Sagan, Van Avermaet, Gilbert : A chacun son rêve pour le Ronde

Nous y voilà. Si vous êtes plus courses d'un jour que grands tours, le mois d'avril est sans doute celui que vous préférez. Du Tour des Flandres à Liège-Bastogne-Liège en passant par Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne et l'Amstel, c'est une orgie de classiques qui va marquer les quatre prochaines semaines. Le Ronde inaugure donc ce mois de tous les plaisirs. Evènement considérable en Belgique, il est le deuxième Monument au calendrier après Milan-Sanremo, dans un registre radicalement différent.

Ici, pas de sprint massif. Ce sera une affaire de costauds, comme toujours. Mais cette 101e édition ne sera pas exempte d'une certaine touche de romantisme. Sur la route, avec le retour du mythique Mur de Grammont qui avait tant manqué aux puristes, et plus encore dans le cœur du public flamand, avec la dernière danse sur le Ronde de Tom Boonen. A 36 ans, Tommeke est à une semaine de la quille. Avant Paris-Roubaix, où il raccrochera pour de bon le vélo dimanche prochain, il y a donc ce Tour des Flandres dont il aura été en ce début de XXIe siècle un personnage central pour ne pas dire incontournable. Le cœur fait pencher vers lui. La raison...

C'est presque limpide. Il y a eux deux et tous les autres. Eux deux ? Peter Sagan, tenant du titre. Greg Van Avermaet, le monstre du moment. Le Slovaque et le Belge sont incontestablement les deux grands favoris de cette édition 2017. Si la course se joue à la pédale, au physique, il serait surprenant de ne pas retrouver ces deux-là en position de gagner, voire d'être les seuls à pouvoir le faire via un mano a mano final qui aurait quelque chose de dantesque. Si leur rivalité n'a pas encore atteint les cimes historiques du duo Boonen-Cancellara, ils évoluent vraiment dans leur dimension propre ces temps-ci.

Face à la puissance de Sagan et GVA, la réponse la plus adéquate sera peut-être collective. Et sur le Ronde, qui dit collectif dit Quick Step. L'armada belge n'est peut-être plus ce qu'elle a été, mais que d'atouts tout de même dans la manche de Wilfried Peeters : Tom Boonen, Zdenek Stybar, Niki Terpstra, Matteo Trentin... Des profils différents pour des options variées. Mais évidemment, c'est Philippe Gilbert qui incarne la meilleure chance des Quick Step. Focalisé sur les Ardennaises quand il courait chez BMC, le champion de Belgique rêve à nouveau du Ronde. Vainqueur des Trois Jours de La Panne, Gilbert est en forme mais il parait un ton en-dessous de Sagan et son ancien coéquipier Van Avermaet.

Au-delà, on pourrait citer une foule d'outsiders plus ou moins sérieux. Parmi les plus crédibles, John Degenkolb (Trek), Alexander Kristoff (même si le Norvégien de Katusha répète à l'envi qu'il ne compte pas parmi les principaux prétendants), le Belge de chez AG2R Oliver Naesen, Jens Keukeleire (Orica-Scott), Sep Vanmarcke (Cannondale) ou encore le tout jeune Tiesj Benoot (Lotto-Soudal), qui s'était révélé il y a deux ans en terminant à la 5e place à seulement 21 ans !

La grande nouvelle, c'est évidemment le grand retour du Mur de Grammont, après cinq années d'absence. Après avoir constitué le juge de paix du Ronde de 1988 à 2011, le Mur revient cette année dans un rôle bien différent puisqu'il sera la huitième côte du parcours et situé à environ 95 kilomètres de l'arrivée. Autre changement, le départ ne sera pas donné à Bruges comme ces vingt dernières années, mais à 90 kilomètres de là, à Anvers. Les 80 premiers kilomètres seront plats.

Le final, quasiment inchangé et toujours aussi rythmé, s'annonce à nouveau très sélectif avec pas moins de huit ascensions dans les 55 derniers kilomètres. Parmi elles, le Vieux-Quarémont à deux reprises, le Paterberg également par deux fois, le si spectaculaire et brutal Koppenberg ou encore le Kruisberg. Au deuxième passage au sommet du Paterberg, il restera 13 kilomètres à couvrir. C'est là que Peter Sagan avait fait la différence l'an dernier.

3. Seuls trois coureurs ont réussi à remporter dans leur carrière Liège-Bastogne-Liège, le Tour des Flandres et le Tour de Lombardie, soit trois des cinq monuments, rarement compatibles en termes de qualités requises. Il s'agit de Rik Van Looy, Moreno Argentin et Eddy Merckx. Déjà vainqueur de la Doyenne et de la Classique des feuilles mortes, Philippe Gilbert peut transformer ce trio en quatuor en s'imposant dimanche.

11. Peter Sagan totalise déjà 11 podiums en 2017, ce qui en dit long sur l'extraordinaire régularité du double champion du monde en titre. Seul Alejandro Valverde a fait aussi bien que lui. Sagan a remporté Kuurne-Bruxelles-Kuurne et deux étapes de Tirreno-Adriatico.

1981. Vainqueur du Het Nieuwsblad, le Grand Prix E3 et Gand-Wevelgem, Greg Van Avermaet a d'ores et déjà signé un triplé inédit depuis 36 ans. GVA est le premier à aligner ces trois victoires depuis Jan Raas en 1981. Le Néerlandais avait ensuite terminé à la troisième place du Tour des Flandres. Un quadruplé serait donc inédit.

Au vu des dernières semaines, Greg Van Avermaet et Peter Sagan apparaissent au-dessus du lot. Ils ont la socquette. Sur une course de ce type, le marquage, les schémas tactiques et les aléas peuvent peser lourd, mais nous serions quand même surpris de ne pas retrouver ces deux hommes forts dans le coup dimanche. Sagan rêve légitimement d'un doublé majuscule, mais c'est peut-être le moment où jamais pour Van Avermaet de décrocher son premier Monument. Rien que sur le Ronde, il a déjà fini 4e (2012), 3e (2015) et 2e (2014). Le Belge a longtemps été "Monsieur presque". Il a toutes les cartes en main pour que ce soit enfin son tour.