Ça promet pour l'Etna !

C'était, parait-il, une étape de plaine. C'était vrai. Mais dans ce 8e acte dépourvu de toute difficulté officielle, il a suffi d'un raidard de 700 mètres à deux kilomètres de l'arrivée pour mettre le feu aux poudres. Au grand dam des sprinters, deux hommes ont mis à profit cette sorte de mini Poggio pour fausser compagnie au peloton. Oscar Gatto, d'abord. Sorti en force, l'Italien a résisté jusqu'au bout pour signer la plus belle victoire de sa carrière. Mais la vraie surprise fut de retrouver dans sa roue, sur la ligne d'arrivée, un certain Alberto Contador. Les deux hommes ont devancé le peloton de cinq secondes. Un final absolument ébouriffant, là où on ne l'attendait pas forcément.

A la veille de la première grande étape de montagne, sur les pentes de l'Etna, Contador a donc joué l'effet de surprise. Dans les 15 derniers kilomètres, on avait certes vu l'équipe Saxo Bank rouler en tête du peloton. Mais on pensait que la formation danoise cherchait simplement à protéger son leader avant un final annoncé tortueux. Personne n'imaginait que cela présageait d'une offensive du triple vainqueur du Tour de France. Pourtant, quand il a vu Oscar Gatto démarrer, après une première tentative avortée de Yaroslav Popovych, Contador n'a pas hésité. Opportuniste, il a giclé, surprenant tous ses adversaires. En haut de la bosse, il restait encore un bon kilomètre à couvrir jusqu'à la ligne. Mais le trou était fait et le peloton, réglé par Alessandro Petacchi, n'allait jamais revenir sur cet improbable duo.

Au plan comptable, le gain n'est pas colossal pour Contador. Loin de là. Entre les cinq secondes sur la ligne et la bonification, il a repris 17 secondes à ses principaux rivaux. Il devance désormais Michele Scarponi d'une seconde et Vincenzo Nibali de 11, alors qu'il était derrière eux samedi matin. A ce stade, les comptes sont presque dérisoires au regard de ce qui attend le peloton dans les deux prochaines semaines. Si avantage il y a, il est peut-être plus psychologique. Le Madrilène a montré à tout le monde qu'il était prêt à profiter de toutes les opportunités. Son coup d'audace donne en tout cas un piment supplémentaire au rendez-vous de l'Etna, dimanche. Les adversaires de Contador auront sans doute envie de répliquer.

Oscar Gatto, lui, se moque de ces considérations. Il était venu sur le Giro pour gagner une étape, c'est fait. Excellent puncheur, il a réussi un numéro à la Paolo Bettini samedi. La comparaison n'est pas anodine puisque le Toscan s'était imposé lui aussi sur le Giro à Tropea, en 2005, dans un final approchant. A 26 ans, Gatto décroche sa première victoire dans un grand tour. le plus beau succès de sa carrière, sans le moindre doute. Sa victoire vient aussi récompenser l'équipe Farnese-Vini, que l'on aura vu devant d'un bout à l'autre de cette étape. Leonardo Giordani a en effet passé plus de 200 kilomètres en tête, en compagnie de Mirko Selvaggi (Vacansoleil). Les deux hommes n'ont été repris qu'à 7 kilomètres de l'arrivée. Le scenario de cette étape semblait alors parfaitement huilé pour les équipes de sprinters, notamment les HTC de Mark Cavendish, qui ont beaucoup travaillé toute la journée. Mais Gatto et Contador en ont décidé autrement. Pour le spectacle, difficile de s'en plaindre.