Ogier, respect et ambition

Dépité. C’est sur cette impression que Sébastien Ogier avait conclu la saison 2010. Le Gapençais s’en voulait après sa sortie de route au Rallye de Grande-Bretagne, en novembre dernier. Cette dernière manche du championnat, il voulait la conclure sur une note haute, celle de vice-champion du monde, derrière son équipier d’un jour, Sébastien Loeb. Un tonneau et un abandon plus tard, il échouait finalement à la 4e place, à quatre petits points de la 2e. Trois mois plus tard, Ogier a oublié cette déconvenue et revient avec des ambitions légitimes dans l’équipe N°1 de Citroën.

Exit donc Dani Sordo, le fidèle équipier de Loeb depuis 2006. A la place, Sébastien Ogier apporte un souffle nouveau sur le Chevron. Un souffle qui a déjà décroché deux victoires en 2010. Loeb et Ogier, équipiers sur quelques manches en 2010, collaboreront désormais à plein temps tout au long des 13 épreuves que compte l’année 2011. Une saison qui ne sera que la 3e pleine au plus haut niveau pour le pilote de 27 ans. Ce dernier ne cache d’ailleurs pas qu’il a encore des choses à apprendre. Pour cela, il côtoiera le plus titré des pilotes de rallye. "Seb (Loeb), on sait depuis longtemps que c'est le meilleur et qu'il est capable de faire de belles choses. Il est très rapide et très constant. Il ne fait beaucoup d’erreurs, déclare-t-il. Il a beaucoup plus d’expérience que moi et connaît mieux le terrain."

Malgré cela, Ogier est bien décidé à démontrer à son employeur qu’il peut faire mieux que ‘dauphin’ de l’Alsacien, rôle dévolu pendant cinq années à Sordo. "Le but c'est d'arriver à rivaliser avec lui", clame-t-il. Et pour cela, il disposera du même matériel que son équipier. "On est vraiment à armes égales avec la DS3 WRC. A moi de prouver que je peux le battre, affirme-t-il encore. Il faut être agressif sur le terrain. Nous, notre terrain, ce sont les spéciales." Derrière ce discours ambitieux propre à chaque pilote, se cache en premier lieu une volonté réelle de tirer l’équipe vers le haut. "L’esprit de Citroën est de collaborer au sein de l’équipe, avance-t-il. Techniquement, nous partageons le maximum d’informations. On a tout intérêt à fonctionner comme ça pour que notre voiture évolue. Il y a une rivalité sportive, c'est sûr. Mais en dehors, on s'entend bien. Je suis très heureux d'être l'équipier de Seb cette année."

Une rivalité qui se mesurera en fin de semaine avec le Rallye de Suède (10-13 février). Une épreuve qu’Ogier a disputée pour la première et unique fois l’année dernière. Au final, il avait pris la 5e place. "Je m'attends à une course difficile pour le début de la saison mais il ne faudra pas s'emballer, annonce-t-il. S'il faut faire une course sage et engranger de gros points pour le championnat, je le ferai." Rapporter des points à certains moments et  "jouer la gagne" à d’autres, comme au Mexique trois semaines après la Suède, Ogier avance de manière pragmatique et ambitieuse. Un cocktail qui pourrait lui permettre de faire mieux que gêner Loeb. Reste maintenant au Gapençais à joindre la parole à l’acte pour se rapprocher un peu plus de son rêve : devenir champion du monde. "Il n'y a pas beaucoup de pilotes au monde capable de le faire, conclut-il. Je vais tout faire pour être l'un de ceux-là."