Arc J-4 : Al Kazeem, un retour qui peut marquer l'Histoire.

Issu du top Miler et lauréat de notre Prix Jacques le Marois Dubawi, également père de son contemporain Night Of Thunder, et de la poulinière Kazeem par l'étalon princier Darshaan, Al Kazeem est né en 2008 et se présente donc comme le plus âgé au départ du Qatar Prix de l'Arc de Triomphe. Jamais un pur-sang de six ans n'a remporté l'épreuve, et ce depuis sa création en 1920. Il y a bien eu Motrico en 1932, qui avait même soufflé une bougie de plus, mais depuis la victoire se partage entre les trois ans motivés et les quatre ans confirmés. Seule Corrida, âgée de cinq ans, était apte à confirmer son succès de l'année précédente, puis Djebel, Le Paillon, Star Appeal et il y a douze ans Marienbard qui marquaient la course de leur cinq années de vie. Al Kazeem s'attaque visiblement aux statistiques, et n'a malheureusement pas que ça contre lui. Le cheval, fils de Dubawi, après avoir tout explosé durant l'été 2013, se retrouvait aux portes du Royal Stud, prêt à rugir sur les croupes indénombrables qui lui étaient promises. Seulement voilà, la nature est parfois cruelle, Al Kazeem n'a pas le don de la paternité, et n'a pas été sollicité au berceau par la déesse de la fécondité. Catastrophe pour celui qui avait déjà tant donné. Inutile au Haras, mais préservé tout au long de sa carrière, Al Kazeem est donc redirigé vers son ancien mentor Roger Charlton et retrouve les couleurs de ses éleveurs qui ne le laissent pas tomber : Daniel John Deer et son épouse. La mécanique est longue à remettre en route, si bien qu'il n'effectue sa rentrée qu'au mois de juillet, pour ne saisir qu'une quatrième place dans une Listed à Newbury, détaché du vainqueur mais cependant encourageant. Le 23 août, sur les 2000 m du petit hippodrome de Windsor, Al Kazeem se retrouve, et explose les compteurs. True Story se bat avec lui, sans jamais lui prendre une once d'avance, le cheval bai lui impose un rythme record, qui les mènent tous deux en dessous du temps précédent de la piste, pulvérisant le chronomètre de plus de deux secondes. Derrière eux, les anciennes gloires de groupes Bayrir et Zambucca s'effacent à neuf longueurs. Le 13 septembre, Al Kazeem se présente dans le QIPCO Irish Champion Stakes, pour comparer ses forces restantes à celles encore pures de quelques grands 3 ans. La sanction est immédiate. The Grey Gatsby, trop occupé à promouvoir son derby, l'ignore et s'envole jusqu'au nez d'Australia. Trading Leather, régulier au plus haut niveau, est à plus de quatre longueurs du duo, et Mukhadram refuse de céder l'accès à ses naseaux à notre ami Al Kazeem qui lui avait apporté bien des cauchemars l'année passée. Dans l'épreuve, il se montrait en manque de condition, incapable de rivaliser avec l'accélération de ses adversaires, malgré les "peaux de mouton" concentrant sa vision sur l'action. Le pur-sang n'a pas recouru depuis. Il préfère même les distances intermédiaires à la distance classique imposée dimanche. Certes, Al Kazeem a remporté, pour sa rentrée et seule sortie de 2012, les Jockey Club Stakes, groupe 2, sur 2400 m, mais il s'est concentré depuis sur plus court, n'y revenant que pour une honnête sixième place dans l'épreuve Reine remportée par Trêve.

Al Kazeem fut l'étoile de l'été 2013, remportant, à l'âge de cinq ans et après quelques difficiles ennuis de santé, consécutivement les Gordon Richards Stakes, groupe 3, puis la Tattersalls Gold Cup devant Camelot, les Prince Of Wales's Stakes face à Mukhadram et The Fugue, et les Coral-Eclipse Stakes par deux longueurs sur Declaration Of War. La suite de l'année fut plus compliquée, mais néanmoins fort brillante, puisque qu'il persévérait son ascension en s'octroyant la troisième place des Juddmonte International Stakes derrière Declaration Of War et Trading Leather puis la seconde dans l'Irish Champion Stakes, devancé par The Fugue d'une longueur trois quart seulement, loin devant Trading Leather qui venait de lui prendre une place. Sa prestation dans l'Arc précédant le montre bagarreur et volontaire, mais ne révèle pas une grande accélération, et surtout une incapacité à se mesurer aux pointes acérées. Bien qu'attachant, Al Kazeem ne devrait pas réussir à faire le podium de la grande épreuve cette année, malgré la monte de son fidèle cavalier James Doyle qui grâce à son partenaire aux muscles saillants a vu sa carrière grimper jusqu'au sommet du Prix Jacques le Marois, emporté par le déjà regretté Kingman.