Contador veut partir

Cette équipe n'était plus la sienne ces derniers temps. Prisonnier entre Johan Bruyneel et Lance Armstrong, Alberto Contador s'est retrouvé bien seul, comme jamais un grand favori du Tour de France ne s'était trouvé. Dès lors, selon une information dévoilée par l'Equipe, l'Espagnol a décidé de quitter la formation kazakhe malgré une offre mirobolante de quatre millions d'euros nets par an pour les quatre prochaines saisons. Car Astana souhaiterait plus que tout conserver son joyau malgré le retour à la compétition d'Alexandre Vinokourov. Mais l'argent n'est pas tout. Et Francisco Contador, le frère mais aussi le manager du champion de Pinto, a clairement exposé la position du Madrilène : "J'ai répondu que nous refusions et qu'Alberto ne faisait pas de son avenir une question d'argent. J'ai dit qu'Alberto avait vécu une saison éprouvante psychologiquement, qu'il fallait veiller à son futur avec tranquilité(...). Les choses sont trop compliquées actuellement pour pousuivre dans ces conditions. Il faut juste trouver une solution pour l'année de contrat qu'il reste à Alberto." Le départ de d'Alberto Contador acté par son frère, plusieurs options s'offrent désormais à lui.

La formation franco-espagnole a été la première piste évoquée pour accueillir la star Contador. La connivence entre les deux parties sur le Dauphiné Libéré n'a échappé à personne, Contador ayant couru quasiment en équipier de Valverde. A première vue, ce serait presque la destination la plus logique. Un retour au bercail, en quelque sorte. L'Espagnol serait entouré de beaucoup de compatriotes et après avoir été comme un étranger chez Astana, il serait le patron. Même la présence d'Alejandro Valverde n'est pas insurmontable. Le Murcien a laissé entendre qu'il ne provoquerait pas un climat à la Armstrong. Contador serait le leader sur le Tour, et Valverde sur les classiques ou la Vuelta. Reste un problème. Presque insurmontable. Caisse d'Epargne n'est pas assurée de poursuivre l'aventure dans le cyclisme professionnel au-delà de l'année 2010. Or Alberto Contador souhaite s'engager avec une équipe au moins à moyen terme et pas pour une seule saison. Eusebio Unzue, le manager de l'équipe ibérique, cherche donc instamment de nouvelles sources de financement, mais dans le contexte actuel, rien n'est simple. Rappelons par ailleurs que recruter Contador reviendrait à posséder deux des plus gros salaires du peloton, car Alejandro Valverde possède lui aussi des émoluments pour le moins conséquents. Quant à Contador, c'est quasiment deux millions d'euros par saison. Surtout après sa deuxième victoire dans le Tour...

Le peloton professionnel va compter de nouveaux maillots en 2010. Quoi de mieux pour une nouvelle équipe que de s'offrir le meilleur coureur du monde? Le 13 juillet, en plein Tour de France, la presse espagnole annonçait que Fernando Alonso, le pilot de Formule 1, envisageait de créer sa propre équipe cycliste. Elle pourrait être parrainée par l'un des sponsors actuels du pilote de Renault, la banque espagnole Santander, l'une des plus importantes du secteur en Europe. Alonso aurait déjà parlé à du projet à Contador lors du départ du Tour 2009, à Monaco. Le Madrilène serait intéressé d'y participer, car cette équipe serait véritablement conçue pour le double maillot jaune. Alfredo Saez, vice-président de la banque Santander, était aussi le principal dirigeant de la Banesto entre 1993 et 2002. La Banesto, autre banque espagnole, qui n'était autre que le sponsor de l'équipe du grand Miguel Indurain dans les années 90. Mais si Santander aurait à n'en pas douter les moyens de payer Contador à sa juste valeur, il est difficile de bâtir un effectif compétitif pour une course telle que le Tour de France à ce stade de la saison. Le projet d'Alonso arrive peut-être deux mois trop tard sur la table. Benjamin Noval, sans doute l'homme le plus proche de Contador chez Astana actuellement, a fait cet aveu au quotidien espagnol Marca: "Alberto est emballé par l'idée, mais pas pour l'année prochaine. Il préfèrerait courir dans une équipe déjà installée, immédiatement compétitive pour le Tour de France."

Alberto Contador souhaite donc privilégier une équipe déjà établie. Mais les formations ayant l'espace budgétaire suffisant pour s'offrir ses services se comptent sur les doigts d'une seule main. Et pour certaines d'entre elles, si l'aspect économique tient la route, c'est le sportif qui coince. Rabobank, par exemple. On voit mal l'Espagnol aller marcher sur les plates-bandes de Denis Menchov. Contador ne veut pas d'un autre coureur de grand Tour à ses côtés. La piste Katusha peut apparaitre crédible. L'équipe russe accomplit une première saison plutôt prometteuse sportivement, mais elle recherche encore un grand leader pour une course comme le Tour de France. Et financièrement, il y a du répondant.

Mais une autre rumeur fleurit ces derniers jours, particulièrement dans la presse espagnole. Elle mène vers Garmin. L'équipe américaine avait déjà pointé son nez au mois de mai quand Astana avait été menacée de banqueroute. Ses dirigeants d'étaient renseignés sur Contador. Ils n'ont pas abandonné l'idée de rafler le plus gros poisson du peloton. Jonathan Vaughters, le manager de Garmin, n'a eu de cesse de faire l'éloge de Contador pendant le Tour. Il fut aussi un de ses principaux soutiens quand Greg LeMond a mis en doute les performances du Madrilène à Pinto. Qui plus est, depuis l'annonce de la création d'une nouvelle équipe américaine, Radio Shack, menée par Lance Armstrong et Johan Bruyneel, les ennemis jurés de Contador, Garmin salive à l'idée de pouvoir aligner le vainqueur du Tour face à ce nouveau concurrent national. Un souci de taille, néanmoins. La présence de Christian Vandevelde et l'émergence de Bradley Wiggins. Seraient-ils prêts à mettre leurs ambitions personnelles au placard?