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Nibali, Valverde, les Colombiens… C'était le Giro de tous les records

Jean-Baptiste Duluc

Publié 30/05/2016 à 08:35 GMT+2

TOUR D'ITALIE - Passionnante de bout en bout, indécise et spectaculaire, cette 99e édition du Tour d'Italie nous a offert trois semaines de course splendides. Avec, notamment, un Nibali et des Colombiens au sommet mais aussi des records et une Allemagne trop rapide pour le reste du monde. Bilan en chiffres de ce Giro 2016.

Vincenzo Nibali, vainqueur du Tour d'Italie 2016

Crédit: AFP

La passe de quatre pour Nibali

Après la Vuelta (2010), le Giro (2013) et le Tour de France (2014), Vincenzo Nibali (Astana) s'est offert un deuxième succès sur les routes italiennes, les deux sous le maillot de la formation kazakhe. En difficulté pendant la deuxième semaine, et notamment dans les Dolomites, le Requin de Messine a surgi du trou dans lequel on l'avait enterré beaucoup trop vite lors des deux étapes alpestres pour renverser le Giro et triompher à Turin.
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Vincenzo Nibali a remporté son deuxième Giro - 2016

Crédit: AFP

Bien aidé par son équipe et notamment par un duo Scarponi-Kangert impressionnant, Nibali a profité de la chute de Kruijswijk (Lotto NL-Jumbo) vendredi et de la défaillance de Chaves (Orica-GreenEdge) samedi pour remporter un deuxième maillot rose. Avec ce succès, son quatrième dans une épreuve de trois semaines, l'Italien devient le 10e coureur le plus sacré en Grand Tour, certes encore loin des onze victoires d'Eddy Merckx (entre 1968 et 1974). Le leader d'Astana est également le coureur le plus titré depuis 2010, devant Alberto Contador (4 contre 3), même si l'Espagnol reste le plus titré en activité, juste devant le Sicilien (7 contre 4).

Après le Tour, Valverde s'offre le podium du Giro

Sa première participation est tout ce qu'il y a de plus réussie. Avec une victoire d'étape (à Andalo) et un podium, Alejandro Valverde (Movistar) a largement rempli ses objectifs sur ce Tour d'Italie 2016. L'Espagnol, en difficulté avec la très haute altitude (au-dessus de 2500m notamment), s'est battu, revenant de très loin après sa défaillance dans les Dolomites (trois minutes perdues vers Corvara). Alors qu'il devait prendre des risques, le Murcien s'est montré offensif en troisième semaine et il était sans doute le plus fort derrière Nibali lors des deux étapes alpestres.
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Alejandro Valverde devant Steven Kruijswijk - Giro 2016

Crédit: AFP

Avec sa 3e place, Alejandro Valverde s'offre un nouveau podium sur une épreuve de trois semaines, un peu moins d'un an après celui décroché sur les routes du Tour de France et 13 ans après son premier sur la Vuelta, les deux à cette même 3e place. L'Espagnol rentre ainsi dans le cercle fermé des seize coureurs à avoir pris place au moins une fois sur le podium des trois Grands Tours (Nibali y est bien sûr aussi) et est même devenu le 6e coureur à compter le plus de tops 3 avec ses huit podiums (6 sur la Vuelta, 1 sur le Tour et 1 sur le Giro).

Jungels succède à Schleck

6e du classement général final, Bob Jungels est la grande révélation de ce Giro 2016. Le Luxembourgeois, plutôt typé rouleur au départ de cette 99e édition, a profité d'une première semaine favorable pour se placer et prendre finalement le maillot rose de leader à son coéquipier Brambilla au sommet de Sestola. Mais, alors que l'on s'attendait à le voir exploser en haute montagne (comme cela a été le cas vers Corvara) en fin d'épreuve, le coureur d'Etixx-Quick Step a été l'un des plus costauds en troisième semaine (9e, 5e, 14e et 11e des quatre grosses étapes).
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Bob Jungels et Gianluca Brambilla (Etixx Quick Step)

Crédit: AFP

Très facile vainqueur du maillot blanc de meilleur jeune (avec 29'38'' d'avance sur son dauphin, Sebastian Henao et 1h10' sur le troisième !), Jungels devient du même coup le premier Luxembourgeois à finir dans le top 10 du Tour d'Italie depuis neuf ans ! Le dernier coureur du Grand-Duché à avoir réussi pareille performance n'était autre qu'un certain Andy Schleck, 2e du Giro 2007 derrière Danilo Di Luca. Jungels n'a pas le même profil mais le coureur d'Etixx-Quick Step peut rêver d'un avenir au moins aussi radieux…

Même sans Quintana, la Colombie est au sommet

Vainqueur en 2014 devant Uran, Nairo Quintana était devenu le premier Colombien à remporter le Tour d'Italie. Une performance à laquelle Esteban Chaves a cru jusqu'au bout. Le grimpeur d'Orica-GreenEdge, brillant vers Corvara où il s'est imposé au sprint, a confirmé sa 5e place de la Vuelta 2015. Mais Chavito n'aura gardé le maillot rose qu'une journée sur ses épaules, le perdant au pire moment, à la veille de l'arrivée. Chaves a cependant pris position pour l'avenir, confirmant qu'il faudra compter sur lui pour remporter un jour une course de trois semaines.
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Esteban Chaves - Giro 2016

Crédit: AFP

Mais le grimpeur de Bogota devra améliorer sa condition physique, lui qui a eu du mal à finir ce Tour d'Italie dont il a été le symbole de la réussite colombienne. En effet, ils sont deux à l'accompagner dans le top 10 avec Rigoberto Uran (Cannondale) à la 7e place et Darwin Atapuma (BMC) à la 9e place. Une grande première pour le cyclisme colombien qui n'avait encore jamais placé trois coureurs dans le top 10 du Giro ! Pourtant, c'était loin d'être joué à une semaine de l'arrivée puisqu'Uran pointait au 12e rang à 0'20'' du top 10 et qu'Atapuma n'était que 15e, à près de 10' de la 9e place… Un retour certes facilité par leur folle performance vers Sant'Anna di Vinadio.

Les Allemands, rois du sprint

Dans un Tour d'Italie certes moins montagneux que les années précédentes, il n'y a eu que sept étapes destinées véritablement aux sprinteurs. Et malgré les présences de Modolo (Lampre-Merida), Démare (FDJ), Hofland (Lotto NL-Jumbo), Viviani (Sky) ou Nizzolo (Trek-Segafredo), il fallait être allemand pour espérer lever les bras au sprint dans ce Giro 2016.
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André Greipel plane sur le sprint de la 7e étape du Giro, vendredi 13 mai 2016

Crédit: AFP

Grands favoris des arrivées massives, Marcel Kittel (Etixx-Quick Step) et André Greipel (Lotto-Soudal) ont régné en maîtres lors des deux premières semaines, avec respectivement deux et trois succès. Ajoutez à cela la victoire de Roger Kluge (IAM) à Cassano d'Adda et celle - grâce à la disqualification de Nizzolo - de Niklas Arndt (Giant-Shimano) à Turin et vous obtenez... du 100% pour les Allemands ! Avec sept succès, les coureurs Outre-Rhin ont remporté autant de succès que lors des neuf éditions précédentes.

Un maillot rose sans cesse en mouvement

Avec un Giro aussi disputé et aussi serré, il paraissait presque logique de voir plusieurs coureurs revêtir la tunique de leader au cours des trois semaines. Mais pas autant ! Au final, ce sont huit coureurs qui ont été en rose lors de ce Tour d'Italie, dont trois dans les quatre derniers jours. Avec six jours en tête, Tom Dumoulin (Giant-Shimano) a été le leader le plus tenace, juste devant Steven Kruijswijk (Lotto NL-Jumbo, 5 jours). Marcel Kittel, Gianluca Brambilla et Bob Jungels ont été en rose pour Etixx-Quick Step, tout comme Andrey Amador (Movistar), Esteban Chaves (Orica-GreenEdge) et donc Vincenzo Nibali (Astana).
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Tom Dumoulin en rose sur le Giro

Crédit: AFP

Avec huit coureurs qui ont porté le maillot rose de leader, ce Tour d'Italie est quasiment historique. Sur les routes italiennes, il faut remonter à l'édition 1981, remportée au final par Giovanni Battaglin, pour trouver trace d'autant de leaders différents. Soit 35 ans que cela n'était plus arrivé ! Et, comme cette année, le vainqueur a attendu les derniers jours pour s'en emparer (trois étapes de l'arrivée pour Battaglin).

Des Français limités

Que cela a été dur pour les Français sur cette 99e édition du Giro. Privé très tôt sur chutes de Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale) et Alexandre Geniez (FDJ), les deux seuls coureurs qui pouvaient prétendre faire une place au général, le contingent tricolore a souffert sur ces trois semaines. Pas de top 10 ni de victoires d'étape, les Français n'ont pas existé au premier plan.
Alors, certes, Arnaud Démare (FDJ) est passé à deux reprises pas loin d'un succès (2e à Nijmegen et à Benevento, 8e à Arnhem) et est tombé sur Kittel et Greipel. Certes, Hubert Dupont (AG2R La Mondiale) a brillé dans l'ombre en montagne (10e à Risoul) pour aller chercher une belle 11e place, comme en 2011. Mais c'est assez faible pour une nation comme la France, qui avait en plus brillé ces deux dernières années sur les routes italiennes (Rolland 4e en 2014, Geniez 9 en 2015). Avec Pinot, Rolland, Bardet ou encore Bouhanni concentrés sur le Tour, ça n'a rien d'étonnant non plus.
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Jean-Christophe Péraud contraint à l'abandon après sa chute lors de la 3e étape du Giro, dimanche 8 mai 2016

Crédit: AFP

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