"Peut-être plus fort"

Onze ans. Onze ans de déceptions, à accepter les échecs, à ravaler sa fierté. Enfin, Tony Parker a décroché son Graal. Le meneur des Spurs, la star de l'équipe de France, sera aux Jeux Olympiques de Londres. Alors d'un seul coup, la soupape a explosé. Il est tombé à genou sur le parquet au coup de sifflet final de cette demi-finale de l'Euro France-Russie, déjà mémorable (79-71). Quelques minutes après devant la presse, il était encore sous le choc. Un peu KO debout, il a eu du mal à trouver des mots pour expliquer son émotion. "On est aux jeux Olympiques!", a-t-il répété à longueur de temps comme pour se convaincre qu'il ne rêvait pas. "J'ai travaillé dur pour ça. Cela fait onze ans que je cours après ça. C'est difficile d'expliquer." Mais au fil des minutes, il a précisé ses sensations et fait comprendre tout l'amour qu'il porte à l'équipe de France. Son équipe.

L'ancien pensionnaire de l'INSEP a vécu ces onze années comme un chemin de croix. De son titre à Zadar au championnat d'Europe 2000 en juniors à ses trois trophées NBA avec les Spurs, il avait pris l'habitude de gagner. Rien ne semblait lui résister. Sauf avec l'équipe de France. Vendredi, ce champion d'exception, venu presque tous les étés en Bleu malgré ses longues saisons en NBA, a enfin été récompensé de ses efforts en décrochant sa première finale internationale et son ticket pour Londres. Il verra les Jeux. Et pour lui, c'est énorme. "Les gens ne réalisent pas comment je suis fier d'être français et à tel point je voulais faire quelque chose avec cette équipe. On n'était pas champion d'Europe mais c'était tout comme", se réjouit-il.

Au fil des années, le MVP des finales 2007, auteur d'une carrière si accomplie en NBA, vivait très mal ses échecs répétés en Bleu. A quelques petits mots, l'environnement des Bleus le sentait. Cet été, son implication dans la vie du groupe France valait tous les discours. Le sujet tournait presque à l'obsession. Alors, vendredi soir, Parker s'est livré encore un peu sur son attachement et son amour de son pays. "Je vais représenter la France aux Jeux", crie TP, si "fier" d'être Français qu'il le répète à l'envi. "Toute la pression de la nation s'en va d'un coup de mes épaules. Je n'ai plus rien à perdre en équipe de France maintenant. On ne pourra jamais nous enlever cette qualification pour les Jeux."

Ce long périple avec la sélection rend le dénouement encore plus beau. Lui, le gamin qui a toujours fait de la NBA son objectif a trouvé une autre source de bonheur : "Mon rêve d'enfant, c'était d'être champion NBA. Mais c'est vrai que j'ai gagné tôt avec les Spurs. Après, tu viens en équipe de France, tu veux faire la même chose. Et là, les défaites s'enchaînent. Ce soir, c'était peut-être plus fort que de gagner un titre NBA, ose-t-il. Car j'ai lutté pendant onze ans pour en arriver là." Interrogé sur la possibilité de le voir comme porte-drapeau de la France aux Jeux, il a déjà l'oeil qui pétille. "Je serais fier de porter ce drapeau. J'ai tellement donné de ma personne. Je viens tous les étés. Je joue gratuitement. Je m'en fiche si je me blesse, si Pop (Gregg Popovich, son entraîneur à San Antonio) me crie dessus. Je donne mon corps pour l'équipe de France. Je fais ça depuis le début. C'est beau d'être enfin récompensé", conclut-il. Il vient de poser la plus belle candidature possible.