Debrief du lundi: Le Tour

L.V. : Je pense que, dans quelques années, quand on évoquera ce Tour, il n'y a pas grand chose qui me viendra à l'esprit, si ce n'est le souvenir d'un certain ennui. Je garderai quand même la fraîcheur d'un Peter Sagan qui a donné un peu de vie à ce Tour. Pour moi, la star de l'édition 2012, c'est lui.

L.V. : Ce qui est certain, c'est que la situation aurait forcément été beaucoup plus tendue entre Wiggins et Froome, si celui-ci s'était trouvé à 35-40 secondes et non à deux minutes après le premier chrono. Les deux hommes auraient quasiment été sur un pied d'égalité au général et pour le staff de Sky, la situation aurait été explosive. Mais les crevaisons font partie du jeu. Donc la question ne s'est pas posée. Tant mieux pour Sky.

L.V. : Ce n'est pas Alberto Contador en tant qu'Alberto Contador qui a manqué. C'est un coureur, comme lui, possédant un réel instinct dans sa façon de courir, capable de sortir un peu des sentiers battus et déterminé à surprendre l'adversaire. En l'occurrence, je pense que, parmi les ténors des grands Tours, Contador est le seul, je dis bien le seul, à répondre à ces caractéristiques. Ce Tour n'aurait pas été le même avec lui, j'en suis convaincu, ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que Wiggins ne l'aurait pas gagné. Mais il aurait été beaucoup moins tranquille.

L.V. : Sa principale référence, c'était d'avoir terminé deuxième de la Vuelta l'an dernier. Une Vuelta qu'il aurait pu gagner si Sky avait misé sur lui un peu plus tôt. Il a fait ça à 26 ans, ce qui n'est quand même pas vieux. Ce n'est pas un coureur de 34 ans qui se met soudain à exploser.

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L.V. : En tout cas, il a tout pour être ces dix prochaines années un acteur majeur dans les grands Tours. Il roule très bien, il grimpe très bien. C'est quand même une excellente base. Après, comme pour tous les coureurs dans sa situation, il reste à voir s'il a l'étoffe d'un vrai leader. On a déjà vu des coureurs talentueux et complets ne pas assumer ce statut. Van Garderen, seul, porte la réponse en lui. On le saura bientôt mais je suis plutôt très optimiste à son endroit.

L.V. : Je ne crois pas que dopage = spectacle et plus de dopage = pas de spectacle. C'est un raccourci, que Wiggins a choisi de faire pour avancer le fait qu'il y aurait moins de dopage dans le peloton aujourd'hui qu'il y a 10 ou 15 ans. Mais prenez les Tours 2002 et 2003. Avec quasiment les mêmes acteurs, l'un a été soporifique, l'autre passionnant. On ne demande pas aux leaders de faire des raids de 200 kilomètres en montagne tous les jours. Mais entre cette extrémité et l'absence totale d'action, il y a peut-être un juste milieu, non?

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L.V. : Il ne faut peut-être pas pousser et je n'ai pas vécu assez de Tours pour vous répondre ! C'est un petit cru, mais il y en a eu d'autres. Rien que sur les trente dernières années, plusieurs me viennent à l'esprit. On ne peut pas avoir le Tour du siècle tous les ans.

L.V. : C'est un fantasme total. Les grandes lignes du Tour 2012 ont été pensées après le Tour 2010. Wiggins était alors très loin de compter parmi les personnages incontournables du Tour. Le Tour 2013 est quasiment bouclé. ASO ne va donc pas se dire "tiens, faisons un Tour anti Wiggins après l'avoir favorisé cette année". Pas plus qu'ils n'avaient fait un Tour 2012 pour que Wiggins puisse le gagner.

L.V. : Sagan n'a pas fini de nous surprendre mais voilà mon sentiment: très vite, il sera capable de gagner absolument tout, des grandes classiques aux courses par étapes d'une semaine. Tout, sauf les grands Tours. C'est une chose de passer correctement la montagne dans des échappées, c'est autre chose de franchir les cols avec les meilleurs tous les jours. J'ai du mal à l'imaginer en candidat au podium sur le Tour.

L.V. : Wiggins a fait ce qu'il avait besoin de faire pour gagner. Point barre. Le vainqueur a toujours, toujours raison. Si Wiggins a gagné le Tour, c'est qu'il a couru exactement comme il devait le faire dans le contexte de ce Tour 2012. La différence avec Evans l'an dernier, c'est que l'Australien avait eu à gérer une situation de crise dans l'étape du Galibier. Il avait été remarquable de panache ce jour-là, même si c'était dans une situation défensive. Mon regret, c'est de ne jamais avoir vu Wiggins en situation de crise comme ça. C'est un regret, pas un reproche, et c'est dû d'abord à la faiblesse de l'opposition.

L.V. : Ah, les médias... Mais que voulez-vous qu'on dise, Que c'est un tocard qui n'a aucun talent? Pinot vient de montrer qu'il avait beaucoup de classe, et qu'en plus il savait ce qu'il voulait. C'est ce qu'il fait, pas ce que les médias en disent, qui installe Pinot comme un coureur à suivre ces prochaines années. Dire que Pinot a du talent, du caractère et de l'avenir, ce n'est pas lui mettre la pression. C'est poser un constat objectif. Ce qu'il fera de cet avenir ne dépend pas des médias ou du public, mais de lui.