The Ocean Race au défi des mers du sud : "Tu sais que tu vas en 'chier'"

Glenn Ceillier

Mis à jour 24/02/2023 à 12:11 GMT+1

THE OCEAN RACE – Lors de la 3e étape de The Ocean Race, la flotte va s'attaquer à l'océan Austral, connu pour être le plus difficile à dompter et le plus isolé. Avec notamment les "quarantièmes rugissants" et "cinquantièmes hurlants" où les tempêtes sont fréquentes avec des vents puissants et des vagues impressionnantes, les marins vont être mis à rude épreuve. Un mythe de la voile les attend.

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Video credit: Eurosport

"C'est un vrai mythe", dixit Samantha Davies. Des contrées aussi intrigantes que terrifiantes. Mais aussi un rite de passage obligatoire pour tout amateur de course au large qui se respecte. Et les participants de The Ocean Race vont s'y frotter dans les prochaines semaines lors de la troisième étape, la plus longue jamais organisée par l'épreuve dans son histoire. On parle bien sûr des mers du sud avec ses latitudes bruyantes, les fameuses "quarantièmes rugissants" et "cinquantièmes hurlants". "C'est une zone isolée avec des vents impressionnants et des houles folles", note la navigatrice britannique et consultante Eurosport.
Si la flotte des Imocas va devoir passer les trois grands caps du sud (Le Cap de Bonne Espérance, le Cap Leeuwin et le célèbre Cap Horn), s'attaquer à ces eaux mythiques de l'océan Austral, le plus sauvage sur terre, est un défi colossal. "Quand tu ouvres la porte pour entrer dans le sud, tu sais que tu es là pour un mois. Et c'est un mois sans chauffage, sans eau chaude. Un mois où il ne fait jamais plus de 10 degrés. Si tu te blesses, ça va mettre très longtemps à cicatriser. Tu sais que tu vas en 'chier'", résume Sam Davies, qui s'y est déjà attaquée plusieurs fois entre The Ocean Race et le Vendée Globe.
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C'est un peu comme un entonnoir…
Entre la température qui devient fraîche - si ce n'est négative - et une mer généralement agitée avec des vagues démesurées, les marins sont mis à rude épreuve. Car dans l'océan austral et notamment dans les "quarantièmes rugissants" et "cinquantièmes hurlants", les tempêtes sont monnaie courante. La raison ? Pour faire simple, le conflit entre les températures glaciales de l'Antarctique et les eaux plus chaudes en surface d'un courant circumpolaire autour du "continent Austral" provoque ce phénomène météorologique unique au monde.
La différence de température engendre des dépressions et ces vents puissants d'ouest, qui affichent les moyennes de vitesse les plus hautes de la planète. Les skippers de The Ocean Race vont d'ailleurs essayer d'en profiter pour se projeter vers le Cap Horn afin de s'échapper le plus vite possible de l'océan Austral. "Une fois que tu es dedans, tu ne peux plus faire marche arrière car la mer est tellement énorme et les courants tellement forts. Donc, tu ne peux pas juste y aller et revenir. C'est un peu comme un entonnoir", explique 'Sam' Davies, qui sera sur Biotherm pour cette troisième étape.
Très fatigant notamment à cause du froid dont tu ne peux pas jamais t'échapper
Ce défi n'a cependant rien d'anodin et n'est pas un jeu à la portée de tout le monde. "Il faut se rendre compte des conditions, qui sont dures car il fait froid avec le vent de l'Antarctique qui te glace. Pour ne rien arranger, il y a une forte instabilité avec des grains qui présentent des vents à 50 ou 55 nœuds, zéro degré et de la grêle. Si on se fait surprendre, ça peut faire des dégâts dans une mer creusée, prévient la navigatrice britannique skipper d'Initiatives Cœur. C'est très fatigant notamment à cause du froid dont tu ne peux pas jamais t'échapper. C'est là où c'est psychologiquement dur".
Dur mais aussi palpitant. Ces conditions uniques au monde, qui vont permettre de tester les Imoca et leurs foils au maximum de leurs capacités, peuvent offrir un voyage à grande vitesse et des sensations palpitantes. "On peut surfer de manière hallucinante ou faire des navigations incroyables", nous raconte Davies. A tel point que les marins, aventuriers dans l'âme, rêvent souvent tous de s'y mesurer. "J'ai envie d'aller voir à quoi ça ressemble. De quoi on parle vraiment et en quoi cet océan est vraiment différent de ce qu'on peut avoir aux larges de nos côtes. Si c'est vraiment beaucoup plus violent, j'ai envie de voir comment je réagis par rapport à ces éléments. Et comment je m'en sors tout en restant humble", nous a confié Axelle Pillain (Malizia), qui n'a pas encore eu la chance d'y naviguer.
Y aller amène son lot d'adrénaline. De défis. Et d'histoires. "Je me souviens de ma première fois lors d'un Trophée Jules Verne, raconte encore Sam Davies. J'avais 23 ans et il y avait des filles sur le bateau qui avaient déjà fait le Whitbread. Toutes les novices, on n'arrêtait pas de poser des questions au fil de notre descente vers les mers du sud : 'Quand est-ce que l'on voit le premier albatros ?' 'Est-ce que les vagues sont vraiment aussi grosses que ça ?' 'Quand est-ce que je dois prendre ma dernière douche avant qu'il ne fasse trop froid ?' Les autres n'en pouvaient plus". Mais en général, on ne fait pas le voyage pour rien. Et on en ressort marqué à vie et riche d'enseignements sur soi. "Après tu gardes toujours des souvenirs magnifiques. Le corps humain est bien fait pour ça", conclut Samantha Davies avec le sourire.
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