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Le Giro perd la tête !

Eurosport
ParEurosport

Publié 19/05/2010 à 10:01 GMT+2

Alexandre Vinokourov, les favoris et le peloton ont laissé filer une cinquantaine de coureurs et ne les ont plus revus. Au bout des 260 km de la 11e étape, Evgeni Petrov (Katusha) s'impose, Richie Porte (Saxo) passe en rose et Carlos Sastre (Cervelo) récupère ses 10 minutes de retard. C'est fou !

CYCLING - PORTE - GIRO - 2010

Crédit: AFP

Ceux qui regrettaient les temps reculés du cyclisme où les coureurs étaient imprévisibles, où les courses l'étaient tout autant, ont dû apprécier cette 11e étape. Si le scénario avait été celui d'un film, on aurait sans doute crié au grand n'importe quoi. Comment des favoris, dans un mouchoir de poche au général ont-ils pu laisser filer autant de rivaux, sous une météo apocalyptique, et chambouler le classement de manière aussi radicale? Car à l'arrivée à L'Aquila, c'est un néophyte de 25 ans, Richie Porte, qui s'est paré de rose. Carlos Sastre et Bradley Wiggins, poursuivis par la malchance et la poisse depuis dix jours, sont revenus jouer les trouble-fête. Eux qui accusaient encore 10 minutes de retard sur Alexandre Vinokourov au matin peuvent logiquement parader le soir venu. Ce sont désormais les favoris les mieux placés.
Le soleil revenu lundi sur les Pouilles après des étapes mouvementées dont une arrivée dantesque à Montalcino, on pensait que le Giro allait retrouver un peu de sérénité. Les ténors, eux-mêmes, croyaient sans doute que la plus longue étape de l'édition (262km), tracée en véritable montagnes russes, allait s'apparenter à une journée de transition, habituellement réservée aux baroudeurs tandis que les favoris passeraient tranquillement les difficultés du jour (le Rionero Sannitico - 1re cat., le Roccaraso - 2e cat., et le Capo di Valle - 2e cat.). Et bien, rien ne s'est passé comme prévu.
Séisme vers L'Aquila
"C'est un jour important. Nous tenons à offrir à L'Aquila une étape spectaculaire" avait promis Ivan Basso. L'Italien, et les 181 coureurs au départ de Lucera, ont tenu parole. Bien involontairement sans doute. Car si la journée fut bien réservée à une échappée au long cours, on ne dénombra pas moins de 56 baroudeurs dont la moitié du Top 30 alors que les ténors se regardaient en chiens de faïence. Un véritable coup de poker tenté conjointement par les formations Caisse d'Epargne de David Arroyo (11e), Sky de Bradley Wiggins (22e) et Cervelo de Carlos Sastre (20e). Alexandre Vinokourov avait annoncé avant le départ qu'Astana contrôlerait la course. La formation Kazakhe a totalement sombré, noyée dès le 40e kilomètre sous le feu des attaques. Car tactiquement, Astana a couru à l'envers. En voulant placer des hommes à l'avant, elle a privé Vinokourov de soutien à l'arrière et d'une possibilité de lancer la chasse. Une situation quasi identique pour Liquigas, même si deux de ses trois représentants à l'avant (Kiserlovski et Agnoli) pouvaient jouer une carte personnelle au général. Scarponi se chargeait rapidement de rappeler ses hommes Androni pour éviter toute déconvenue.
Plus que l'apathie et la désorganisation des Astana, c'est la fougue des Caisse d'Epargne et des Saxo Bank qui a fait la différence, roulant à plus de 46km/h dans la première partie du tracé, sous la pluie, pour creuser un écart insurmontable, monté jusqu'à 18 minutes pour tourner autour des 15-16 minutes la majeure partie de la journée. Dans leur course folle pour remonter Arroyo au général, les Ecureuils ont pu compter sur le soutien de la Cervelo et d'un Sastre revanchard. Une fois encore, l'ancien vainqueur du Tour de France a montré qu'il avait de l'orgueil, lui que l'on avait enterré sans doute un peu vite. Mais le plus incroyable restait la carte blanche laissée à Richie Porte, pourtant 6e le matin même à seulement 2'26" de Vinokourov et à moins d'une minute du podium. Sans doute, le Kazakh pensait que ses rivaux allaient réagir pour protéger leur place...
Sastre tire son épingle du jeu
Mais rien ne devait se passer comme la logique l'aurait voulu. Un groupe d'échappés surdimensionné, une équipe du maillot rose incapable de réagir, une météo capricieuse: personne ne semblait préparé à un tel tremblement de terre. De quoi agacer un Vino rose de rage, balançant ses bidons d'eau et pestant contre tout et tout le monde. Même le sort avait décidé de lui tourner le dos, contraignant trois de ses équipiers à quitter la course (Dyachenko, Iglinskiy et Gasparotto). Comme son principal rival Evans, le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège a déjà perdu quatre équipiers. Avant même les grandes manoeuvres en montagne. Alors que la Liquigas est toujours au complet.
Avec 16 minutes d'avance, tous les hommes de tête pouvaient passer devant le maillot rose au général. Cela aurait donné près de 6 minutes de marge aux Sastres et Wiggins, plus de 10 à Arroyo, et même 14 à Porte, certes néo-pro, mais au sein d'une équipe de vieux briscards. Sans doute un peu tard, une fois le Capo di Valle surmonté, on vit enfin les Basso, Vino, Evans et consorts prendre leurs responsabilités au sein d'un groupe où l'on ne dénombrait plus qu'une vingtaine d'unités. Une image inattendue dans une étape de moyenne montagne que celle de ces favoris obligés de se relayer en tête du groupe des poursuivants pour éviter le naufrage. Ce Giro nous la joue décidément à l'ancienne.
Porte, Sastre et Wiggins, heureux détenteurs d'un coup de pouce du destin, sont les grands vainqueurs du jour. Le premier est le nouvel homme à abattre talonné de près par Arroyo et Kiserlovski au général. L'Espagnol et le Britannique, respectivement 3e et 4e de l'étape derrière le vainqueur Evgeni Petrov (Katusha), remontent dans le Top10, repoussant Vinokourov et sa cour à plus de 2'34" pour Sastre. Le Giro n'a sans doute pas basculé sur les pentes abimées de L'Aquila. Mais ce mini-tremblement de terre aura le mérite de pimenter un peu plus une édition déjà riche en moments forts.
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