Triathlon | Nice, nouvelle place forte mondiale de l'Ironman

La délocalisation du championnat du monde Ironman, de Kona à Nice, n'avait pas encore été officialisée lorsque la légende vivante de la discipline Jan Frodeno a clairement fait savoir ce qu'il en pensait : "On ne joue pas Wimbledon dans le Sussex". L'Allemand de 42 ans espérait conclure son immense carrière en beauté à Hawaï, où est né le plus long format du triathlon (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42,195 km de course à pied) d'un pari entre têtes brûlées locales en 1978.

Mais pour la première fois de son histoire, le championnat du monde Ironman abandonne à moitié le territoire américain pour l'Europe et Nice, qui accueillera la course masculine dimanche avant celle des femmes l'an prochain dans une nouvelle alternance jusqu'en 2026. "On voulait continuer de mettre en avant les femmes en leur offrant une journée complète de compétition, mais ce n'était plus possible de faire deux jours à Kona", explique à l'AFP Thibault Vellard, responsable d'Ironman France.

"Ca fait 45 ans que Kona a lieu", poursuit-il. "Ca reste le mythe, La Mecque des triathlètes. Mais quand on est Européen, ça coûte très cher d'y aller. Avoir une destination européenne permet de rééquilibrer un peu le jeu. Et l'une des places les plus légitimes pour accueillir un triathlon en Europe, c'est Nice". Dotée d'une large capacité hôtelière, la cité azuréenne organise depuis le début des années 1980 un triathlon longue distance dont l'Américain Mark Allen, dix fois vainqueur, a contribué à façonner la renommée internationale.

"Nice est un peu l'équivalent européen de Kona", présente Vellard. "Tous les changements sont généralement critiqués, mais je pense que ce sera un succès (...) Ca va offrir quelque chose de différent, avec l'un des plus beaux parcours vélo au monde".

Avec plus de 2.500 mètres de dénivelé et des descentes techniques, les 180 km de vélo pourraient justement rebattre les cartes parmi les prétendants au titre mondial par rapport au tracé beaucoup plus roulant de Kona. "Il y a des montées, un peu de technique, mais aussi des parties plus plates. Il faut être un cycliste complet et c'est intéressant puisque les triathlètes doivent, par nature, être des sportifs complets", dit à l'AFP Clément Mignon.

Le jeune Français (24 ans) connaît d'autant mieux le parcours qu'il est installé à Nice depuis bientôt trois ans et qu'il a remporté en juin dernier l'Ironman organisé chaque été sur la Promenade des Anglais. De quoi en faire l'un des favoris ce week-end. "Je ne le fais pas toutes les semaines non plus. Les autres vont le connaître presque autant que moi", nuance Mignon, 9e l'an passé à Hawaï, deux rangs derrière son compatriote Léon Chevalier, lui aussi bon grimpeur.

Malgré une saison "en dents de scie" et une préparation perturbée par des blessures et des infections, Sam Laidlow sera également attendu dimanche après sa deuxième place de 2022, le meilleur classement jamais enregistré par un Français, qui lui a apporté "beaucoup de sollicitations et un nouveau statut à gérer". Le triathlète d'origine britannique reconnaît auprès de l'AFP avoir été "un peu triste" lorsqu'il a appris que le championnat du monde allait migrer de Kona à Nice une année sur deux.

"Je rêve d'aller à Hawaï depuis que je suis petit", raconte-t-il. "Mais je me suis dit avec le temps que c'était quand même une belle opportunité en tant que Français". Un premier sacre mondial aiderait sans doute à atténuer encore davantage la déception.