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Face à ces combats de titans, Pacquiao et Mayweather auront fort à faire pour marquer l'histoire

Baptiste Binet

Mis à jour 01/05/2015 à 11:18 GMT+2

Le choc entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather est l'affiche du XXIe siècle. Mais peut-il se faire une place au côté de ces sommets du XXe siècle ?

Mohamed Ali face à Joe Frazier en 1971.

Crédit: Getty Images

1971 : Mohamed Ali - Joe Frazier : Frazier fait tomber Ali

Le volubile contre le taiseux. L’extravagant contre le discret. Jamais rivaux d’un même sport ne se sont tant haïs. Favori du public, Mohamed Ali n’était pas à une punchline cinglante près pour enflammer un combat, quitte à humilier son adversaire. Surtout lorsqu’il s’agit de Joe Frazier, premier boxeur professionnel à envoyer The Greatest au tapis.
Le premier affrontement entre les deux boxeurs a lieu le 8 mars 1971 dans l’écrin du Madison Square Garden de New York. De retour dans les rings, Ali est invaincu. Frazier aussi. Cet affrontement est alors annoncé comme étant le combat du siècle. Il le fut. Laissant Ali faire le show en conférence de presse, Frazier se prépare en silence. Mais si certains ne le voient comme un outsider, en dépit de la ceinture dont il est le tenant, c’est bien lui qui fait tomber le mythe au 15e round d’un crochet du gauche dévastateur. Vu par près de 300 millions de téléspectateurs massés dans les cinémas du monde entier et commenté par Burt Lancaster, ce combat fait entrer Frazier dans la Légende du Noble Art.

1974 : Mohamed Ali - George Foreman : Rumble in the Jungle

 S’il ne fallait en choisir qu’un seul. Mohamed Ali et George Foreman se retrouvent à Kinshasa pour un duel entre boxeurs américains sur le continent africain. Ali, adulé comme jamais, doit vaincre l’invincible George Foreman, dont la légende raconte qu’il parvient à percer les sacs de frappe à force de les martyriser à l’entraînement. De son coté, Ali a le soutien de l'Afrique, et joue avec. Quand il part courir, les chants "Ali, Boma-yé" (Ali, tue-le) résonnent. Niveau boxe, sa technique est simple : apprendre à enchaîner les frappes, et fatiguer le colosse. Le début du combat lui donne tort, et Ali semble choisir la mauvaise direction dans son combat. Mais petit à petit, les coups de Foreman font moins mal. Ali, qui aura passé son temps dans les cordes, touche au huitième round. Digne d’une fable, Ali, moins impatient, vient à bout de Big George, avec la mythique phrase suivante, prononcée tout au long du séjour sur le continent africain : "vole comme un papillon, pique comme une abeille, les mains ne peuvent toucher que les yeux ne voient pas’’.
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Ali vs Foreman 1974

Crédit: Imago

1980 : Sugar Ray Leonard - Roberto Duran : No Mas Fight

Voici une autre trilogie mythique de la boxe. Elle oppose deux boxeurs différents, aux caractères opposés. 4 ans après son titre olympique, Leonard revient à Montréal défier celui que l'on surnomme "Mains de pierre". Sports Illustrated décrit dans ses colonnes ce 1er duel : "c'était historique. Un magnifique et mémorable combat entre un boxeur, Leonard, et un cogneur, Duran. Littéralement, c'était un face-à-face. C'est exactement comme ça que ces deux champions ont boxé pendant près de 45 minutes, comme s'ils avaient battu l'air : 4 poings, un corps-à-corps épique qui a soufflé d'un vent mauvais d'un coin à l'autre, le long des cordes, s'assoupissant occasionnellement au centre du ring. Ce fut un combat qui, round après round, a fait lever et rugir les 46, 317 spectateurs". Au terme des 15 rounds, Duran est donné vainqueur.
La revanche est certainement la plus connue du triptyque. Elle a lieu 5 mois plus tard, à la Nouvelle-Orléans. Duran a eu des problèmes de poids.Il est à 83 kg avant le début de l'entraînement et à 72,500 kg à une semaine du combat. In extremis, il parvient à 66kg, comme convenu. Sitôt la pesée effectuée, il se goinfre et mélange les boissons fraîches et chaudes. Dans le ring, Leonard est bien meilleur. Et après 16 secondes dans le 8e round, Duran se tourne et dit à l'arbitre "No mas", "assez". Après le combat, Duran a expliqué qu'il avait eu des crampes d'estomac qui l'avaient contraint à l'abandon. En réalité, "Mains de pierre" a eu conscience qu'il se faisait humilier et qu'il fallait arrêter les frais. Il a même annoncé la fin de sa carrière, avant de rapidement se raviser.  Il a reçu une amende de 7.500$ pour son comportement et les 8M$ de sa bourse lui ont été retirés. Cette revanche est passée à la postérité sous le nom de "No mas fight" et a fait l'objet d'un documentaire sur ESPN.

1985 : Hagler - Hearns : La guerre

7 minutes et 52 secondes d'une "sauvage symphonie de violence". Voilà comment Ring Magazine, la référence journalistique en la matière, a qualifié le combat entre "Marvelous" Hagler et "Hitman" Hearns. A l'image de Mayweather et Pacquiao, les deux hommes auraient pu se rencontrer plusieurs années avant. Hagler et Hearns se détestent et l’animosité va croissant jusqu'au jour du combat. Hagler est plus petit que Hearns (1,77m contre 1,85m) et a une allonge moindre (1,91m contre 1,98m). Il sait qu’il doit casser la distance, chercher à boxer à l’intérieur, utiliser son direct du gauche pour, ensuite, enfoncer des crochets du droit. Avant le combat, il arbore une casquette avec un message destiné au Hitman : "WAR".
Car si le combat a été surnommé "The Fight" pour souligner le caractère exceptionnel de l’affrontement, c’est bien d’une authentique guerre entre 4 cordes dont il s’agit. De la première à la dernière seconde, aucun moment de récupération. Le 1er round est un monument de la boxe, peut-être le plus beau jamais disputé. La fureur, la sauvagerie, la puissance, la folie : pendant 8 minutes, les 15 000 spectateurs et les millions de téléspectateurs sont en apnée. Trois rounds d’anthologie. Une sensation que l’on ne peut comprendre uniquement en regardant les images. Hearns termine le combat bras en croix, une main cassée. A sa descente du ring, Hagler lance fièrement : "Je vous avais dit que je le mangerais comme PacMan !".

1997 : Mike Tyson - Evander Holyfield : The bite fight

Le choc des années 90. Evander Holyfield et Mike Tyson s’affronteront deux fois, et clin d’œil au combat de samedi, il a eu lieu au MGM Grand. Le premier est long, intense, et se termine par une victoire d’Holyfield par un KO technique à la 11e reprise. Mais c’est bien le deuxième qui rentrera dans l’histoire. Le 27 juin 1997, Tyson veut s’imposer coûte que coûte, quitte à faire des coups bas. Il tente de casser le bras de son adversaire à la fin du deuxième round. Dans le troisième round, survolté, Tyson arrache l’oreille droite d’Holyfield, avant de lui mordre à nouveau l’oreille gauche. Le combat s’arrêtera là, dans la confusion, avec une victoire d’Holyfield par disqualification. Le duel le moins glorieux de l’histoire de la boxe, mais celui qui sera le plus resté dans l’inconscient collectif.
Avec François Miguel Boudet
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