Rodriguez la tient enfin

Le Poulidor des Ardennaises a pris sa revanche. Deuxième de l'Amstel en 2010, de Liège-Bastogne-Liège en 2009 et de la Flèche Wallonne en 2010 et 2011, Joaquim Rodriguez a décroché le Graal en costaud en démarrant à 250 mètres de l'arrivée sur les pentes diaboliques du Mur de Huy (1,3 km à 9,3% de moyenne). Personne n'a pu cette fois-ci contester sa supériorité. Ni Michael Albasini (GreenEdge), ni Philippe Gilbert (BMC) qui l'ont accompagné sur le podium. Ni les conditions dantesques et la pluie battante qui s'est abattue sur le peloton avant les cinq derniers kilomètres.

Cette victoire, "Purito" est allé la cueillir tout seul, en homme fort. Un démarrage éclair à 300 mètres de la ligne qui a laissé sur place tous les costauds encore présent dans le groupe de quarante coureurs qui s'est disputé le bouquet. Seuls trois hommes ont tenté de prendre sa roue : Michael Albasini, un Philippe Gilbert sur le retour mais à qui il a manqué un peu de force dans les derniers mètres, et Jelle Vanendert (Lotto) qui termine au pied du podium. Une fois encore, tout s'est joué dans la montée finale et sa chicane à la pente vertigineuse, 19% au centre de la chaussée et 25% à la corde, entre la troisième et la quatrième chapelle. Un terrain taillé pour un puncheur de la trempe du leader de Katusha qui a récolté sa quatrième victoire de la saison.

"J'aime ce genre de classique. J'étais très bien et même si la victoire se refusait à moi ces dernières années, j'avais à mes coéquipiers que je me sentais bien", s'est réjoui l'Espagnol au micro de la RTBF à l'arrivée. Rodriguez a pu compter sur une formation Katusha qui a servi à merveille ses desseins. Lorsque Nordhaug (Sky) et Hesjedal (garmin) sont sortis du paquet à sept kilomètres du terme, c'est l'équipe russe qui a assumé le poids de la course pour permettre à son leader de faire parler ses jambes de feu sur les pentes finales à Huy.

Avant le coup d'éclat de l'Espagnol, Dirk Bellemakers (Landbourkrediet) et Anthony Roux (FDJ Big Mat) ont passé 125 kilomètres en tête. Malgré un écart maximal de plus de sept minutes, ils n'ont jamais semblé en mesure de se battre pour la victoire tant les formations Katusha et Lotto se sont montrées vigilantes dans le peloton. Surtout lorsqu'Andy Schleck (RadioShack) a tenté de dynamiter la course à 43 kilomètres de l'arrivée. Mais en emmenant sur son porte bagage un coéquipier de Rodriguez (Trofimov) et de Gasparotto (Fofonov), Andy Schleck a condamné sa tentative.

Son frère Frank n'a pas connu plus de réussite, victime d'une crevaison à 9 kilomètres de l'arrivée. Au final, il termine vingtième. Une place derrière Julien Simon (Saur Sojasun,19e) qui démontre une nouvelle fois sa grande forme du moment. Simon devance le peloton des Français avec Vichot (FDJ Big Mat, 23e), Geniez (Team Argos-Shimano, 25e), Brice Feillu (Saur Sojasun, 28e) et Bardet (Ag2r, 29e). Alejandro Valverde est lui plus loin à une anonyme 46e place. Très loin d'un Joaquim Rodriguez qui a su, lui, assumer ses ambitions.