L'oeil de Richard Virenque

Fallait-il arrêter le Tour après le contrôle positif d'Alexandre Vinokourov? Je ne le crois pas. Les organisateurs suivent une logique, une politique, et ils s'y tiennent. C'est une nouvelle affaire regrettable mais comme je l'ai souvent dit, le cyclisme a au moins le mérite d'essayer de faire le ménage. On ne ferme pas les yeux. Plus de 250 contrôles sanguins sont effectués en trois semaines sur le Tour de France. C'est plus que toutes les autres fédérations professionnelles réunies sur une année entière. Et on vient nous donner des leçons. Le scandale, il est là aussi.

On parle de la crédibilité du Tour de France, de son maillot jaune, et du cyclisme en général. On essaie de s'en sortir. Ce sera long. Il faudra plusieurs années, mais le cyclisme a emprunté une voie et il ne s'en détachera plus désormais. Quant au manque de solidarité envers les coureurs français qui ont manifesté ce matin au départ, ça me fait rire. Il n'y a jamais eu de solidarité dans le peloton. Je me souviens de l'affaire Festina en 1998. Quand je me suis fait virer du Tour, personne n'était solidaire alors que tout le monde était dans le même système.

Sur le Tour, je peux vous dire en tout cas que l'ambiance est toujours aussi chaleureuse. J'ai encore vu énormément de monde sur le bord de la route aujourd'hui en me rendant à l'arrivée. Les gens ont envie de voir un beau spectacle, malgré toutes ces histoires. Le sport continue, et le Tour aussi et cette dernière étape de montagne peut-être très belle. Elle est très difficile. Contador va sans doute encore essayer d'attaquer. Il placera peut-être des hommes devant avant de tout donner dans l'Aubisque pour décrocher Rasmussen. S'il veut gagner le Tour, il doit reprendre plus d'une minute aujourd'hui avant le contre-la-montre de samedi.