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"Deux étapes en une" : il est l'heure d'écrire l'histoire de The Ocean Race

Glenn Ceillier

Publié 25/02/2023 à 18:29 GMT+1

THE OCEAN RACE – Après avoir pu souffler quelques jours, les équipages de The Ocean Race 2022-2023 replongent ce dimanche (12h30) dans le grand bain. Et pas n'importe lequel puisqu'ils s'attaquent à l'assaut des tumultueuses mers du Sud lors de l'étape la plus redoutée de cette course autour du monde, la plus longue jamais organisée dans l'épreuve. Un vrai défi. Et pour de multiples raisons.

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Et c'est reparti pour un tour ! Mais cette fois, il n'est plus l'heure de faire des tests. De prendre la mesure du bateau ou de trouver sa place à bord. Les cinq Imocas, présents au Cap pour The Ocean Race, s'attaquent au gros morceau de cette édition 2022-23 : la troisième étape, qui est tout simplement la plus longue jamais organisée par cette compétition qui fait le tour du monde en équipage depuis plus de 50 ans maintenant (soit 14 éditions). "Cette troisième étape, c'est l'histoire de la course. C'est incroyable de pouvoir participer à quelque chose qui n'a jamais été fait jusque-là", nous a confiés Sam Davies, consultante Eurosport qui va embarquer avec Biotherm pour cette manche.
Arrivée au Cap le 12 février, au terme d'une deuxième étape remportée à nouveau par le voilier suisse "Holcim-PRB", barré par Kevin Escoffier, la flotte va repartir ce dimanche midi pour un marathon dans le désert maritime si atypique des mers du sud. Pour rallier le port d'Itajaí au Brésil, les marins ont un long chemin devant eux : 12 750 milles nautiques, soit entre 30 et 40 jours de course. Et pour ne rien arranger, ce long périple a lieu dans les conditions extrêmes de l'océan Austral avec sa température qui s'approche du négatif et ses eaux glacées. "J’ai hâte de découvrir le Grand Sud, ses emmerdes, ses joies, ses peurs", lance Anthony Marchand (Biotherm). "Les mers du Sud peuvent offrir des surprises… aussi bonnes que mauvaises", prévient sur le site de l'épreuve Charlie Enright (11th Hour Racing Team).
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C’est aussi une partie du monde assez dangereuse
Le programme donne froid dans le dos. Dans cet océan réputé pour être le plus indomptable et le plus isolé de la planète, les équipages vont passer au sud des trois grands caps : Le Cap de Bonne Espérance, le Cap Leeuwin et le fameux Cap Horn, au sud du Chili. Ils vont surtout voguer dans les mythiques "quarantièmes rugissants" et "cinquantièmes hurlants", où se trouvent de puissants vents d'ouest, qui affichent les moyennes de vitesse les plus hautes de la planète. Et pourraient se frotter à des vagues colossales. "Il y a le vent de l'antarctique qui te glace. Et il y a une forte instabilité avec des grains qui peuvent comporter des vents à 50 ou 55 nœuds, zéro degré et de la grêle. C'est là où c'est psychologiquement difficile", résume Sam Davies. "Ces puissants vents d’ouest qui vous propulsent au portant pour toujours... un rêve de marin. Mais c’est aussi une partie du monde assez dangereuse", complète Enright.
Cette étape est alors un vrai défi pour toute la flotte. Conviés pour la première fois sur The Ocean Race, les Imoca dernières générations, tous équipés de foils, n'ont encore jamais été confrontés aux exigences des mers du sud. Et après avoir vu les équipages tenter de pousser leur bateaux au maximum de leurs capacités lors des premières étapes - le record des 24 heures a même été battu par 11th Hour Racing lors de la 2e étape -, la clef va être de savoir comment ces Imocas vont se comporter dans ces mers du sud. "Ça va être intéressant de voir le changement de comportement. De voir comment on peut mener le bateau dans les conditions difficiles des mers du sud. On va voir comment on va s'en sortir. On a hâte", souligne Nicolas Lunven (Malizia).
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Le plus dur sera la vie à bord, par temps froid
Durant le mois qui arrive, chaque équipage va devoir trouver le bon compromis entre vitesse et sécurité pour ne pas trop solliciter les bateaux. "Après l'Océan Atlantique où on était à 100-110%, il falloir trouver une vitesse moyenne pour arriver en pleine forme au Brésil", annonce Kevin Escoffier (Holcim-PRB), qui n'est pas passé très loin lors de la 2e étape de l'endroit où il avait fait naufrage en 2020 lors du Vendée Globe, avant d'être secouru par Jean Le Cam.
Le moindre détail peut alors être déterminant. Et avec plus de 30 jours en mer, il faudra par exemple ne pas sous-estimer l'importance de la vie en collectivité sur le bateau. "Le plus dur sera la vie à bord, par temps froid, dans un petit espace", anticipe déjà Benjamin Dutreux, skipper de "Guyot Environnement-Team Europe". "Quand on est tout seul, tu peux te gérer. Là, il faut aussi penser aux autres et à l'équipage. Il faudra trouver les bonnes conditions pour gérer la fatigue de chacun. Réussir à vivre avec tout le monde dans des conditions difficiles où il fait froid". "Il faut être rigoureux sur la vie à bord", confirme Escoffier, qui faisait partie de l'équipage vainqueur de la dernière édition de l'épreuve.
Le challenge est immense. Et cerise sur le gâteau : cette étape vaudra cher pour la lutte finale de The Ocean Race. Le double de points va en effet être attribué pendant cette manche. Une première distribution (5 points pour le 1er, 4 pour le 2e…) se fera lors du passage du 143e méridien, soit à peu près au large de la Tasmanie. Et à l'arrivée au Brésil, il y aura une nouvelle distribution. De quoi faire une belle opération si quelqu'un parvient à passer les deux points en premier par exemple… "On a deux étapes en une, en termes de points et de durée", résume Escoffier, qui occupe la tête avec 10 points devant 11th Hour Racing Team (7 points) après avoir gagné les deux premières étapes. "Tu peux perdre The Ocean Race sur cette étape, mais pas la gagner", prédit de son côté Anthony Marchand (Biotherm).
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