible à l'avenir ?
"Je pense que nous cherchons des rivalités entre les meilleures depuis quelques temps, et ces deux femmes peuvent emmener le tennis féminin à un autre niveau avec leur puissance et leurs qualités athlétiques, estime enfin Chris Evert. Ce serait super, parce qu'il y a quand même un contraste dans leurs styles, ce qui rend les choses palpitantes. Le jeu de Sabalenka est construit autour de la puissance, Iga aussi mais elle prend la balle plus tôt." Reste que jusqu'à preuve du contraire, au top de son tennis, la Polonaise a toujours les clés. A elle de le confirmer dans le désert californien.
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