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Les bons paris de Quintana et Pinot

Benoît Vittek

Mis à jour 05/05/2017 à 10:46 GMT+2

TOUR D'ITALIE - En venant sur le Giro, Thibaut Pinot (FDJ) et Nairo Quintana (Movistar) se sont attirés les critiques de ceux qui ne les attendent qu'en juillet. Mais en se diversifiant, ces deux grimpeurs parmi les plus séduisants du peloton peuvent franchir un nouveau palier dans des carrières toujours en construction.

Nairo Quintana et Thibaut Pinot

Crédit: Eurosport

En ce mois de mai, Nairo Quintana et Thibaut Pinot font ce qui leur plaît : s’aligner sur le Giro qui, à l’occasion d’une édition historique, rassemble un joli paquet de champions habitués à réserver pour juillet leurs plus belles batailles. Cette année, centième oblige, les cartes sont rebattues. Et les choix de certains coureurs, venus abattre leurs atouts à seulement deux mois du Tour de France, ont déjà soulevé d’intenses débats que seule la vérité de la course viendra régler, distinguant cruellement les audacieux récompensés des prétendants mal inspirés.
Pour Vincenzo Nibali, faire de ce Giro son grand objectif de la saison n’a rien d’incongru. Geraint Thomas, Tom Dumoulin ou encore Adam Yates viennent poursuivre leur progression sur les épreuves de trois semaines ; Steven Kruijswijk retente sa chance sur la course qui lui correspond le mieux, etc. Ce sont surtout les présences de Nairo Quintana et Thibaut Pinot qui interrogent. Avec une accusation en filigrane derrière les interrogations : en allant se frotter aux cols italiens, ces deux grimpeurs fuiraient le Tour et les échecs qu’ils y ont essuyés.
En Italie, le Colombien et le Français viennent ainsi conjurer un Tour 2016 qui a concrétisé leurs limites sur les routes françaises. L’été dernier, le moteur de Quintana a encore calé devant Vroom vroom Froome et les Sky. Celui de Thibaut Pinot a explosé en vol, avec un nouvel abandon précoce justifiant une très longue coupure pour permettre au Français de se ressourcer et de travailler sur ses points faibles, notamment sa friabilité dans les grands rendez-vous.
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Christopher Froome et Nairo Quintana sur le Tour de France 2016

Crédit: Eurosport

"Solo la vittoria e bella"

Entre la Sardaigne et Milan, verra-t-on le Pinot qui volait dès son premier Tour de France ou celui collé au bitume de juillet dernier ? Le grimpeur qui perd ses nerfs sur les pavés (début de Tour 2015) ou celui qui se venge superbement sur l’Alpe d’Huez deux semaines plus tard ? Le Franc-Comtois nous a entraînés dans des extrêmes qui invitent à la prudence. Mais ce rendez-vous italien semble à même de l’inspirer. Et de lui permettre de décrocher de nouveaux galons.
À côté des passages obligés sur le Tour et de deux petites excursions sur la Vuelta, Pinot cherche depuis longtemps une ouverture pour disputer le Giro. La course est faite pour lui, il en est persuadé et a de bons arguments à faire valoir en ce sens : l’Italie lui réussit depuis toujours, les parcours rythmés et exigeants lui correspondent, il évite certains pièges du Tour et, surtout, la pression qui peut le tétaniser en juillet sera bien moindre. Et quand Pinot le sent bien...
Dans ces circonstances, Pinot est un vrai prétendant au podium, une performance qu’il n’a plus approchée sur un Grand Tour depuis sa troisième place en juillet 2014. Mieux, lui se projette sur la bagarre pour la victoire finale. Une ambition en écho au mantra tatoué sur son bras : "Solo la vittoria e bella", en italien dans le texte ("seule la victoire est belle").

Une touche de rose sur le "sueño amarillo"

Avant de nous frustrer l’été dernier, Quintana comme Pinot nous ont chacun offert de très grands moments de cyclisme. Et c’est encore leur ambition aujourd’hui, avec ce crochet italien qui a de beaux arguments à faire valoir. Ce printemps, Philippe Gilbert et Alejandro Valverde ont dépoussiéré des références anciennes, notamment établies par Eddy Merckx. Quintana s’attaque à une autre légende du siècle dernier, Marco Pantani étant le dernier à avoir enchaîné les succès en mai et en juillet.
Ce pari, comme celui de Pinot, est risqué. Devancé par le second couteau Raul Alarcon sur le récent Tour des Asturies, Quintana ne décrochera un deuxième Giro que si ses calculs ont été parfaitement ajustés. Le Colobien a laissé entendre qu’il ne serait pas forcément tout à fait à 100% pour pouvoir enchaîner avec le Tour mais l’Etna se présente dès la quatrième étape et la concurrence n’a pas forcément les mêmes arrière-pensées que celui qui poursuit toujours son "sueño amarillo".
S’il a trouvé le bon équilibre, Quintana est le favori de ce Giro, devant Nibali à mes yeux. Pour le Colombien, qui a échoué sur plusieurs Grands Tours à donner la pleine mesure de son talent, c’est aussi une bonne occasion d’éprouver l’idée selon laquelle il est toujours meilleur sur son deuxième rendez-vous de trois semaines de la saison, pendant que Chris Froome reproduit les schémas qui lui ont déjà permis de célébrer trois triomphes sur les Champs-Élysées. 2017 offrira des réponses intéressantes et, à 27 ans, Quintana aura encore de nombreuses occasions de tenter sa chance en juillet, avec ou sans Giro préalable. Pinot, plus jeune de trois mois, aussi. En attendant, à eux de montrer qu'ils ont pris les bons risques en s'alignant sur ce Giro 100.
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Nairo Quintana triomphateur lors du Giro 2014

Crédit: AFP

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