Afrique, Histoire, maillot jaune : Cavendish avait 1000 raisons de gagner à Utah Beach

Victoire, Cavendish et Tour de France sont des mots qui semblent faits pour être accolés. Le sprinteur de l'Ile de Man a remporté son 27e succès sur le Tour, revenant à une victoire de Bernard Hinault dans l'histoire de la compétition. Pourtant, celle-ci a un goût particulier. Cavendish obtient là le premier maillot jaune de sa carrière sur la Grande Boucle. Il devient ainsi le troisième coureur présent cette année sur le Tour à avoir porté le maillot de leader dans les trois grands Tours (avec Contador et Nibali). "Je voulais ce maillot! J'avais une seule possibilité, je ne pouvais pas échouer. […] Le maillot jaune, c'est emblématique. J'ai gagné beaucoup d'étapes, c'est vrai. Mais, là, j'éprouve une joie incroyable, une émotion fantastique!"

Le "Cav" a pu compter sur le travail de son équipe malgré le dernier kilomètre perturbé par une chute massive. "Toute l'équipe a bien travaillé pour ce résultat, même Boasson Hagen qui a été impliqué dans la chute du final." Il explique sa victoire grâce à sa science de la course, entre utilisation du vent et placement idoine. "Je pensais qu'on aurait le vent de dos et donc une arrivée très rapide. Mais le vent a un peu changé de direction dans les derniers kilomètres, il venait aussi de face. Je me suis mis dans la roue d'Edvald Boasson Hagen qui roulait très fort, puis j'ai préféré attendre dans la roue de Mark Renshaw avant de faire mon effort. J'ai eu un peu de chance que Sagan laisse un trou sur la droite et je m'y suis engouffré. J'y suis allé à fond et personne ne m'a dépassé."

Plus encore que le coup de pédale, Cavendish était aussi le plus fort mentalement dans ce sprint où il s'est montré plus costaud que Kittel, Sagan ou encore Greipel, auteurs de début de saison plus probants. Une motivation puisée dans ses racines et son respect pour les forces armées, un symbole pour une arrivée sur l'un des lieux de bataille les plus importants de la Libération de 1944.

Cavendish était ainsi un des premiers présents devant le monument aux morts de la deuxième Guerre Mondiale, sur lequel les coureurs et les organisateurs du Tour ont déposé une fleur. "Gagner ici, c'est l'opportunité de montrer tout le respect que j'ai pour les soldats qui sont morts, ces soldats qui se sont battus pour notre liberté en Europe de l'Ouest."

Avec son succès, Cavendish offre au Team Dimension Data son premier maillot jaune, une première pour une équipe africaine dans l'histoire du Tour. L'exploit ouvre un peu plus les frontières du cyclisme, une des motivations principales du sprinteur, très attaché aux valeurs de son équipe.

De bons sentiments qui ne cachent pas le caractère bien connu du Britannique, tête de lard invétérée, et auteur d'un coup de gueule sur le comportement d'une partie du peloton à son égard. Après deux éditions compliquées (abandon au terme de la première étape en 2014, 1 seule victoire d'étape en 2015), le sprinteur semble habité d'un certain esprit de revanche, attisé par les critiques de certains de ses collègues. "Il y a quelques mecs qui me détestent vraiment dans le peloton. C'est mon dixième Tour de France et depuis le début, j'ai la pression pour l'emporter. Je ne connais finalement que ça." Cela n'empêche pas Cavendish de gagner à nouveau et de prouver qu'il faut toujours compter sur lui parmi les meilleurs sprinteurs du plateau.