Boyer-Cofidis, le divorce

Cofidis change de tête. A quelques jours du départ du Tour de France 2012, la formation française a visiblement choisi de remettre les choses à plat au sein de son staff. Premier à en faire les frais, Eric Boyer. Selon le journal L'Equipe dans son édition de mardi, le manager aurait été limogé et remplacé avec effet immédiat par Yvon Sanquer, ancien directeur sportif de Festina et d'Astana, et qui s'était occupé cette année de la FDJ sur le Giro.

Des tensions étaient palpables entre Boyer et sa direction depuis quelques mois. Sans crier gare, le manager avait même quitté le Criterium du Dauphiné en cours de route. Des mésententes avec le sponsor et une pression du résultat pour ce que Boyer lui-même avait considéré comme "la pire saison depuis huit ans" avaient fini de pourrir l'entente. Le point de non-retour a sans doute été atteint la semaine passée lors d'un entretien entre Boyer et Thierry Vittu, directeur des ressources humaines de Cofidis, qui avait conduit à la mise à l'écart du manager pour les championnats de France de Saint-Amand-les-Eaux. Une première marche sur le chemin de la rupture.

De plus, les relations avec François Migraine, PDG de l'entreprise Cofids, étaient notoirement délicates et il semblait évident depuis quelques temps déjà que le divorce était proche, après avoir été maintes fois repoussé, et principalement lors de la dernière Vuelta. Cofidis a accepté de rempiler pour trois ans et de rallonger l'enveloppe du recrutement d'un million et demi, mais probablement avec des conditions. Parmi celles-ci, peut-être, le départ de Boyer.

Lundi matin, le nouvel entretien entre la direction et le Francilien se serait apparenté à un licenciement. Le communiqué qui a suivi ne concernait que l'annonce de l'équipe pour la Grande Boucle. Selon le quotidien sportif, Eric Boyer devrait donc céder son siège à Yvon Sanquer qui doit être officialisé mercredi et chapeautera la formation dès samedi prochain en Belgique. Employé comme pilote par le sponsor Skoda, Sanquer aurait annoncé son retrait à la marque française "pour raisons personnelles"...

Arrivé en 2005, Boyer avait notamment pour mission de redorer l'image de Cofidis après l'affaire de dopage de 2004 impliquant de nombreux coureurs dont David Millar ou encore Massimiliano Lelli. Sa gestion du cas Cristian Moreni sur le Tour de France 2007, ponctué d'un retrait de l'équipe malgré le dédouanement par le coureur, avait été soulignée. Il avait notamment contribué à la création du Mouvement pour un cyclisme crédible cette même année.

Mais si les valeurs de l'homme ont été reconnues, le manque de résultats de l'équipe sous son ère lui aura été fatal. Certes, Boyer a perdu de nombreux talents, faute de moyens, contraint de laisser filer ses jeunes pousses sur lesquels il comptait bâtir l'avenir de l'équipe. Le départ de Tony Gallopin vers RadioShack à l'intersaison avait notamment été mal accepté par la direction, comme les retours manqués de Sylvain Chavanel ou le transfert avorté de Thomas Voeckler l'année précédente. Boyer n'a pas été aidé cette saison par la blessure de Damien Monier, renversé par une voiture, ou encore la mononucléose de son leader Rein Taaramae.