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24 Heures du Mans 2023 | Ferrari | "Nous ne nous attendions pas à survivre 24 heures"

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 11/06/2023 à 19:44 GMT+2

L'équipe AF Corse a été digne du grand passé de Ferrari en Endurance en menant le projet que lui avait confié le constructeur italien en 2021. En un peu plus de deux ans, Antonello Coletta, couronné de succès avec le Cheval cabré en GT, a parfaitement géré le projet de l'Hypercar 499P jusqu'au triomphe de dimanche, aux 24 Heures du Mans.

Edition d'exception et vainqueur à la hauteur : les 24 Heures résumées en trois minutes

"Ferrari est de retour. Le mythe continue", proclame une banderole dans les tribunes. Ferrari vient effectivement d'ouvrir un nouveau chapitre de son histoire, ajouter une dixième ligne à son palmarès au Mans. Sur la ligne d'arrivée, Antonio Giovinazzi tient dans sa main un oriflamme rouge frappé du cheval cabré et James Calado a récupéré le drapeau à damier. Lorsque leur complice victorieux Alessandro Pier Guidi finit son tour d'honneur et s'arrête à leur hauteur, l'Italien et le Britannique montent chacun d'un côté de la 499P n°51.
Dans sa robe d'élégance rouge barrée d'un bandeau jaune, la "rossa" déjà légendaire, digne de son inspiratrice 312 BP de 1973, peut remonter une dernière fois la ligne droite des stands, sous l'ovation d'une foule conquise, revenue vivre les grandes heures des 24 Heures. Ferrari vient de remporter la plus grande course du monde, et en prime l'édition du Centenaire, en stoppant Toyota dans l'élan de ses cinq victoires, et en éclipsant les trois autres constructeurs - Porsche, Peugeot, Cadillac – séduits par le nouveau règlement technique annonçant un nouvel âge d'or de l'Endurance.
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Grand moment de communion : les pilotes Ferrari paradent dans la ligne droite perchés sur la n°51

Une voiture magnifique
Accompagné de Giovinazzi et Calado, Pier Guidi prend la direction du podium en empruntant à contre-sens la pit lane tranformée en haie d'honneur. Il gare la voiture au pied du podium où ils vont être ovationnés. Chez Ferrari, on n'en finit plus de se congratuler. Ce retour devait raviver la flamme, créer un espoir, redorer un blason endormi. Il a fait bien plus que ça. Même Luca di Montezemolo, ex-président de Ferrari et l'un des hommes du renouveau de la Scuderia en Formule 1 il y a tout juste 50 ans, est là pour l'événement.
"L'émotion, c'est pour Ferrari, c'est pour le team, avoue le team manager Batti Pregliasco. On a vraiment mis le cœur et beaucoup de travail sur ce projet. Ils (Ferrari) ont donné à AF Corse, son bras droit, tous les moyens pour faire les choses au top et on a réussi à avoir une voiture magnifique, très belle honnêtement, et fiable. Parfois, on a des voitures très belles, très vite, mais la fiabilité… On a mis la voiture sur la piste le 5 juillet dernier, on a fait des tests, mais on n'avait jamais roulé au Mans. La voiture est vraiment née sous une bonne étoile. Le projet est super bon. On avait fait des tests partout, mais la piste du Mans c'est particulier..."
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Alessandro Pier Guidi, James Calado et Antonio Giovinazzi (Ferrari n°51) dans la pit lane après leur victoire aux 24 Heures du Mans 2023

Crédit: Getty Images

Tous les codes de la marque dans le projet 499P

Dans les têtes, les images se bousculent. Depuis l'annonce du retour en Endurance par son président, John Elkann, le 24 février 2021, Ferrari a fait les bons choix et parfaitement géré le compte à rebours qui devait le mener au 10 juin 2023, sur la ligne de départ mancelle, à 16h. Maranello a choisi de s'appuyer sur l'équipe AF Corse d'Antonello Coletta. Le Patron de Piacenza a gagné quatre fois les 24 Heures du Mans en GT Pro entre 2012 et 2021, et il est prêt à relever le défi de l'Hypercar, la nouvelle catégorie reine du Championnat du monde d'Endurance (WEC).
En respectant les valeurs de la marque, engagée avec une voiture entièrement fabriquée par son équipe avec le soutien de Maranello, Coletta a aussi décidé que seuls les pilotes au blason rouge étaient éligibles pour un volant dans la Sarthe et sur les circuits du WEC. A part Antonio Giovinazzi, issu et en même temps déçu de la Formule 1, les titulaires sont tous issus du GT. Et en ce 11 juin, le bilan de la 91e édition des 24 Heures est sans ambiguïté : seuls des problèmes techniques ont ralenti les 499P dans leur route vers la victoire.
Sur la n°51, Alessandro Per Guidi s'est fait deux belles frayeurs. A deux reprises, les visages se sont figés chez les Rouges. Pendant de longues secondes, les membres d'AF Corse ont cru voir leurs efforts anéantis. Une première fois à 10h31, ce qui lui a coûté la première place, la seconde à 23 minutes de l'arrivée, alors que Ryo Hirakawa avait craqué sous la pression à Arnage, au volant de la Toyota n°8.
On était vraiment à la limite
"On savait qu'il y avait un petit souci au moment du redémarrage, a raconté Pier Guidi. On l'a eu deux fois. La seconde fois, j'étais plus préparé et je suis parvenu à rester calme et à redémarrer. C'est un rêve. Il va falloir un peu de temps pour réaliser. Ferrari est revenu 50 ans après, et est bien revenu !"
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Enorme frayeur chez Ferrari à 23 minutes de l'arrivée : la n°51 a eu du mal à redémarrer

"Nous avons découvert la voiture en juillet dernier, il y a moins d'un an, a rappelé Antonio Giovinazzi. Alors nous retrouver ici c'était déjà quelque chose de fantastique. Et avoir une première ligne toute rouge... Nous ne nous attendions pas à survivre 24 heures. Mais toute l'équipe a fait un travail fantastique. On revient au Mans après 50 ans et on gagne, on peut être fiers".

En attendant la Formule 1

"On était vraiment à la limite, on a poussé autant qu'on pouvait. (...) L'équipe a fait un travail fabuleux, en particulier pour la stratégie. Ce n'est que notre quatrième course avec cette voiture !", a relevé James Calado. Auteure d'une pole position à sensation pour son retour en championnat du monde en mars dernier à Sebring, Ferrari n'était pas parvenu à conclure, ni à Portimao et à Spa, lors des deux autres répétitions des 24 Heures du Mans.
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Leclerc, un jour aux 24h du Mans ? : "Je l'espère"

Dimanche au Mans, Ferrari a retrouvé avec bonheur l'un de ses terrains de prédilection. Celui qui lui avait permis de faire naître son mythe dès sa première participation dans la Sarthe, en 1949. Jusqu'à sa dernière apparition, en 1973, même si elle avait été moins heureuse. Dans l'impossibilité de financer ses activités en compétition sur deux fronts, Enzo Ferrari s'était concentré sur la Formule 1. C'est aujourd'hui Le Mans qui redore le blason jaune de la ville de Modène, au cœur d'une disette qui dure depuis 2008 en Formule 1. Le triomphe de Ferrari aux 24 Heures du Mans 2023 est d'autant plus beau qu'il était inattendu, et Charles Leclerc, présent ce week-end, peut s'en inspirer.
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