S’ils ne défendent pas mieux, les Cleveland Cavaliers vont prendre une raclée

Une finale NBA, ce n’est pas seulement du basket. C’est aussi une part importante de psychologie. Tout est stratégique. Sur le terrain comme en dehors. Chaque action a son importance sur le parquet, de la même façon que chaque mot est minutieusement choisi en conférence de presse après une rencontre. Ça, LeBron James et Tyronn Lue le savent bien. Ils sont déjà passés par là à de nombreuses reprises tout au long de leur carrière. Le King dispute effectivement ses huitièmes finales alors que son entraîneur en a déjà joué et coaché six.

Dans la foulée de la large défaite (91-113) des Cavaliers sur le parquet des Warriors, jeudi soir lors du match 1 des finales 2017, les deux hommes adoptaient la même tactique en interview : mettre leur adversaire sur un piédestal. James expliquait le revers des siens en deux lettres, “KD” [Kevin Durant – NDLR]. Lue allait encore plus loin en qualifiant carrément Golden State de “meilleure équipe de tous les temps.” Ou comment orienter toutes les discussions sur les Californiens et surtout pas sur les champions en titre, dominés. Ils n’ont pas perdu, ce sont les autres qui ont gagné. Pourtant, les troupes de l’Ohio vont devoir opérer des changements importants s’ils ne veulent pas prendre un coup de balai. Et ça commence en défense.

L’écart de niveau entre les deux formations sautait aux yeux dans ce domaine. James et ses coéquipiers devaient batailler pour marquer leurs points tandis que les Warriors obtenaient bien plus facilement des tirs ouverts. Le talent de Stephen Curry et Kevin Durant (66 points à eux deux) a joué, c’est vrai. Le premier a parfaitement exploité son avantage lorsque des intérieurs nettement moins mobiles (Kevin Love, Tristan Thompson) se sont retrouvés face à lui. La taille du second a gêné James, contraint de défendre tout le match alors qu’il est déjà en charge de la création et de la finition aux Cavaliers.

Mais les champions en titre ont très vite été largués, bien que cela ne se soit pas tout de suite traduit par un écart conséquent en faveur des Warriors. Ils ont été dépassés par la vitesse d’exécution de Curry, Durant et compagnie. Sans la dizaine - comprenez bien : la dizaine ! - de layups manqués par Golden State, Cleveland aurait pu prendre le bouillon beaucoup plus tôt dans la partie. Les premiers oublis défensifs et les premières rotations manquées ne se sont pas tous payés cash. Mais ce ne sera pas le cas à chaque fois. Les Warriors étaient par exemple bien en-dessous de leurs standards en termes d’adresse (42% de réussite globale). Et ce malgré les nombreux tirs ouverts offerts par des Cavaliers dominés aux rebonds en première période.

Lue voulait absolument que ses hommes limitent les shoots lointains adverses. Ça a plutôt bien marché pendant la première mi-temps. Les Warriors ont tenté treize fois leur chance derrière l’arc, ne trouvant la cible qu’à une seule reprise. Mais en se concentrant autant sur la ligne à trois points, LeBron et ses partenaires ont laissé des boulevards vers le panier aux attaquants. L’exemple le plus marquant reste ce dunk de Durant, arrivé à deux cents à l’heure sur l’autoroute toute tracée par Kyrie Irving et James, obnubilés par l’idée de ne pas laisser à Curry une bonne position de tir.

KD a d’ailleurs compilé six des sept dunks de son équipe en première mi-temps. Cleveland a encaissé 56 points dans la peinture au total. Impossible, donc, de gagner dans ces conditions. Surtout contre un adversaire clairement pas réputé pour son jeu intérieur. Les pertes de balles (20 en tout) ont même empiré la situation. Les contre-attaques se sont alors multipliées avec un repli défensif de moins en moins rigoureux et de la frustration qui s’est installée dans le camp des Cavaliers. Peu d’efforts, une mauvaise communication et des ajustements ratés ont contribué à un écart soudainement bien plus important dès le retour des vestiaires. 15 puis 18, puis 21 points à la fin du troisième quart temps.

Tous ces constats ne sont pas nouveaux et c’est bien ça le problème. A Cleveland, c’est devenu une habitude. Les joueurs affichent des signes inquiétants de perte de motivation et de concentration dès que le fossé se creuse avec l’adversaire. C’est tout ce qui a été déjà vu pendant la saison régulière. Une raison de plus pour Tyronn Lue et LeBron James de ne pas en parler. Ces lacunes, les Cavaliers en sont conscients. Ils n’ont pas besoin d’enfoncer le clou.

Ils ont de nombreux ajustements à faire dans leur quête d’un doublé. Plus de mouvement en attaque semble être une évidence. Ralentir le rythme pour casser le tempo des Warriors, quitte à viser un petit score avec un match dans le style des années 90, est une option. Ce n’est pas normal que les Cavaliers n’aient pas volé le moindre ballon jeudi soir. Une triste première dans l’histoire des finales NBA. Imposer un défi physique plus important à Golden State est d’ailleurs l’une des consignes soufflées par le coach après la séance vidéo au lendemain de la défaite. Pour ça, il manque sans doute un Matthew Dellavedova… Une réaction de Cleveland est en tout cas sérieusement attendue de ce côté du parquet lors des prochains matches.