Hamar team par team

Une victoire qui fera date dans la carrière du Français par la spécificité du terrain et l'intensité absolue de la bagarre livrée à Mikko Hirvonen. Le Finlandais de Ford WRT avait été la référence de la précédente édition (2007) sans que Marcus Grönholm ni le N.1 mondial n'y puissent quoi que ce soit. L'as de Citroën a ouvert la route pendant trois jours sans broncher. Si ce désavantage ne fut pas avéré vendredi, il fut manifeste dans les seconds passages samedi et dimanche. Et c'est là où il a fait la loi, de façon magistrale. De 2.6 sec, son avance est passée à 15.0 sec le second jour. Clair et net. Un acte de bravoure pour congédier définitivement "Hirvo" dans la der sur un freinage d'anthologie attaqué à 210 km/h.

Suède 2004, Finlande 2008 et Norvège 2009 : voilà le quintuple champion du monde vainqueur sur les trois rallyes nordiques. Et aussi à la tête d'un triplé rarissime puisqu'il reste sur trois succès sur trois surfaces différentes (Grande Bretagne 2008, Irlande et Norvège 2009). Seul Miki Biasion (Lancia) pouvait se targuer d'un tel exploit, en 1989 (neige du Monte Carlo, asphalte du Portugal et terre du Kenya).

Dani Sordo n'a toujours pas gagné une spéciale cette année mais il fait preuve d'une régularité fondamentale pour Satory. Le directeur Olivier Quesnel l'a mis à l'aise tout de suite en lui signifiant qu'une 5e place serait un résultat parfait. En cas de victoire de Loeb, le barème de points garantissait à Citroën de repartir dos à dos avec Ford WRT, à 14 partout. C'est exactement ce qu'il s'est passé. Deux ou trois petites choses à retenir : il a calé dans l'ES1, a avoué chercher l'explication de sa lenteur dans les portions sinueuses et a fait l'erreur de reprendre telles quelles des notes de l'édition 2007.

Au championnat, Loeb a fait un mini break : 20 points contre 14 à Hirvonen, alors que Chypre va lancer la saison "terre" mi-mars. Et le vainqueur des trois dernières éditions s'appelle Loeb... Côté Constructeurs, le double chevron a gardé ses 10 points d'avance sur Ford WRT.

2e et 3e n'était pas le scenario prévu. Ford WRT visait clairement le doublé en guise de riposte au doublé de Citroën en Irlande. Mikko Hirvonen avait aussi terriblement besoin de battre Sébastien Loeb pour donner le change au championnat. Sa Focus était bien réglée et lui seul pouvait faire quelque chose contre le Français. Il a utilisé vendredi soir l'artifice règlementaire pour obliger Loeb à rouler devant samedi car il préférait "être le chasseur plutôt que le chassé" et le confort de chronos intermédiaires. Il a reconnu son échec samedi après-midi en voyant lui échapper la C4 N.1 alors que le sol gelé constellé de glace pillée devait l'avantager. Mais pour faire un grand vainqueur, il faut un grand challenger. Et Loeb l'a reconnu : "Il ne peut plus augmenter le niveau, moi non plus. On est sur le fil, il n'y a plus aucune marge nulle part, et on fait les mêmes temps. Sur un terrain comme ça, il y a deux ans, Mikko nous avait battus tous les deux (Grönholm et Loeb) et je ne pense pas qu'il ait régressé depuis. Les bagarres avec Marcus (Grönholm), ça se terminait souvent plus tôt. Là, avec Mikko, je suis obligé de tout donner du début à la fin, alors j'étais tendu pendant tout le rallye".

Le Jari-Matti Latvala victorieux en Suède en 2008 a disparu très tôt au volant d'une Focus instable au freinage car réglée trop dure ; ce qui lui valu de rectifier quelques murs... "Mes chances se sont évanouies samedi matin dans Mountain 1 (ES10)", a-t-il dit. "J'aurais du assouplir les suspensions plus tôt. Il me suffit de regarder pour savoir qui est responsable. C'est pour ça que je n'ai pu rivaliser. Si je pouvais tout recommencer, je referai les spéciales du matin. Le grip était bon et j'aurais du miser là dessus et en tirer un plus grand avantage". Malcolm Wilson, le directeur, a vite compris qu'il n'était pas au top et lui a mis la bride, histoire qu'il assure la 3e place.

Henning, aîné des Solberg, aurait aimé se mêler à la bagarre mais il fut de suite affecté de sous-virage et a reconnu qu'il n'était pas capable de hausser son niveau de pilotage. Il a corrigé ses réglages ce qui lui a permis d'être plus compétitif dans les 2e passages et de contenir Dani Sordo (Citroën). C'est d'ailleurs dans une reprise (ES14) qu'il a signé son seul scratch du week-end. Matthew Wilson s'est souvent fait peur "à faire du ping-pong" entre les murs. Il n'était pas nommé pour le championnat Constructeurs mais au final il fait mieux qu'Urmo Aava, dont on attendait mieux. L'Estonien est resté bloqué dans un mur de neige dans l'ES8. Pas plus dans le coup dans les répétitions des secteurs. "Rien à faire, ça ne va pas", a-t-il résumé. Il s'est senti un peu mieux lorsque l'équipe a changé ses amortisseurs samedi midi.

Un tir groupé assez anonyme. Evgeny Novikov avait des suspensions trop dures mais la gêne n'était pas la même que celle de Latvala puisqu'il manquait de grip dans les rapides. Des problèmes de transmission vendredi et un changement de démarreur samedi matin qui lui ont coûté une minute de pénalité. Ses soucis de boîte de vitesses ont persisté samedi. Ogier a été en bagarre avec Wilson pour la 9e place. Pas de grosse faute vendredi. Un ennui moteur puis, surtout, une batterie à plat a gâché son samedi. Il est rentré à la poussette au service du midi et était tout content de rouler l'après-midi. Il a tapé un peu fort dimanche dans l'ES19. Apprentissage difficile mais riche d'enseignements. Sans clou dans l'ES10 faute de roue de secours ("une erreur"), Conrad Rautenbach a globalement un peu trop roulé contre les murs. Obligé de stopper samedi après-midi pour dégager la neige du radiateur de sa C4. Le Zimbabwéen a abandonné juste avant l'arrivée à Hamar le dimanche.