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"Ça peut vraiment être l'enfer" : Quand un champion du monde Kitesurf se frotte à The Ocean Race

Glenn Ceillier

Mis à jour 28/02/2023 à 15:04 GMT+1

THE OCEAN RACE – Champion du monde de kitesurf en 2010, Antoine Auriol participe à cette édition de The Ocean Race en tant que reporter embarqué sur Team Malizia. S'il s'est reconverti ces dernières années dans les séries documentaires, le Breton nous livre ses impressions sur cette découverte atypique de la course au large et ce tour de monde en équipage.

Team Malizia

Crédit: The Ocean Race

Ce dimanche, les aventuriers de The Ocean Race se sont élancés dans la troisième étape, la plus longue, qui relie Le Cap, en Afrique du Sud, à Itajaí au Brésil, via l'Océan pacifique. Un périple de près de 13 000 kilomètres sur lequel s'est engagé Antoine Auriol, ancien champion du monde de kitesurf et reporter embarqué sur Team Malizia. The Ocean Race est à suivre Sur Eurosport.
Comment un ancien champion du monde de kitesurf se retrouve sur The Ocean Race en tant que reporter embarqué ?
Antoine Auriol : Tout est justement parti de ma passion du kitesurf, qui m'a ouvert beaucoup de portes. Quand j'ai été sacré champion du monde en 2010, j'ai fait le constat que j'étais arrivé au bout de ce que je voulais faire en compétition. C'est donc à ce moment-là que j'ai développé des documentaires sur le vent ou l'écologie. Le bateau ne me faisait ainsi pas forcément rêver. Mais il y a trois ans, un copain d'enfance, Thibaut Vauchel-Camus qui est skipper sur des "Ocean Fifty", m'a convié pour une traversée entre Saint-Malo et Saint-Quay-Portrieux. Cette expérience m'a redonné des sensations que je n'imaginais pas trouver en voile. De fil en aiguille, j'ai alors fait des images sur ces trimarans pour des reportages. Et quelques temps plus tard, on m'a proposé de rencontrer Boris Herrmann (ndlr : le skipper de Team Malizia), qui recherchait un reporter embarqué. Ça a "matché" tout de suite. Et voilà comment je me retrouve face au challenge de The Ocean Race.
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Team Malizia dompte le vent pour remporter le sprint : le résumé

Justement, quels sont vos ressentis sur The Ocean Race après deux étapes et en quoi est-ce un challenge ?
A.A. : Il faut avoir conscience qu'il n'y a pas de toilettes, pas de douche sur le bateau. Et dès qu'il y a du vent de face, on se fait terriblement secouer. Ça peut vraiment être l'enfer sur ce bateau. Même dans notre bannette, on se fait défoncer dans ces conditions extrêmes. Mais après, il y a des moments magiques. Quand il y a moins de vent par exemple, il est alors possible de sortir sur le pont observer les étoiles. En général, j'essaye de rester positif en transformant chaque instant en une expérience de vie pour grandir en tant qu'être humain. Je vois ainsi cette course comme un passage obligatoire dans ma vie pour me renforcer en sortant de ma zone de confort. C'est hyper enrichissant. J'y prends beaucoup de plaisir en me forçant à profiter de cette expérience unique avec des grands skippers que je n'aurais pas connus sans ce projet.
Au jour le jour, comment arrivez-vous à gérer votre quotidien dans ces conditions extrêmes?
A.A. : Il faut utiliser les rares moments qu'on a pour soi pour se coucher, se reposer, afin de maintenir un minimum de force vitale, ce qui permet d'affronter les jours suivants. Si tu commences à puiser dans tes réserves et que les conditions ne s'améliorent pas, ça devient vite de la survie. Il faut vraiment le vivre pour le croire. La difficulté de mon boulot, c'est de rester concentrer sur les images et de réaliser des petits montages pour les envoyer à l'organisation de The Ocean Race et aux différents médias. Grâce à cela, j'ai un objectif et une petite routine bienvenue.
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Team Malizia - The Ocean Race 2023

Crédit: Other Agency

Est-ce difficile de trouver sa place dans ce bateau qui est plus construit pour du solitaire et alors que les quatre autres membres sont concentrés sur leur mission de marins ?
A. A. : Je filme les gens comme j'aimerais être filmé. J'essaye de ne pas les déranger. Et dès que je sens qu'il y a un peu de tension, je m'éloigne un peu. Il y a vraiment une belle énergie. Je fais partie de l'équipage au final.
Avec cette nouvelle génération d'Imocas que l'on qualifie souvent de bateaux volants avec leurs foils, retrouvez-vous des sensations de vitesse identiques au kitesurf ?
A.A. : Tout fonctionne de la même manière, sauf que là, on est sur un immense bateau qui pèse neuf tonnes. C'est fou qu'un bateau aussi lourd accélère si rapidement. Dès qu'il y a une risée, on peut passer de huit noeuds à 20 en quelques secondes. C'est vraiment impressionnant. Il y a une belle sensation de glisse.
Vous vous attaquez maintenant aux mers du sud et à l'océan Austral, qui est réputé comme le plus sauvage et le plus isolé, quel sentiment prédomine : la crainte ou l'excitation ?
A.A. : Il y a bien sûr des craintes si on commence à réfléchir par exemple au Point Némo qui est l'endroit le plus éloigné de toutes terres. Se dire qu'il peut nous arriver quelque chose à cet endroit-là fait évidemment peur. Mais j'essaye de ne pas y penser. J'ai confiance en ce bateau qui est hyper résistant et surtout en l'équipage. Je me sens vraiment bien entouré. Il y a une vraie belle énergie à bord avec beaucoup de respect et de bienveillance.
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