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Moretton est remonté

Eurosport
ParEurosport

Publié 18/02/2009 à 14:02 GMT+1

Gilles Moretton revient sur le choix des membres de l'Euroligue de retoucher légèrement leur réforme de la compétition. Le président de l'ASVEL est très remonté contre la LNB, qui en s'opposant à la précédente réforme, a empêché "de sécuriser la place de

GILLES MORETTON, les récentes évolutions sur l'Euroligue ont appelé de nombreuses réactions. Quelle est la vôtre ?
G.M. : Je ne suis hélas pas surpris. Tout cela s'inscrit dans la logique de fonctionnement du Basket français qui depuis des années ne cesse de tout tirer vers le bas. Mais jusqu'où va-t-on bien pouvoir descendre encore ?
Qu'entendez-vous par tirer vers le bas ?
G.M. : A force de tous défendre notre petit pré carré, de circonscrire notre vision à la clôture de notre jardin, on n'a pas vu ou pas voulu voir que d'autres étaient en train de construire des voies rapides à emprunter pour se projeter dans le futur. Et on est maintenant en train de le payer cash. Mais ce n'est pas nouveau. C'est en tout cas ce qui m'avait motivé à me retirer de la Ligue quand je me suis rendu compte que les conclusions des commissions de travail auxquelles je participais étaient balayées du revers de la main en bureau et en comité directeur au seul motif qu'elles gênaient quelques intérêts particuliers. On est toujours dans la même logique.
Mais n'est-ce pas non plus votre logique quand vous défendez le principe d'une licence A d'Euroligue pour l'ASVEL ?
G.M. : Avant de défendre une licence A pour l'ASVEL, nous avons pensé à défendre le principe d'une licence A pour la France. Parce que c'est là que se situe le débat. De quoi a besoin le basket français ? D'un statu quo des formats des compétitions européennes, lesquels nous ont mis en situation de ne plus gagner que 20% à peine de nos confrontations européennes, malgré les efforts méritoires accomplis par Nancy et Le Mans cette année pour construire de belles équipes ? Soyons clair. Si la situation se fige, comme le souhaite certains, nous allons continuer à nous affaiblir. Et alors, comme le format présenté hier prévoit la prise en compte des performances en Coupe d'Europe pour l'attribution des tickets, je nous promets dans cinq ans une situation où nous n'aurions plus de tickets garantis du tout. Aussi, un seul choix s'imposait à la France : Soutenir toute forme de modification des formats sportifs en vigueur. Et ce d'autant que le format présenté à Berlin en juillet dernier était particulièrement favorable au basket français compte tenu de sa compétitivité sportive du moment. Avec un droit de participation permanent confié à un club et à la limite peu importe quel club, et une autre place pour le Champion nous sécurisions deux tickets. Et on se serait doté d'une locomotive qui aurait entraîné le reste comme c'est par exemple le cas dans le foot avec l'OL. Et à la limite peu importe de savoir qui aurait été la locomotive. Nous avons d'ailleurs suffisamment appelé de nos v&oeligux la candidature d'autres clubs français pour la licence A pour qu'on ne nous taxe pas de ne voir que notre intérêt. Et les arguments sportifs légitimement avancés par Nancy auraient sans doute été entendus dans ce cadre d'ailleurs. Mais ce format n'est finalement pas applicable simplement parce que la LNB a voté contre pour des motivations nébuleuses. En conséquence de quoi Bertomeu, pour un vote seulement, n'a pas emporté les 75% des suffrages nécessaires à la ratification définitive de la formule. Et nous voilà au final avec une seule place garantie et aucune licence A. Une première balle dans le pied ! La LNB via l'ULEB a ensuite poussé à la mise en place d'un tour préliminaire qui concernerait le deuxième club qualifiable. Une deuxième balle dans le pied quand on examine ce que seraient les opposants du club français concernés ! Combien reste-t-il encore de balles dans le barillet ?
On vous sent très remonté contre la LNB ?
G.M. : Si je peux comprendre l'attitude de Nancy, je ne m'explique pas celle de la LNB. Je me l'explique d'autant moins qu'elle n'a été discutée avec personne. Ni avant Berlin. Ni avant Rome. Pas avec moi en tout cas. Or ces décisions ne concernent pas que ceux qui sont de passage en AG de l'Euroleague, mais bien tous les acteurs du Basket français et puis je ne lis que des arguments portant sur des vices de procédure, mais aucun ne portant sur le fond. Si on sortait maintenant de la logique de l'opposition systématique dont on mesure bien la stérilité et qu'on dessine une vision commune pour notre discipline, laquelle prendrait en compte nos forces et nos faiblesses. On entend faire quoi pour résoudre les difficultés du Basket français ? Quand je lis qu'on se félicite qu'on ait quelques dizaines de spectateurs en plus cette saison, je me demande si tout le monde dans les bureaux à Paris est bien en phase avec les réalités auxquelles nous sommes confrontées dans les clubs. Comment est-ce que le Basket français, financé au tiers par les fonds publics, va-t-il par exemple faire face à l'inéluctable compression des subventions comme Hyères-Toulon vient de la subir ? Et les questions de ce type sont nombreuses. Qu'on nous expose un plan stratégique puisqu'il n'y en a plus depuis que les principes du Livre Blanc n'ont pas été appliqués.
Mais quand la LNB avance par voie de communiqué que l'instance réunie hier n'avait pas autorité à voter un format sportif, n'a-t-elle pas raison ?
G.M. : Jordi Bertomeu (ndrtl : le patron de l'Euroligue) a-t-il besoin qu'un coq gaulois lui chante les alinéas des statuts de l'institution qu'il gère ? Ce que visait Jordi Bertomeu, c'était un vote de confiance. D'ailleurs, il en avait averti les acteurs du Basket français. "Apportez moi votre soutien, et je saurai m'en souvenir". C'est à ces fins qu'une wild card de Licence B était prévue dans le plan qui nous a été transmis en début de semaine. De ce qu'il nous a dit, Jordi avait joint Nancy qui l'avait assuré de son soutien et la LNB devait s'abstenir au motif que celui qui la représentait n'était pas habilité à voter. D'ailleurs je m'étonne que ce soit un salarié nouvellement recruté qui ait représenté la LNB. Mais bon…. Et au final, on a encore voté contre. Je peux vous dire pour l'avoir joint que Jordi Bertomeu est fortement remonté contre la France. Voilà qui va faire nos affaires.
Mais alors quelles perspectives s'offrent à nous ?
G.M. : Puisqu'il est établi que du vote d'hier ne peut découler aucune décision ferme, nous attendons maintenant de nos instances qu'elles se définissent une stratégie claire. Parce qu'une bataille reste à mener et à gagner si on s'y présente avec la juste appréciation de notre capacité de dissuasion. Nous n'avons plus grande confiance dans la LNB qui a agi dans la plus grande opacité et n'a finalement obtenu qu'un siège supplémentaire pour…. L'Espagne !!!. Je pense que la confiance dont jouit la LNB auprès de Jordi Bertomeu est plus faible encore et ne va pas contribuer à installer de bonnes conditions pour restaurer la position de notre Basket. Aussi, nous allons officiellement solliciter l'intervention de la FFBB qui après tout inscrit les clubs en compétition européenne. Il faut qu'Yvan Mainini siffle la fin de la récrée. Il a autorité à le faire en ce qu'il est le garant des intérêts supérieurs du Basket national. J'ose croire que d'autres s'aligneront derrière nous dans cette sollicitation. Je pense notamment à l'UCPB, au syndicat des joueurs, à celui des entraîneurs. Il faut que l'on cesse immédiatement la politique de la terre brulée parce que si au royaume des aveugles les borgnes sont rois, je peux vous dire que dans les autres royaumes d'Europe, ce sont des longues vues qui sont sorties des poches. Et qu'on fait bien rigolé toute l'Europe du Basket avec nos guerres de clochers.
Enfin, quelles suites le Club et ses actionnaires vont donner à tout cela ?
G.M. : Attendons de voir ce que sera l'attitude de nos instances. Et nous verrons ensuite ce qu'il y a lieu de faire au sein du club.
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