Cammas s'offre le Rhum

Thomas Coville (Sodebo) en avait fait son favori avant le départ. Il ne s'est pas trompé. Sur les coups de 16h17 (heure française), après neuf jours, trois heures et quatorze minutes de course, Franck Cammas (Groupama 3) a franchi en vainqueur la ligne d'arrivée de la 9e édition de la Route du Rhum. A 37 ans, le skipper signe son premier succès en quatre participations (1998, 2002, 2006 et 2010) dans la transatlantique Saint-Malo - Pointe-à-Pitre. "Bravo Franck! Super boulot! Super bateau, super bien préparé et un joli choix de route, déclarait Coville à la vacation radio, lundi soir. C’était très intelligemment mené, à l’image de son skipper."

Détenteur du Trophée Jules Verne, le tour du monde en équipage sans escale, depuis le début de l'année, Franck Cammas s'était fixé un nouvel objectif dans cette Route du Rhum 2010. Plus qu'un objectif, un défi majeur : barré seul le maxi trimaran de 31,50 mètres conçu au départ pour la navigation en équipage. Pour ce faire, le bureau d'études du team Groupama a fait énormément évoluer le bateau. Et l'a notamment équipé d'un nouveau mât, plus court de 5 mètres pour faciliter les changements de voiles. Un vélo a également été installé sur le pont pour hisser les voiles ainsi que plusieurs pilotes automatiques, transformant Groupama 3 en bête de course pour la navigation en solitaire.

Toutes ces modifications ont porté leur fruit et ont permis au natif d'Aix-en-Provence de disposer d'une véritable F1 des mers. La suite ? Des choix judicieux dès le départ avec une option risquée mais payante au sud de l'anticyclone des Açores. Des vents forts dès le départ qui lui permettaient de signer une très bonne entrée en matière. Grâce à un vent porteur, il creusait rapidement l'écart sur Thomas Coville (Sodebo) et Francis Joyon (IDEC), ses principaux contradicteurs jusqu'au bout. De quelques dizaines de milles, son avance se portait vite à plus de 200 milles. Il gérait ensuite intelligemment la fin de course en maintenant constamment un avantage important jusqu'à l'arrivée à Pointe-à-Pitre.

Une arrivée "stressante", selon ses dires avec de "nombreux obstacles autour comme les pêcheurs et les navires" et des vents de sud faibles ralentissant sa progression. Puis un tour de la Guadeloupe en passant par la Tête-à-l'Anglais, le point de passage obligatoire au nord de Basse-Terre, la partie gauche de l'île. Et enfin une dernière virée à babord (gauche) d'une bouée au sud de la Guadeloupe avant l'arrivée à Pointe-à-Pitre en début de matinée. "C'est toujours long une fin de course, expliquait-il. On a l'impression d'être arrivé mais il reste toujours du chemin." Cette fois, c'est sûr, c'est bien terminé pour Franck Cammas. Attendu par des milliers de guadeloupéens toujours prompts à fêter le vainqueur depuis 1978, Cammas a désormais tout le loisir de savourer ce premier succès autour d'un verre. Un succès au bon goût de Rhum.