Top 50 : Gilbert au sommet

Et dire qu'il a fallu attendre la fin de l'été pour que Philippe Gilbert devienne numéro un mondial aux yeux de l'UCI. Deuxième du Classement Eurosport derrière Contador fin 2010, le Belge a pris le pouvoir dans notre hiérarchie au mois de mars et il ne l'a plus lâché. Il y a clairement eu lui et els autres en 2011. 18 victoires, c'est exceptionnel pour un non-sprinter. Et quelles victoires ! Le triplé ardennais bien sûr (Amstel, Flèche, Liège), la Clasica San Sebastian, la Flèche Brabaçonne, le GP de Québec, les Strade Bianche pour les courses d'un jour. Une étape du Tour de France, de Tirreno-Adriatico ou le Tour de Belgique pour les épreuves par étapes. N'en jetez plus. Sans parler de ses places d'honneur sur Milan-Sanremo (3e) ou le Tour des Flandres (9e). Avec son extraordinaire saison, Gilbert est entré dans l'histoire de son sport. Il termine avec près de 1900 points d'avance sur son dauphin. Il y a donc autant d'écart entre le premier et le deuxième qu'entre le deuxième et le... 30e. Quand on vous dit qu'il y a eu Gilbert et le reste du monde...

Il y a un an, notre numéro un, c'était lui. L'Espagnol a dû passer la main au printemps devant la razzia infernale de Philippe Gilbert, mais on le retrouve tout de même à la deuxième place fin 2011. Pas si mal, surtout si on considère qu'il a dû se contenter d'une cinquième place finale sur le Tour de France et que sa saison s'est arrêtée sur les Champs-Elysées. Mais Contador avait pris soin de faire le plein avant. Le grand moment de sa saison, c'ets bien évidemment le Tour d'Italie, que le Madrilène a survolé. Deux victoires d'étapes et deux semaines en rose, un vrai triomphe, même si c'est sans doute là qu'il a perdu le Tour. Contador reste néanmoins le meilleur coureur du monde dans les courses par étapes. Outre le Giro, il a en effet enlevé le Tour de Catalogne et le Tour de Murcie. Neuf victoires au total pour lui cette saison. Un bilan plus que présentable, même si on imagine qu'il échangerait bien l'intégralité de ces bouquets pour un quatrième maillot jaune.

Cette fois, il la tient. La victoire de la persévérance oui, du calcul d'accord mais de la régularité et du talent surtout. Bien sûr, Cadel Evans doit surtout sa place sur le podium à son succès final sur le Tour de France. Trois semaines qu'il a gérée à merveille avec, en prime, un bouquet à Mûr-de-Bretagne. Après deux places de dauphin, Evans a mis du temps pour ramener le maillot jaune à Paris et il a attendu le dernier samedi pour s’en emparer. Définitivement. Comme mises en bouche, non des moindres, et rampes de lancement à son pic de forme de juillet, un Tour de Romandie, Tirreno Adriatico et une place de deuxième sur le Critérium du Dauphiné. Deuxième, il ne le sera plus un mois plus tard sur les Champs Elysées et décollera définitivement cette étiquette d'éternel second.

Mark Cavendish a pris une dimension supplémentaire cette année. Depuis plusieurs saisons, le sprinter britannique s'était imposé comme l'un des coureurs les plus prolifiques du peloton. Avec 14 succès en 2011, il n'a pas failli à sa réputation. Ses huit victoires sur les Tours d’Italie et de France témoignent de sa boulimie perpétuelle. Deux maillots l'ont toutefois fait entrer dans une nouvelle dimension. Le vert du Tour de France, dont il a enlevé 5 étapes. Et sur surtout l'arc-en-ciel qui l'a couronné sur le toit du monde. Deux tuniques inédites pour lui qui l'inscrivent un peu plus dans la légende du sprint. Le Britannique a déjà sa place au Panthéon, à 26 ans. Après le monde, l'an prochain, chez Sky, il visera l'Olympe à Londres.

Depuis 2006, Fabian Cancellara exerçait une domination quasiment sans partage sur le contre-la-montre. 2011, le roi est tombé sur plus fort que lui. Sur les épreuves chronométrées, Tony Martin a tout raflé. Le contre-la-montre du Tour de France, de Paris-Nice, du Tour d'Espagne et des Championnats du monde, pour les plus prestigieux. Douze bouquets au final pour l'Allemand et surtout Paris-Nice qui témoigne de sa polyvalence. Il lui manque encore un peu de coffre, notamment en montagne, pour jouer le général sur un Grand Tour de trois semaines. Sa 44e place sur la grande Boucle en témoigne. La seule ombre sur une saison étincelante.

Une saison pour le moins consistante de la part de Purito, même s'il a parfois eu des allures de Poulidor. Deuxième meilleur coureur des Ardennaises, il ne pouvait rien face à Gilbert. Du coup, il a terminé deuxième de l'Amstel et de la Flèche. A l'automne, il était encore troisième du Tour de Lombardie. Il manque encore cette grande classique à son palmarès. Ses victoires, Joaquim Rodriguez va plutôt les chercher dans les grandes courses par étapes. Ce fut encore le cas cette année: deux étapes de la Vuelta, deux autres sur le Dauphiné, une sur le Tour du Pays basque. Sept succès au total pour lui en 2011, mais aussi une 5e place finale sur le Giro, dont il fut un des rares à se remettre. Une grande déception toutefois, sa 19e place lors du Tour d'Espagne, loin de ses objectifs initiaux. Mais dans le registre puncheur-grimpeur, Rodriguez n'a que peu d'équivalents aujourd'hui.

Les six premiers mois pour garnir son palmarès, Saint-Flour pour donner de l'éclat à la saison, Luz Ardiden, le Plateau de Beille, le Galibier pour définitivement s'installer parmi les grands. La saison de Thomas Voeckler s'est découpée en deux temps très distincts. D'abord celui des succès. Des étapes sur le Tour Méditerranéen, les 4 Jours de Dunkerque, le Haut Var, le Tour du Trentin et surtout Paris-Nice. Sept bouquets, aucun coureur français n'a fait mieux que lui. Ensuite celui des exploits. Un maillot jaune arraché au terme d'une échappée qu'il a provoquée puis des ascensions dignes des plus grands dans les Pyrénées et les Alpes. Un passage à vide dans le Galibier sur la route de l'Alpe d'Huez lui coûtera le podium à Paris, il termine finalement 4e. Qu'importe, Voeckler a franchi un cap en 2011. Il assure qu'il ne se transformera pas en coureur de grand Tour en 2012. Il déclarait avec le même aplomb au coeur du mois de juillet qu'il ne garderait pas le maillot jaune dans les Pyrénées. Alors...

Présent sur le podium l'an dernier grâce notamment à son doublé Tour des Flandres-Paris-Roubaix, Faban Cancellara a quitté son costume de Superman en 2011. Mais sa saison, sans posséder le côté extraordinaire de la précédente, a tout de même été particulièrement solide. D'abord parce qu'il a tout de même signé six victoires, dont le Grand Prix E3, et des étapes du Tour de Suisse ou de Tirreno-Adriatico. Beaucoup se contenteraient d'un tel tableau de chasse. Mais il lui a manqué une très grande victoire. Souvent placé, il n'a pas réussi à mettre dans le mille, que ce soit à Sanremo (2e), au Tour des Flandres (3e) ou à Roubaix (2e). Mais quel tir groupé tout de même. Finalement, le Championnat du monde, où il a fini 3e du chrono et 4e de la course en ligne, a été à l'image de sa saison: très solide.

2010 avait été l'année de la révélation pour Peter Sagan. 2011 aura été celle de la confirmation pour le surdoué slovaque. Véritable phénomène des pelotons, il sauit tout faire ou presque, à part peut-être passer les grands cols. Ça viendra peut-être. Avec sa palette actuelle, et compte tenu de son étonnante maturité pour un coureur de 21 ans, Sagan fait déjà partie des dix meilleurs coureurs du monde. La victoire est en lui. Il a totalisé 15 succès cette saison. Seul Marcel Kittel et Philippe Gilbert ont fait mieux. Ses trois succès d'étape sur la Vuelta sont probablement les plus prestigieux de sa collection. La prochaine marche, pour lui, consistera à s'imposer dans des très grandes épreuves, notamment sur les courses d'un jour. Sur celles-ci, il est resté en retrait encore cette année, à l'image de Milan-Sanremo (17e) ou du Mondial (12e), deux courses qui convenaient à ses qualités. Mais il a encore le temps. Son avenir s'annonce radieux.

Le seul homme à ne pas posséder la nationalité belge à avoir remporté une classique au printemps ! Matthew Goss avait affiché sa forme dès la fin de l'hiver en alignant quatre victoires sur trois continents, du Tour Down Under à Paris-Nice en passant par le Tour d'Oman. Mais c'est bien sa victoire à Milan-Sanremo qui l'a fait changer de dimension. Un superbe coup d'éclat, d'autant qu'il a su accompagner les meilleurs puncheurs (Cancellara, Gilbert, Nibali, Scarponi...) avant de les régler au sprint. Les autres sprinters, eux, n'étaient plus là. Mais son triomphe dans la Primavera ne représente même pas la moitié de son total de points, preuve que Goss n'a pas été l'homme d'une course. Vice-champion du monde derrière Mark Cavendish au Danemark, il est le seul à avoir pu rivaliser avec l'homme de l'ile de Man. A noter qu'ayant gagné également une étape du Tour de Californie, l'Australien peut se targuer d'avoir levé les bras aux quatre coins du monde !

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